Intervention de Laurence Cohen

Commission des affaires sociales — Réunion du 10 juin 2020 à 16h15
Gestion de la crise sanitaire et « ségur de la santé » — Audition de M. Olivier Véran ministre des solidarités et de la santé

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

J'ai été saisie, comme beaucoup de parlementaires au sujet du matériel de protection en général - masques, mais aussi surblouses - qui a manqué aux soignants dans les établissements de santé. Cela pose la question de leur production.

Vous avez souhaité organiser un Ségur pour répondre à la situation de l'hôpital et de notre système de santé en général. Cela suscite beaucoup d'attentes, parce que la pandémie du Covid n'a fait que révéler et accentuer la profondeur d'une crise déjà connue. Le terme de Ségur fait référence, me semble-t-il, aux accords de Grenelle ; or vous savez pertinemment que, en 1968, ces accords avaient abouti notamment à une importante augmentation du SMIC. Vous savez également qu'une des revendications fortes du personnel est précisément l'augmentation des salaires et que, si les primes permettent d'améliorer le quotidien des familles, ce n'est pas ce qu'il demande. Avez-vous le projet de revaloriser les salaires ?

Cette revendication va de pair avec une demande très forte d'embauches. Ce point suscite une grande inquiétude. Vous le savez pour l'avoir vécu, certains syndicalistes sont partis en claquant la porte. Ceux qui continuent à travailler avec vous témoignent d'une certaine impatience. J'aimerais donc avoir un peu plus d'éléments concrets là-dessus, d'autant que je ne vous le cache pas, ce matin, notre commission a examiné une proposition de loi sur le don de jours de réduction du temps de travail (RTT) qui ne suscite pas un très grand engouement de la part des intéressés - le mot est faible. Notre groupe l'a donc rejeté et il va y avoir un grand mouvement le 16 juin.

Nous avons souffert pendant cette crise, plus encore que d'habitude, de pénuries de médicaments. Nous avons eu un échange en séance publique et vous aviez semblé intéressé par la proposition d'un pôle public du médicament que soutient depuis longtemps le groupe CRCE. Même si nous ne sommes pas à Noël, rien n'empêche de le souhaiter : avez-vous avancé sur cette question ? Que pensez-vous de la création d'un Conseil national du médicament et des produits médicaux qui déterminerait démocratiquement les besoins prioritaires en matière de santé ? Avec Marisol Touraine puis avec Agnès Buzyn, nous avions évoqué le fait que, pour parvenir à créer ce pôle public, il faudrait s'appuyer sur la pharmacie des armées et sur la pharmacie centrale de l'AP-HP.

J'ai été interpellée dans mon département du Val-de-Marne par des personnes travaillant dans des Ehpad qui étaient assez désorientées parce qu'un certain nombre d'entre elles - comme vous l'avez souligné, la plupart sont des femmes - n'avaient pas reçu cette prime et que le délégué de l'agence régionale de santé (ARS) dans le Val-de-Marne leur avait dit qu'il fallait s'adresser au département, alors que cela n'en relève pas. Que devons-nous faire lorsqu'on est témoin du fait que cette prime n'est pas attribuée ? Si chacun vous interpelle en direct, vous risquez d'être submergé !

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