Intervention de Philippe Adnot

Réunion du 16 juillet 2020 à 10h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Philippe AdnotPhilippe Adnot :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, permettez-moi tout d’abord d’adresser des félicitations. Je vous félicite, monsieur le Premier ministre, d’avoir été choisi pour assumer une tâche particulièrement difficile et de l’avoir acceptée. Je vous souhaite bonne chance.

Bonne chance, car notre pays va être confronté à une situation inédite : l’argent a coulé à flots ; pourtant, notre économie et l’emploi risquent d’être au cœur d’une situation explosive.

N’ayant que cinq minutes de temps de parole, monsieur le Premier ministre, je ne vais pas aborder tous les sujets.

Tout d’abord, je souhaite que vous sachiez trouver les bonnes solutions pour que le secteur de la santé soit traité avec efficacité et humanité. Tout n’est pas affaire d’argent, mais notre pays est confronté à un double enjeu : être prêt à affronter un retour de la pandémie et ne pas laisser de côté, pour ce motif, ceux qui ont un droit légitime à être soignés, quel que soit le besoin.

Rapporteur du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche, j’ai rédigé de nombreux rapports sur la valorisation de la recherche. J’espère que Mme la ministre Frédérique Vidal saura trouver auprès de vous les moyens d’une loi dynamique, dont nous attendons beaucoup. L’avenir de la France dépend, en effet, de notre capacité à mobiliser les énergies créatrices et, surtout, transformer en réalité économique le formidable réservoir de notre excellence scientifique.

En effet, monsieur le Premier ministre, les problèmes de notre pays vont nécessiter de notre part une incroyable énergie à produire du concret.

Sénateur depuis trente et un ans, comme l’a rappelé M. le président du Sénat, c’est aujourd’hui la dernière fois que j’interviens dans cette enceinte. Je pense pouvoir faire quelques observations, n’ayant d’autre valeur que d’être le fruit d’une modeste expérience…

Des discours, des bonnes intentions et des analyses pertinentes, j’en ai entendus beaucoup ! Rien ne vaut la réalité des faits ; c’est par les actes que l’on juge une politique. La politique, c’est comme l’art de la guerre : tout dépend de l’exécution.

Une bonne exécution est tout d’abord cohérente. La cohérence suppose que l’on se concentre sur l’essentiel : la priorité des priorités, c’est l’économie, l’emploi, l’avenir des jeunes. Vous avez proposé des mesures qui vont dans le bon sens. Seront-elles assez rapidement opérationnelles ?

Prenons l’exemple des jeunes censés intégrer le marché de l’emploi. Vous avancez des mesures visant à alléger les charges des entreprises. Mais celles-ci n’ont plus de trésorerie ! Ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Cela ne provoquera pas le déclic immédiat et enthousiasmant qui serait nécessaire.

Il faudrait plutôt que chaque entreprise puisse embaucher un ou plusieurs jeunes, à proportion de son effectif, avec un financement de l’État pendant un an. Vous auriez ainsi résolu le problème de milliers de jeunes, en leur permettant de vivre une première expérience professionnelle, et donné immédiatement de la compétitivité à des entreprises.

J’ai entendu une des ministres présentes s’exclamer… Si ces jeunes n’entrent pas dans les entreprises, ils coûteront beaucoup plus cher !

Certaines mesures ne seront efficaces que dans le temps. Je pense notamment à la rénovation énergétique : une mesure tout à fait sympathique, notamment pour des bâtiments communaux, mais qui n’aura aucun effet sur les entreprises avant deux ans, le temps que les analyses soient menées par les nouvelles municipalités et les marchés mis en place. Cela risque d’être bien long.

Il faut donc accélérer le mouvement ! La situation demande de la réactivité ; il faut libérer les énergies. Ne faites rien de complexe ! Donnez de la flexibilité aux entreprises ayant des carnets de commandes – cela ne vous coûtera rien. Mettez-les en situation de s’adapter à une demande multiforme. Libérez les heures supplémentaires – il n’est pas nécessaire de les défiscaliser !

L’avenir de notre pays dépendra de ce que vous serez capable de faire à la rentrée, comme nos voisins européens. Ne polluez pas ce combat par des décisions qui ne peuvent que nous diviser et, donc, diminuer notre effort !

Nous ne souhaitons pas votre échec, monsieur le Premier ministre. Il vous revient la responsabilité de savoir écouter, même les anciens qui tirent leur révérence…

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