Avec d'autres sénateurs, j'avais souhaité cette audition dès le lendemain de l'annonce du plan Trump, en raison du premier communiqué de presse français extrêmement timide. Je vous remercie de votre caractérisation de ce plan, qui est inacceptable pour les Palestiniens. Selon celui-ci, personne ne pourrait circuler, travailler dans ces territoires, où l'on pourrait difficilement se soigner. C'est la négation de l'idée d'État, et c'est inacceptable pour le droit international et inquiétant pour la paix dans la région. Il laisse le conflit en l'état et des centaines de milliers de Palestiniens, dans les pays voisins, privés d'un droit au retour. Ce serait aussi très inquiétant pour l'avenir d'Israël : entre la loi israélienne sur l'État-Nation du peuple juif et le plan Trump, nous assistons à l'installation d'un État ouvertement discriminatoire.
Je ne suis pas satisfait des initiatives que vous comptez prendre. Notre silence depuis l'annonce du plan Trump a contribué au résultat des législatives d'hier soir. À force de banaliser ce type d'annonces électorales qui valait soutien ouvert des États-Unis à Benjamin Netanyahou, nous avons favorisé sa victoire. Une condamnation internationale aurait dû s'exprimer avec force. Nous sommes dans une impasse totale : aucune solution de paix n'est possible dans un dialogue entre Israéliens et Palestiniens, et on ne peut pas compter sur la médiation américaine - ils n'ont aucune raison de changer.
La seule solution serait de relancer une initiative internationale dans laquelle la France, l'Union européenne et les Nations Unies doivent prendre la main. Sinon, il n'y aura aucune évolution possible sur le terrain. Certes, on ne peut décréter une initiative internationale immédiate d'un coup de baguette magique, mais le fait même de ne pas dire qu'il en faut une le plus rapidement possible, de ne pas prendre des initiatives, même petites, c'est continuer à banaliser cette situation.
Quelles initiatives prévoyez-vous, pour quel projet, avec qui ? Sinon, même si nous sommes favorables aux paramètres agréés, c'est continuer d'entériner une situation humanitaire insupportable, et une catastrophe quant au respect du droit international. À l'ONU, certains pays arabes ne sont pas pressés. Ainsi, l'Arabie saoudite et le Maroc sont très conciliants avec le plan américain, alors que le Maroc n'est pas très respectueux du droit international au Sahara occidental... Qu'attendons-nous pour mobiliser des forces, comme le Haut Représentant de l'Union européenne, l'ONU ? Sinon, nous acceptons de facto la situation.