Madame la garde des sceaux, grâce à une baisse sans précédent de la population carcérale, opérée par voie d’ordonnance, la vie au sein de nos prisons reprend cahin-caha son cours normal.
Mon collègue François-Noël Buffet et moi-même avons constaté, au fil des auditions et des déplacements inhérents à notre mission de suivi des lieux de privation de liberté, que l’épreuve du confinement a révélé des failles au sein de certaines prisons.
Au centre pénitentiaire de Gradignan, en Gironde, les projections de téléphones, d’armes blanches ou de boulettes de stupéfiants dans les cours intérieures de l’établissement par des individus de l’extérieur ont connu une activité intense pendant le confinement, comme à l’accoutumée malheureusement.
Aux alentours de la prison, ces canaux d’alimentation représentent un véritable trouble à l’ordre public et à la sécurité des riverains. À l’intérieur, ces trafics suscitent des comportements qui mettent en danger tant le personnel pénitentiaire que les détenus. Pour se tenir éloignés de ces trafics, certains d’entre eux refusent même la promenade quotidienne.
Des prévenus sont sous l’emprise de la drogue : j’ai pu le constater dernièrement, en exerçant mon droit de visite.
Pourtant, il suffirait de peu pour réguler cette situation : une équipe pénitentiaire spécialisée, avec port d’arme, autorisée à intervenir aux abords de la prison et une volonté affirmée de la part de la direction.
Justement, la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice permet la mise en place de ces équipes de sécurité aux abords immédiats des établissements. Ainsi, le centre pénitentiaire de Fresnes a entrepris la formation de ses agents avant le confinement sanitaire et la reprend avec le déconfinement. Mais, quant à elle, la prison de Gradignan n’envisage aucune création d’unité dédiée pour la surveillance des abords de ses murs avant 2022, au mieux.
Votre ministère peut-il inciter un directeur de prison à ériger en priorité la création d’une équipe spécialisée de surveillance pénitentiaire au sein de son établissement ? Pouvez-vous venir constater par vous-même la prégnance de ces trafics dans la prison de Gradignan et entendre les représentants du personnel et le maire de la ville afin de prendre les mesures qui s’imposent ? L’attente est forte !