Intervention de Roxana Maracineanu

Réunion du 26 mai 2020 à 9h30
Questions orales — Violences sexuelles dans les sports de montagne

Roxana Maracineanu :

Monsieur le sénateur Pellevat, je souhaite tout d’abord vous remercier de votre question, qui vous honore. Elle interroge la capacité de la puissance publique, au niveau national comme au niveau local, à protéger nos enfants.

Cette question des violences faites aux enfants, nous nous la sommes beaucoup cachée collectivement. Depuis plus de dix-huit mois et mon arrivée au ministère, cette question des violences dans le sport, je ne l’ai pas évitée. La parole des victimes s’est libérée, et nous avons découvert des faits inacceptables.

Ces faits, je ne les accepte pas. Nous avons posé le sujet de manière ouverte et transparente comme jamais, nous l’avons fait en écoutant et en agissant. On m’a critiquée, comme si je me désolidarisais du mouvement sportif, dont je suis issue, comme s’il fallait défendre celui-ci comme un tout, d’un seul tenant.

Certes, mon rôle est de défendre le sport, car j’ai été sportive, j’ai été dirigeante bénévole et éducatrice sportive. Je connais les bienfaits du sport pour nos enfants en termes de santé et d’éducation. Le sport mérite d’être encore plus valorisé par notre société.

Je veux redire aux éducateurs et aux éducatrices qu’ils sont admirables, qu’on leur fait confiance. Néanmoins, face à ces crimes et à ces délits, j’ai pris mes responsabilités. J’ai réuni tout le mouvement sportif et mobilisé les associations spécialisées. Nous mettons désormais en place des dispositifs nouveaux, comme celui qui vise à contrôler l’honorabilité des bénévoles. Les victimes et les autorités ont dit ce qui ne se disait pas : nous avons créé une cellule de traitement spécifique renforcée qui travaille d’arrache-pied et a été saisie en quelques mois de plus de 150 affaires.

Nous avons sécurisé un circuit de traitement et d’information robuste dans les affaires qui font l’objet de plusieurs types de procédures : administratives, judiciaires, voire disciplinaires sportives. Cela vaut pour tous nos établissements, nos services centraux comme déconcentrés, nos fédérations et nos clubs. Tous les faits font l’objet d’un contrôle administratif. Tous les faits font l’objet d’un signalement au procureur de la République aux termes de l’article 40 du code de procédure pénale et tous peuvent amener à des procédures disciplinaires.

Aucun cas signalé n’est à l’abandon, cela vaut aussi pour les faits que vous mentionnez à l’École nationale des sports de montagne (ENSM). Le ministère s’est saisi des signalements dès le mois de février. Nous aurons connaissance prochainement des résultats des enquêtes en cours.

Notre ministère n’est plus aveugle, toute la chaîne des responsabilités est examinée, car cette chaîne, depuis des dizaines d’années, a fauté à tous les étages.

C’est pourquoi j’ai aussi missionné une inspectrice générale du ministère pour étudier la manière d’être encore plus efficace en réponse à la détresse des victimes. Elle nous fournira ses premières pistes de réponse en juin. Elles porteront sur le contrôle de l’honorabilité, la formation des éducateurs et la prévention au sein des établissements et des fédérations.

Vous me demandez, monsieur le sénateur, si nous pourrions faire mieux. Je vous le dis humblement : oui, probablement. Quoi qu’il en soit, les agents du ministère et moi-même sommes plus que jamais mobilisés. Si la parole se libère et si l’on parle de ces sujets en ce moment, c’est peut-être parce que les victimes, les sportives et les sportifs, se sont senties soutenues. Sachez que nous ne faiblirons pas.

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