Intervention de Fabien Gay

Réunion du 16 juin 2020 à 9h30
Questions orales — Création du terminal 4 de l'aéroport de roissy

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Madame la secrétaire d’État, le groupe Aéroports de Paris (ADP) mène un projet d’ampleur avec la réalisation d’un quatrième terminal au sein de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. L’objectif est de passer de 100 à 130 millions de passagers par an.

Ce projet suscite de l’inquiétude chez les habitants comme chez les élus. Ces derniers se sont regroupés en un collectif créé par Eugénie Ponthier, maire adjointe d’Épinay-sur-Seine. En janvier dernier, 104 élus de tous bords politiques ont adressé un courrier au Président de la République pour l’alerter sur les dangers de l’extension de l’aéroport.

Si ADP a annoncé un report de la consultation publique à l’automne 2020, il n’a pas donné de date précise à ce jour ; or il est essentiel que cette consultation ait lieu, car les citoyens, notamment les riverains de l’aéroport, directement touchés, doivent pouvoir s’exprimer sur ce projet.

Beaucoup de questions méritent d’être soulevées. D’une part, le chiffre de 40 000 créations d’emplois n’a pas été vérifié et nombre d’experts considèrent qu’il est surestimé. D’autre part, 1, 4 million de Franciliens subissent déjà les nuisances sonores et la pollution liées à l’aéroport, qu’une telle extension ne peut qu’accentuer.

Ce type de projet a un impact considérable sur l’environnement et sur le climat. Le terminal 4 entraînerait une augmentation de 40 % du trafic aérien, soit plus de 500 vols journaliers supplémentaires, couplée à une densification prévue des terminaux existants.

Le chiffrage des émissions de CO2 annoncé par ADP ne prend en compte que les phases de roulage, de décollage et d’atterrissage. Mais les avions effectuent aussi des trajets dont la France est pour partie responsable. Le Haut Conseil pour le climat préconise de les prendre en compte dans notre objectif de neutralité carbone. En incluant la moitié des trajets, 15 millions de tonnes d’équivalent CO2 s’ajouteraient aux émissions annuelles de la France d’ici à 2037.

Bien sûr, il faudrait également inclure les augmentations de trafic routier pour accéder à l’aéroport par l’A1 et l’A3, déjà surchargées.

Enfin, ce projet n’est évidemment pas sans lien avec la volonté de privatiser ADP et de réaliser le Charles-de-Gaulle Express pour quelque 20 000 usagers journaliers, alors que les transports du quotidien, comme le RER B, souffrent de sous-investissement.

Le trafic aérien a subi un choc massif avec la pandémie de Covid-19. Nous avons là une occasion de repenser notre modèle de consommation et de production. Saisissons-la !

Madame la secrétaire d’État, l’urgence environnementale est là : allez-vous vous opposer à ce projet nocif ?

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