Intervention de Olivier Véran

Commission des affaires sociales — Réunion du 10 juin 2020 à 16h15
Gestion de la crise sanitaire et « ségur de la santé » — Audition de M. Olivier Véran ministre des solidarités et de la santé

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

J'aime le débat, mon propos liminaire sera donc court. Je vous remercie de cette invitation et je vous demande de me pardonner le temps que j'ai mis à y répondre. Je suis venu au Sénat chaque semaine, mais pas devant votre commission, mais je sais que vous êtes restés actifs durant cette crise et que vous avez mené de nombreux travaux utiles.

Cette crise est inédite dans son ampleur comme dans ses enjeux ; l'épidémie de coronavirus aura été - même si l'on ne peut pas encore en parler au passé - une épreuve collective sans pareille pour toute génération qui n'a pas connu la guerre, mais le chômage de masse, la crise économique et les attentats. Cette situation est encore prégnante dans de nombreux territoires. Le personnel soignant a fait face, je tiens à lui rendre un hommage sincère et reconnaissant : la première ligne a résisté avec un courage et un dévouement exceptionnel. Beaucoup d'entre vous se sont impliqués en soutien aux maires et aux acteurs locaux, certains ont même repris la blouse pour aider les soignants. Vous avez poursuivi vos travaux dans des conditions difficiles, car la démocratie ne s'arrête jamais, et vous m'avez alerté sur les situations dans vos territoires. Vos communications et vos retours ont permis de faire évoluer les dispositifs, je pense en particulier à la mobilisation des laboratoires départementaux ou à l'association des établissements de santé privés.

Prendre des décisions dans ces circonstances n'est pas simple et toute la lumière devra être faite sur la façon dont les pouvoirs publics se sont mobilisés. C'est le sens des commissions d'enquête qui ont été mises en place et du travail que nous menons aujourd'hui. Ma priorité a toujours été la transparence, on a pu d'ailleurs me reprocher de trop en faire ; je ne sais pas si j'en ai trop fait mais je n'aurais pas voulu risquer d'en faire trop peu en la matière.

Nous aurions tort de ne pas tirer les leçons de cette période. La première est que le système de santé ne serait rien sans ceux qui le font vivre. Un Ségur de la santé - dispositif inédit - a été lancé et je souhaite ardemment qu'il aboutisse à des accords de la santé. Les soignants attendent un signe de reconnaissance depuis trop longtemps, ils l'obtiendront ; depuis trop longtemps, aussi, les logiques comptables ont pris le pas sur le soin. Reconnaître les soignants et placer le soin au coeur de notre système de santé, c'est cela qui est au coeur du Ségur. Il ne s'agit pas seulement des carrières, mais aussi des investissements, du lien entre la ville et l'hôpital, de la simplification et de la proximité : nous avons besoin que la ville, l'hôpital et le médico-social marchent ensemble au service des malades. Dans quelques semaines, les accords de la santé viendront conclure cet exercice et donneront des perspectives et des moyens à un système de santé dont la crise a mis en lumière les faiblesses, mais aussi les atouts extraordinaires.

D'autres sujets à l'agenda du ministère concernent l'autonomie et le grand âge. L'Assemblée nationale travaille en ce moment sur un texte qui porte la création d'une cinquième branche de la sécurité sociale, étendant son périmètre pour la première fois depuis 1945, qui fait suite à un engagement ancien et partagé, mais qui s'est révélé difficile à tenir jusqu'à maintenant.

J'ai souhaité que les parlementaires aient toute leur place dans le Ségur et nous avons organisé des séances en salle Laroque - un des pères fondateurs de la sécurité sociale - auxquelles ils peuvent se rendre. Deux séances ont déjà eu lieu, une centaine de parlementaires y a participé, vous y serez les bienvenus.

Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions, tout en sachant que les commissions d'enquête de l'Assemblée nationale puis du Sénat porteront sur un bilan qui s'étendra au-delà de mon propre ministère. Vous comprendrez que je leur réserve certaines réponses, et en outre, que je me refuse à parler de mes prédécesseurs.

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