Intervention de Stéphane Lissner

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 juillet 2020 à 9h30
Audition de Mm. Stéphane Lissner et martin ajdari respectivement directeur général et directeur général adjoint de l'opéra national de paris

Stéphane Lissner, directeur général de l'Opéra national de Paris :

Le financement de la Comédie-Française repose majoritairement sur des fonds publics, contrairement au nôtre. Quand la part des recettes sur le budget global est moins importante, la situation de l'entreprise est moins délicate. Je pense qu'il faut complètement changer le système audiovisuel. L'Opéra de Paris doit s'équiper comme un producteur, se doter de huit à dix caméras téléguidées et d'un studio. Il pourra ainsi vendre sa propre production, et négocier des droits avec le personnel et les artistes. France Télévisions s'est effectivement beaucoup désengagée de la diffusion de spectacles vivants, le nombre de retransmissions obligatoires par contrat étant passé de six à « quatre plus un ». Le service public a diminué son engagement de manière générale.

En tant que producteur, l'Opéra pourrait aussi sortir du cadre de la retransmission pour inventer de nouveaux projets artistiques à partir du répertoire lyrique ou du théâtre. Dans le cadre de la 3e scène, nous avons filmé un spectacle inédit de 15 à 20 minutes, en direct, dans les sous-sols de l'Opéra Bastille, à partir d'un scénario sur le thème de la bohème. Cet objet n'était ni un opéra ni un film ni une pièce de théâtre, mais restait dans la culture lyrique.

À moins d'avoir des mises en scène exceptionnelles, comme celle de Moïse et Aaron d'Arnold Schoenberg, les musiques savantes ne peuvent pas atteindre un immense public, dans les limites d'une salle de 2 700 places. À côté du répertoire de 75 à 80 oeuvres existant, nous avons les capacités, le lieu, les moyens et les artistes nécessaires pour déployer un nouveau « produit ». En s'appuyant sur le répertoire, il est possible de réfléchir aux relations entre une jeune fille et son père - à travers Gilda et Rigoletto -, ou à la situation des femmes victimes de violences - à travers le personnage de Lulu - et de raconter des choses en lien avec l'actualité et le monde dans lequel nous vivons. J'aimerais développer cela. Un intérêt s'exprime au niveau européen pour le financement de ce genre de projet, car il ne suffira pas de déployer le streaming en cas de nouvelle crise. Or il est possible d'imaginer un objet particulier, créé pour la forme digitale. Nous serons tous amenés de toute façon à réfléchir à une indépendance en matière de production.

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