Intervention de Delphine Bonjour

Mission d'information Illectronisme et inclusion numérique — Réunion du 17 juin 2020 : 1ère réunion
Table ronde des associations en téléconférence

Delphine Bonjour, responsable du département relations institutionnelles et accès aux droits du Secours catholique :

Le Secours catholique représente 1,5 million de personnes aidées ou accompagnées et 65 000 bénévoles. Le revenu moyen des personnes que nous accueillons est de 500 euros. Nous avons à coeur d'échanger avec les personnes en précarité pour identifier les difficultés qu'elles rencontrent et construire avec elles des solutions. Entre l'an dernier et cette année, la question du numérique a été omniprésente et revient fortement dans les difficultés exprimées et la volonté des personnes concernées d'être associées pour améliorer la situation notamment au regard de la question de l'équipement, de son coût et de la formation. Au-delà du scolaire et de la distribution de matériel, il est en effet nécessaire d'apprendre à s'en servir, avec ses enfants. Avec Emmaüs Connect, nous avons ainsi permis l'équipement d'un certain nombre de scolaires pendant le confinement. Je souhaite souligner la difficulté de nombreuses familles de choisir face à la multiplicité des offres matérielles, notamment les forfaits.

La question de l'accès à des espaces publics numériques est, elle aussi, fréquente, notamment dans le monde rural, où nous sommes fortement implantés. Il est nécessaire de faciliter l'accès à la connexion. Il nous a notamment été demandé d'augmenter l'accès au wifi gratuit dans les mairies, CCAS, centres sociaux et hôtels sociaux. Une expérimentation a été lancée il y a deux ans sur la question du droit au maintien à la connexion dans trois départements. Quels en sont les résultats ? Nous souhaiterions que ce droit soit étendu à tous les départements.

La problématique de l'accès au droit a également été abordée par mes collègues. Le « tout-numérique » est en effet fortement dénoncé par les personnes en situation de précarité, en ce qu'il génère beaucoup de souffrances et de stress et se traduit par des ruptures de droits et du renoncement. Pour y faire face, nous essayons de développer de l'entraide, via la formation et l'accompagnement, mais celle-ci ne suffit pas. Il est notamment nécessaire de prévoir des médiateurs numériques dans toutes les maisons France Services, afin que ceux-ci puissent accompagner les personnes dans leurs démarches. Plus largement, il serait utile de repenser l'ergonomie des plateformes avec les utilisateurs eux-mêmes. Davantage de plateformes dans d'autres langues que le français pourraient également être mises en place, et la gratuité des appels devrait être permise.

Pendant cette période de crise, les administrations nous ont démontré qu'elles étaient capables d'utiliser le numérique pour maintenir les droits. Elles s'en servent également pour traquer les fraudes et les erreurs, souvent aux dépens des personnes en difficulté. Ces organismes doivent pouvoir utiliser le numérique pour être davantage facilitateurs, limiter voire réduire les ruptures de droits et le non-recours. Il est anormal que le transfert de son dossier CAF d'un département à l'autre prenne encore plusieurs semaines.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion