Intervention de Catherine Deroche

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Statut de citoyen sauveteur — Adoption définitive en deuxième lecture d'une proposition de loi dans le texte de la commission

Photo de Catherine DerocheCatherine Deroche :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, selon la Fédération française de cardiologie, sans prise en charge immédiate, plus de 90 % des arrêts cardiaques sont fatals. Leur prise en charge a été systématisée par une chaîne de survie. Après un arrêt cardiaque, chaque minute compte et la réalisation de gestes le plus tôt possible permet d'augmenter au maximum les chances de survie de la victime.

La première étape consiste à appeler les secours ; la deuxième, à pratiquer un massage cardiaque ; la troisième, à faire usage d'un défibrillateur ; la quatrième, à prodiguer des soins spécialisés à la victime jusqu'à la reprise de respiration ou à l'arrivée des secours.

La proposition de loi qui est soumise à notre examen aujourd'hui a été adoptée en deuxième lecture par l'Assemblée nationale. Elle s'organise autour de trois axes : créer un statut de citoyen sauveteur, pour identifier et protéger celui qui porte secours aux victimes ; mieux sensibiliser la population aux gestes qui sauvent ; clarifier l'organisation des différentes sensibilisations et formations aux premiers secours.

Sept fois sur dix, les arrêts cardiaques surviennent devant témoins, mais seulement 40 % de ceux-ci accomplissent les gestes de premiers secours. La conséquence en est que, en France, le taux de survie à un arrêt cardiaque ne dépasse pas les 8 %, alors qu'il est de quatre à cinq fois plus élevé dans les pays où les lieux publics sont équipés en défibrillateurs automatisés externes et où la population est formée aux gestes qui sauvent. Chaque minute qui passe avant l'arrivée des secours, c'est 10 % de chances de survie en moins.

Les premiers secours, c'est à la fois une formation, des acteurs, du matériel et des modalités.

À ce titre, je souhaite mentionner l'initiative qui nous a été présentée dès 2018 par notre collègue Annie Delmont-Koropoulis. Il s'agit de l'application « SAUV Life », qui permet de sauver des vies en créant une communauté de citoyens sauveteurs. Elle a été lancée par l'association SAUV et le SAMU. Le SAMU peut déclencher l'application lorsque les secours reçoivent un appel pour une personne en détresse. Les « citoyens sauveteurs » ayant téléchargé l'application et qui se trouvent à dix minutes à pied du lieu de l'accident sont géolocalisés et envoyés sur le site. L'application transmet les informations GPS nécessaires pour les diriger. Ils sont suivis en direct par le SAMU, qui peut leur donner des conseils téléphoniques sur les gestes qui sauvent, au besoin par visioconférence. Comme le précise le docteur Lionel Lamhaut, médecin au SAMU de Paris et cofondateur de l'application, ce sont près de 350 000 citoyens sauveteurs répartis sur l'ensemble du territoire qui sont inscrits sur cette application et plus de quatre-vingt-cinq cœurs qui ont ainsi pu repartir.

Je souhaite ajouter quelques mots à propos de la crise de la Covid-19. Afin d'éviter un effondrement du système de santé pendant le pic de l'épidémie, le Plan blanc a été déclenché sur l'intégralité du territoire, ce qui a notamment conduit à l'annulation de soins et d'interventions programmés et au report de consultations jugées non essentielles. De nombreux Français souffrant de maladies chroniques, dont des pathologies cardiaques structurelles, ont ainsi reporté des soins pourtant nécessaires et hésitent encore à se rendre chez leur médecin ou à l'hôpital. Or, au regard de la Covid-19, ces personnes concentrent les facteurs de risque, en raison de leur âge et de l'impact du virus sur l'appareil cardiovasculaire. Comme l'ont souligné de nombreux professionnels de santé, si les soins et les interventions, en particulier en chirurgie cardiaque, ne reprennent pas rapidement, nous allons vers une seconde catastrophe sanitaire. Il est donc urgent d'accélérer le plus possible la reprise des soins, afin d'éviter notamment des arrêts cardiaques.

Madame Troendlé, je tiens à vous remercier de la qualité de votre rapport. En première lecture, vous aviez, après une analyse juridique scrupuleuse, préconisé la suppression de sept articles parmi les douze présentés initialement. La démarche de la commission des lois du Sénat a été comprise par nos collègues députés, qui ont conservé la majeure partie des modifications que nous avions apportées. Le groupe Les Républicains votera le texte conforme. §

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