Je connais effectivement bien ces personnes, pour les avoir rencontrées. Les discussions avec elles reposent sur une volonté de négocier et de ne pas dramatiser la situation. Je considère qu'il n'est pas possible de parler d'islam de France au vu des événements survenus en Algérie et ailleurs. Nous savons que la radicalisation existe et qu'elle progresse. Mon discours, et celui d'autres personnes, n'est pas rassurant, mais s'appuie sur la réalité. Les personnes qui revendiquent un islam de France embellissent la situation. Il s'agit non pas d'éducateurs mais de religieux. Leur réponse n'apparaît dès lors pas dramatisante. Tareq Oubrou, par exemple, a un discours politisé.
J'ai rencontré Emmanuel Macron avant son élection à la présidence de la République et lui ai parlé de la situation des quartiers. J'ai eu le sentiment que nous ne vivions pas dans le même pays. Nous n'avons pas à parler d'islam de France, mais de la République, de l'école et de notre jeunesse. Nous négocions actuellement avec ces personnes. J'ai également travaillé avec Mohammed Chirani, ancien délégué du préfet et qui avait créé une association « Parlez-moi d'islam ». Si l'islam n'est pas problématique, comment expliquer qu'en Algérie, les jeunes filles qui ne portaient pas le foulard ont vu leur visage brûlé à l'acide ? Comment expliquer ce que nous avons vécu en France ? La radicalisation ne sera pas vaincue en négociant et en acceptant l'islam de France. Nous nous ferons alors d'autres ennemis, notamment l'extrême-droite.