Intervention de Jean-Yves Leconte

Commission des affaires européennes — Réunion du 18 mai 2020 à 14h40
Justice et affaires intérieures — Audition de M. Frédéric Billet ambassadeur de france en pologne en téléconférence

Photo de Jean-Yves LeconteJean-Yves Leconte :

Une remarque incidente : nous n'avons pas la même perception du risque que la Pologne et nous devons trouver le moyen de conjuguer ces perceptions afin que nous puissions répondre ensemble aux risques communs.

Sur la question sanitaire, je peux témoigner que les Polonais ont réagi dès la mi-février, avec des prises de température et la diffusion de formulaires de contact à l'arrivée à l'aéroport, ce que la France n'a jamais fait jusqu'à aujourd'hui. Je suis rentré en Pologne avec mon fils le 20 mars et j'ai reçu la visite de l'armée ou de la police tous les jours afin de vérifier que ce dernier se soumettait aux obligations de la quarantaine. C'était beaucoup plus intrusif qu'en France, mais les choses se sont passées de manière progressive, sans grand débat théorique. Il subsiste toutefois une grande inquiétude sur la situation sanitaire en Silésie.

Je partage votre point de vue au sujet des élections. Ce scénario est triste pour la Pologne, même au regard de l'histoire du PiS : malgré tout ce que nous avions pu dire jusqu'à présent, nous n'en étions jamais arrivés à cela. Le fait que l'on en sorte progressivement est un soulagement, mais il faut rester vigilant.

Si nous entendons soutenir l'idée européenne partout où elle suscite des tensions en Europe, il faut aider les militants les plus favorables à l'Europe : nous ne pouvons pas décevoir nos partisans quand l'État de droit est en danger. Aujourd'hui, en Pologne, la majorité du Parlement elle-même est convaincue que la justice est aux ordres ; si nous voulons défendre l'Europe, nous ne devons pas fermer les yeux et ne rien dire.

Certes, les élections sont relancées, mais le maire de Varsovie, s'il plaît peut-être dans les villes, n'obtiendra sans doute pas un grand soutien des campagnes. L'économie pèsera lourd dans cette élection. Le gouvernement n'a pas mis en place les mêmes amortisseurs qu'en France et le PiS pourrait perdre, en effet. Pourtant, même si le changement de candidat de la Plateforme citoyenne est favorable, la division entre villes et campagnes fera peut-être monter le candidat du PSL. Aux yeux des ruraux, le maire de Varsovie pourrait apparaître comme trop libéral.

En tout état de cause, ce qu'il faut dire, nous devons le dire clairement ; à défaut, nous décevrons ceux dont nous partageons les idéaux. De ce point de vue, nous avons bien fait d'adopter notre avis politique.

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