Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 4 mars 2020 à 10h30
Sahel — Audition du colonel michel goya auteur du blog « la voix de l'epée » de M. Mathieu Pellerin chercheur spécialiste du sahel international crisis group et du dr yvan guichaoua enseignant-chercheur à brussels school of international studies université du kent

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Nous poursuivons notre travail sur l'opération Barkhane et la situation au Sahel en accueillant trois personnalités d'horizons différents, qui vont nous livrer en toute liberté leur analyse. Colonel Michel Goya, ancien des troupes de marine, vous êtes ici en votre qualité d'enseignant et d'auteur de nombreux ouvrages, spécialisés dans l'histoire militaire et l'analyse des conflits ; Yvan Guichaoua, vous êtes chercheur à l'Université du Kent et spécialiste du Sahel ; et Mathieu Pellerin, vous êtes chercheur spécialiste du Sahel notamment à l'Institut français des relations internationales (IFRI) et à l'International Crisis Group.

Chacun sait combien la France est engagée pour la sécurité du Sahel, avec l'opération Barkhane qui comptera bientôt 5 100 hommes. Nos armées ont payé un lourd tribut à la stabilisation du Sahel avec quarante-cinq morts depuis 2013, si l'on agrège les opérations Serval et Barkhane. Je souhaiterais une fois de plus leur rendre hommage, ainsi qu'à leurs frères d'armes des pays du Sahel tombés dans ce combat, sans oublier les nombreux civils victimes des terroristes.

Ce cycle d'auditions vise d'abord à mieux comprendre le contexte dans lequel se déroule l'opération Barkhane.

Mathieu Pellerin, vous pourrez nous éclairer sur la nature des ennemis que nos soldats affrontent, sur leurs origines, leurs modes d'action et leur degré d'enracinement local. Faut-il distinguer les différents groupes contre lesquels nous combattons en fonction de leur idéologie, de leur agenda local ou international ?

La question de la stabilisation du Sahel est également éminemment politique et sociale. Yvan Guichaoua nous éclairera sur les racines profondes, politiques et sociales, des troubles et des affrontements. Les processus en cours afin de tenter d'y mettre fin, je pense notamment aux accords d'Alger - à supposer qu'ils soient menés à leur terme - constituent-ils une réponse adéquate ? Nous pouvons aussi nous demander si certains pays du G5 ne luttent pas plus efficacement que d'autres contre les racines du mal, par la meilleure inclusion de certaines de leurs populations - deux exemples sont parfois cités, la Mauritanie et le Niger, est-ce justifié ? Ce sera également l'occasion d'aborder la question des manifestations anti-françaises, très nombreuses l'année dernière : quelle est leur cause et comment les combattre ? L'ambassadeur du Mali, qui a tenu des propos irrecevables à ce sujet la semaine dernière devant notre commission, vient d'être rappelé par son pays. Le ministre des affaires étrangères du Mali est venu en personne au Sénat et interviendra prochainement devant notre commission pour rappeler le soutien et la reconnaissance que le Mali souhaite manifester à nos troupes.

Peut-être pouvons-nous commencer par la question militaire : les opérations Serval puis Barkhane ont-elles eu l'effet militaire escompté jusqu'à présent ? Comment expliquer qu'après tant de succès tactiques le problème demeure, sept ans après le début de Serval ? Quel résultat espérer des décisions prises au sommet de Pau en janvier dernier, concernant l'envoi de renfort, la création d'une nouvelle coalition et la décision de lancer une force spéciale internationale ? Michel Goya va commencer par nous livrer son analyse sur cet enjeu d'efficacité militaire. Au fond, Colonel, une réponse militaire peut-elle résoudre une question politique ? Ne demande-t-on pas l'impossible à nos militaires ?

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