Je porterai également la parole de M. Manuel Warlop, président de la French Tech Réunion.
Digital Réunion représente 600 entreprises soit environ 6 000 emplois. Lors du confinement, nous avons été extrêmement réactifs en mettant en place des webinaires pour l'ensemble des chefs d'entreprises sur le télétravail, la sécurisation des connexions ou l'invention de nouveaux process pour la relation client, le management ou la production. Beaucoup d'entreprises ont découvert de nouveaux outils numériques et se les sont appropriés très rapidement.
Nous remercions la région Réunion avec laquelle nous avons instauré le Chèque numérique. C'est un axe fort sur lequel nous nous appuierons. Le Chèque numérique est un bon d'achat pour une prestation achetée auprès d'une entreprise de services numériques. Sur un montant maximal de 4 000 euros, la région prend en charge 15 à 20 % de la dépense. À ce jour, plus de 1 000 projets ont été présentés par les entreprises réunionnaises, tous secteurs confondus, pour tout type d'usage numérique. La région avait prévu un budget de 200 000 euros, avant de porter son investissement à 2 100 000 euros. Cette action conjointe a été extrêmement positive.
Concernant les demandes qui ont été formulées par les rapporteurs, je voudrais répondre sur le poids du secteur numérique à La Réunion. Digital Réunion représente 1 % des 57 000 entreprises réunionnaises. Nos produits sont à forte valeur ajoutée. Le secteur numérique embauche une main-d'oeuvre qualifiée et rencontre des problèmes de formation. Un investissement massif dans la formation est indispensable pour nos entreprises.
Sur le plan de l'éducation, de nombreux enseignants se sont investis dans les outils numériques pour les élèves. Cela s'est mis en place en ordre dispersé mais la plupart de nos enfants ont pu bénéficier d'une continuité éducative, même dans des situations parfois compliquées, car tout le monde n'est pas bien équipé.
Dans l'usage des outils numériques, on a fait en deux mois des progrès de plusieurs années. C'est impressionnant de voir comment le télétravail a pu se développer dans des entreprises qui n'en avaient pas l'habitude.
Est-ce qu'il y aurait des investissements à faire dans le cadre de l'urgence économique en outre-mer ? Notre position s'articule en deux points : comment répondre à l'urgence et comment investir sur le long terme. Les entreprises de services numériques ont la particularité d'être très agiles. Elles ont également la capacité de produire facilement à distance des services et d'exporter.
Nous allons présenter un plan de relance pour les entreprises réunionnaises. Est-ce que les reliquats des fonds européens peuvent être réinjectés très rapidement dans le numérique ? Les services numériques travaillent pour toutes les autres filières professionnelles et pour les particuliers. Plus on investira dans le numérique, plus on pourra aider à la structuration et à la productivité des autres filières. Les entreprises numériques peuvent être un levier majeur de la relance. Il faut pour cela flécher des aides et considérer que les territoires d'outre-mer doivent investir massivement dans le numérique.
Enfin, on pourrait faire de nos territoires des zones franches numériques, avec des facilités, notamment sur le plan social. Cela donnerait une très forte accélération à nos services et attirerait des investisseurs, avec peut-être des retombées nationales. Je rappelle que le territoire de La Réunion a été choisi pour expérimenter la 5G. Nos départements peuvent servir d'exemple.
Nos propositions se résument en trois axes : investissements massifs, mise en place de conditions fiscales et sociales particulières sur nos territoires, formation initiale et professionnelle fortes.