Monsieur le ministre, je tiens à évoquer la situation préoccupante des bouquinistes à Paris.
Descendants des colporteurs ambulants de l’Ancien Régime, les bouquinistes ont connu une histoire mouvementée, intimement liée à l’histoire de Paris. Ces férus de littérature et de beaux ouvrages, âgés de 20 à 90 ans, sont les gardiens et les promoteurs de notre culture française.
Anatole France les surnommait « les braves marchands d’esprit ». Avec leurs 300 000 bouquins et leurs 900 boîtes vert wagon, ils nous invitent aujourd’hui à parcourir quatre kilomètres de livres anciens ou contemporains, de gravures, de timbres et de revues. Emblèmes du Paris historique, ils participent au charme des bords de Seine : ils constituent une animation touristique, une attraction culturelle, un patrimoine littéraire et historique unique qu’il faut bien sûr préserver.
Sur l’initiative de l’association culturelle des bouquinistes de Paris, laquelle regroupe près de 80 % de ces professionnels, et des maires des Ve et VIe arrondissements, Florence Berthout et Jean-Pierre Lecoq, ces 227 petites librairies à ciel ouvert ont fait leur entrée en février 2019 au patrimoine culturel immatériel français : c’est un premier pas vers le classement au patrimoine mondial de l’Unesco.
Déjà pénalisée par les gilets jaunes, puis par les grèves des transports, la profession a une nouvelle fois été durement touchée par la crise sanitaire. Il serait malheureux que ces libraires de la Seine disparaissent, alors que bien des villes dans le monde, telles Tokyo, Montréal ou Pékin, se sont inspirées de ce modèle.
Monsieur le ministre, envisagez-vous un plan de sauvegarde – j’emploie ce terme à dessein, en référence au patrimoine immatériel de l’Unesco – pour préserver cette profession ?