Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 mars 2020 à 18h00
Conflit israélo-palestinien — Audition de M. Jean-Yves Le drian ministre de l'europe et des affaires étrangères

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Monsieur le ministre, avant d'en venir au sujet du jour, je voudrais tout d'abord saluer la réaction ferme du Gouvernement à la suite des propos intolérables que nous avons entendus ici même de la part de l'ambassadeur du Mali. Il a d'ailleurs quitté son poste le soir même, ou le lendemain, rappelé par son gouvernement. Et dans la nuit, le président Keïta a mandaté son ministre des affaires étrangères, que vous avez reçu, monsieur le ministre, pour vous dire quel point il était navré.

Cet incident nous donne l'occasion de clarifier et de consolider les relations entre nos deux pays. C'est ce que j'ai eu l'occasion de dire à votre homologie malien lorsque le président Larcher l'a reçu au Sénat, il y a quelques jours. J'ai d'ailleurs proposé au ministre de venir devant notre commission, ce qu'il a accepté. Nous aurons donc prochainement l'occasion de reprendre ce dossier, dans de meilleures conditions.

J'en viens maintenant au sujet de votre audition : la situation du conflit israélo-palestinien. Nous vous remercions d'avoir accepté de consacrer cette audition à ce sujet majeur, car nous sommes sans doute à un tournant de ce conflit.

D'une part, le plan américain, vendu comme le « deal du siècle », ressemble, en réalité, plus à un acte de décès du processus d'Oslo dressé par les Américains. En effet, en pleine contravention au droit international et à toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le sujet, ce plan abandonne les paramètres agréés découlant d'Oslo et de Madrid, à savoir une solution à deux États sur la base des lignes du 4 juin 1967, ayant chacun une partie de Jérusalem comme capitale. Dans le plan américain, il n'y a plus de partie palestinienne de Jérusalem, et l'annexion d'une partie de la Cisjordanie est légitimée.

D'autre part, les Israéliens ont voté hier, pour la troisième fois en un an. Vous nous direz peut-être votre première analyse du résultat de ces élections. La situation politique israélienne pose une double question. D'abord, où va la solution à deux États, que la France soutient encore, si les Israéliens n'en veulent pas ? Ensuite, la France entend-elle faire entendre sa voix sur les questions qui ont alimenté la campagne électorale israélienne, notamment sur la question de l'annexion d'une partie de la vallée du Jourdain ou sur la relance de la colonisation à Jérusalem-Est - Har Homa, Givat Hamatos - et en zone dite « E1 » ?

Ces colonies n'ont pas été choisies au hasard : elles comptent parmi les collectivités les plus sensibles pour la viabilité de la solution à deux États. Concernant la zone « E1 », dont la colonisation aboutirait à couper en deux la Cisjordanie et à isoler Jérusalem-Est, de précédentes annonces israéliennes avaient jadis suscité une réaction forte et coordonnée de plusieurs pays européens ; qu'en est-il aujourd'hui ? Quelle est la position de la France, alors que Benjamin Netanyahou ressort renforcé par le résultat de l'élection ?

C'est parce que nous sentons bien que ce conflit entre dans une nouvelle phase critique que le bureau de la commission a souhaité y consacrer, comme vous le savez, une mission d'information qui devrait se rendre en Israël et dans les Territoires palestiniens au mois de juin. Nous pensons que, malgré la difficulté et la sensibilité de ce dossier, il est important que la France et les pays européens s'expriment avec clarté, pour continuer à favoriser le dialogue et la paix.

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