Intervention de Michel Vaspart

Délégation aux entreprises — Réunion du 1er juillet 2020 à 16h35
Audition de Mme Agnès Pannier-runacher secrétaire d'état sur le plan de relance du gouvernement

Photo de Michel VaspartMichel Vaspart :

Nous avons présenté ce matin en commission un rapport sur la performance et la gouvernance des grands ports français, et leurs conséquences. Cette mission de six mois a mis au jour quelques mauvaises surprises. Déjà avant l'épidémie de la Covid-19, les ports français étaient dépassés par un certain nombre de ports du nord, mais aussi méditerranéens, rachetés pour certains par des entreprises chinoises. Cela signifie de l'activité en moins pour les ports français ou, en tout cas, pas suffisamment de progression dans leur activité. Pour prendre l'exemple des conteneurs, nous estimons dans notre rapport qu'il nous manque en France, en création d'emplois, entre 30 et 70 000 emplois, par rapport à ce qu'ont pu faire les ports du nord en matière de développement du conteneur. La transition écologique est dans toutes les bouches aujourd'hui, et tant mieux. Mais nous devons nous donner les moyens de cette transition : les grands ports français aujourd'hui ont un sérieux problème en matière d'intermodalité, qu'il s'agisse du fer ou du fluvial. Dites-vous bien qu'à Rouen, premier port céréalier français, sont acheminés des céréales qui viennent de la campagne et qui sont stockés dans des silos, ceux-là sont desservis par ce que le Réseau ferré de France appelle des « capillaires ». Ils sont en si mauvais état qu'on envisage aujourd'hui de transférer les transports qui se font actuellement en fer, sur la route ! Comment parler de transition énergétique quand nous avons des exemples de ce type ? Il faut donc des moyens supplémentaires, moyens que nous avons essayé d'estimer dans ce rapport afin de redonner de la performance à nos grands ports français, et donc à l'industrie en général et aux entreprises. Je terminerai mon propos en exprimant une crainte fondée sur la présence chinoise, à bas bruit, partout. Des ports sont rachetés, ainsi que des terminaux entiers. Nous avons la chance en France d'avoir le troisième armateur mondial de marchandises, avec un risque stratégique et souverain de voir passer cet armateur dans d'autres mains. Le ministère doit en être conscient et ne pas laisser faire ; c'est un risque dont mes collègues et moi avons l'intime conviction suite à ce rapport de mission.

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