Intervention de Salomé Berlioux

Mission d'information Illectronisme et inclusion numérique — Réunion du 29 juin 2020 : 1ère réunion
Audition de Mme Salomé Berlioux présidente de l'association chemins d'avenirs auteure du rapport remis au ministre de l'éducation nationale « mission orientation et égalité des chances dans la france des zones rurales et des petites villes : restaurer la promesse républicaine »

Salomé Berlioux, présidente de l'association Chemins d'avenirs :

Je me heurte aux mêmes obstacles : en matière de numérique, on est confronté assez rapidement à la question des infrastructures.

S'agissant les jeunes, la réponse passe d'abord par la nécessaire implication des familles, qu'il faut mettre dans la boucle pour assurer le prolongement à la maison de l'ouverture au numérique enseignée dans les collèges et lycées. Il faut permettre aux jeunes d'avoir de l'ambition au sens large : pouvoir aller au bout de leur potentiel. Avec les chefs d'établissement de l'académie de Dijon, avec lesquels j'ai eu une réunion pédagogique la semaine dernière, nous avons fait le constat que certains moments étaient plus propices que d'autres pour faire passer des messages aux familles. Je pense notamment au début de l'année scolaire, lorsque les familles reçoivent un soutien financier des pouvoirs publics. Les établissements pourraient envoyer un courrier pour souligner l'importance pour les lycéens de l'utilisation du numérique, en mentionnant ce qu'ils proposent et en suggérant aux parents d'accompagner le mouvement. L'éducation nationale ne doit pas être la seule à se battre au quotidien sur ces questions.

S'agissant des partenariats et du maillage territorial, on constate que, dans les métropoles et certains quartiers prioritaires, l'offre associative est dense et les acteurs publics et privés mobilisés. Pour les territoires où le contexte est moins propice, nous n'avons pas trouvé mieux que de créer un écosystème de réussite pour les jeunes. Les partenariats peuvent se faire entre une association, une collectivité territoriale - la commune, le département ou la région en fonction du thème -, des acteurs économiques locaux et nationaux. Dans le cadre des actions de Chemins d'avenirs, nos partenaires sont notamment EDF, Michelin, Vinci, La Poste, la SNCF, qui ont une présence forte sur le terrain et des collaborateurs partout en France.

L'école, les familles, les collectivités locales, les entreprises locales et nationales et les associations oeuvrant au profit des jeunes : chaque interlocuteur ou structure dispose, à son niveau, d'un levier d'action, même modeste : outils de sensibilisation au numérique, soutien financier, stages, formations thématiques au sein des établissements, ateliers d'empowerment... La solution est dans cette logique de coconstruction avec les acteurs de terrain.

Dans cette stratégie tournée vers les jeunes, il faut sans cesse aller du plus court au plus long terme.

À très court terme, comment faire pour qu'un collégien, un lycéen, maîtrise les bases du numérique, par exemple pour faire ses voeux sur Parcoursup, se connecter pour un entretien sur Skype, envoyer un mail de sollicitation pour un stage, faire un curriculum vitae ?

À plus long terme, avant qu'une jeune fille d'un foyer modeste d'un territoire rural entende parler des métiers du numérique et qu'elle se sente autorisée à prétendre à de tels emplois, il y a un certain nombre d'obstacles à surmonter. Il faut une démarche proactive, avec des acteurs engagés sur le sujet, car il n'y aura pas de « ruissellement » vers les territoires.

Il faut agir le plus tôt possible. Une fois qu'un fils d'agriculteur de la Nièvre découvre sur internet, parce qu'on lui a appris à s'en servir, le métier de chef cuisinier ou d'ingénieur, il va se trouver confronté à d'autres obstacles, notamment en termes de mobilité et d'autocensure. Quand nous avons réfléchi avec nos premiers établissements partenaires à la création de Chemins d'avenirs en 2016, nous nous sommes demandés si nous devions intervenir uniquement dans les lycées, en première et terminale, au moment de l'orientation, mais nous avons décidé d'intervenir dès la quatrième et la troisième parce que les décrochages et les tournants décisifs se font dès cet âge.

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