Intervention de Jean-Yves Le Drian

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 27 mai 2020 à 17h05
Audition de M. Jean-Yves Le drian ministre de l'europe et des affaires étrangères : point de situation internationale en téléconférence

Jean-Yves Le Drian, ministre :

Vaste éventail de questions ! Sur la lutte contre le coronavirus et la recherche d'un vaccin, ou d'un traitement, je crois avoir tout dit. Notre stratégie est à la fois française et européenne. Elle est mobilisatrice en termes de financement, et se déroule au sein de l'OMS. Dans ce cadre, les déclarations d'un responsable de Sanofi ont été démenties, et ce fut l'occasion de souligner la nécessité de considérer que les vaccins et les traitements doivent être considérés comme biens communs de l'humanité, et pris en compte ainsi par l'ensemble des pays. C'est le sens de la résolution prise à l'OMS au début de ce mois. Pour la mettre en oeuvre, il faudra des engagements précis des acteurs.

Je suis au courant de la situation de blocage de quelques-uns de nos compatriotes aux îles Fidji. Nous la suivons de près, et j'espère que nous trouverons une solution, même si ce n'est pas simple. Déjà, nous avons permis le retour de 186 000 de nos ressortissants. Il y a encore quelques cas isolés. Lorsqu'il s'agit de pays très lointains, que ces pays ont fermé leurs frontières, que les pays voisins ont aussi fermé leurs frontières et qu'il n'y a plus d'espace aérien ouvert, ce n'est pas simple ! Sur ce cas précis, nous n'avons pas encore la solution, mais je suis convaincu que nous pourrons la trouver, en relation avec des pays voisins. Au Vanuatu, je suis bien au courant de la situation et des prétentions chinoises. Nous veillerons à ce que les moyens nécessaires soient disponibles.

Le fait que les États-Unis aient renoncé au traité « ciel ouvert » est à la fois désolant et désarmant. Il s'agit du troisième accord de non-prolifération et de désarmement dont l'administration américaine annonce vouloir se retirer. Signé en 1992 à Helsinki, ce traité était entré en vigueur beaucoup plus tard, en 2002. Le prétexte de cette décision est que la Russie aurait eu une gestion un peu particulière de ses clauses, notamment au-dessus de l'enclave de Kaliningrad. Il ne me semble pas très solide, même s'il faut être vigilant sur l'application du traité, dont 35 États sont signataires. Nous analyserons avec nos partenaires européens l'impact du retrait des États-Unis. Pour l'instant, la Russie déclare ne pas vouloir se retirer. Les outils du multilatéralisme, et singulièrement ceux liés aux accords signés à la fin du siècle dernier sur le désarmement, sont en train de se défaire progressivement, avec le retrait d'un des partenaires, ce qui nous renvoie à notre propre responsabilité sur la sécurité européenne. La France, en tous cas, n'a pas l'intention de dénoncer cet accord. Le retrait américain est passé relativement inaperçu, alors qu'il est très regrettable, s'agissant de mesures de confiance mutuelle sur la sécurité du ciel.

Sur le Brésil, nous sommes préoccupés, parce que la gestion de la pandémie y est particulière. Je n'ai certes pas à prendre position sur la manière dont M. Bolsonaro estime devoir gérer cette crise, mais nous nous inquiétons de la hausse du nombre de victimes et de la rapidité de progression du virus. Il fut un temps où l'on comparait les gestions dites « démocratiques » de la crise et sa gestion dite « populiste ». J'observe que le président Trump vient de fermer ses frontières aux ressortissants brésiliens. Je soumets cette constatation à notre réflexion intellectuelle commune sur le meilleur moyen de mobiliser des mesures pour lutter contre la pandémie.

Rappelez-vous qu'en janvier, on disait que jamais les Français ne seraient capables de confiner plusieurs millions de personnes comme les Chinois le faisaient à Wuhan. Eh bien si ! Par la mobilisation commune, la transparence et le respect du droit : l'Assemblée nationale et le Sénat n'ont pas cessé de travailler, et la presse était libre. Bref, c'est à la fin de la crise qu'il faudra faire les comparaisons sur le système politique le plus efficace dans la lutte contre cette pandémie. En ce qui concerne le Brésil, nous avons une collaboration avec certains États fédérés pour les aider dans la lutte contre la pandémie, et nous apportons aussi notre soutien aux autorités sanitaires du pays. Nous sommes très vigilants, également, à l'égard de la Guyane.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion