Mes chers collègues, comme vous le savez, la Délégation sénatoriale aux outre-mer a décidé d'entreprendre une étude sur l'urgence économique dans les outre-mer compte tenu de l'ampleur et de la gravité des conséquences économiques de la crise sanitaire dans nos territoires.
Depuis deux mois, nos rapporteurs - Stéphane Artano, Viviane Artigalas et Nassimah Dindar - ont conduit leurs travaux en vue de faire des propositions au Gouvernement.
Après un premier point d'étape le 14 mai dernier, nous avons lancé une série d'auditions axées sur des thématiques sectorielles : le transport aérien, le BTP, le logement social, l'agriculture, la pêche, et bientôt le tourisme...
Nous vous remercions vivement, Mesdames et Messieurs, d'avoir répondu si nombreux à notre invitation pour cette table ronde en visioconférence dédiée au numérique afin de nous permettre d'appréhender le défi absolument majeur que représente le déploiement des outils numériques dans les outre-mer dans leur diversité.
Nous sommes conscients que la révolution numérique qui s'est opérée au cours des dernières années a touché très inégalement les territoires ultramarins - je pense notamment au haut débit voire au très haut débit - et que cette fracture, qui existe au sein même de chaque territoire, risque de peser lourd dans les chances de reprise économique dans nos collectivités à la fois éloignées et isolées.
En vue de cette table ronde, les rapporteurs vous ont transmis une trame qui aborde de nombreuses interrogations qui vont de l'amélioration de la couverture du réseau, à l'utilisation des nouvelles technologies, en passant par la formation, la situation de l'illectronisme, les moyens d'adaptation des secteurs public et privé.
Je représente le groupe Iliad, maison mère de Free, qui existe depuis maintenant 20 ans sur le fixe et 10 ans sur le mobile. Free est entré sur le marché métropolitain avant de se développer sur les territoires ultramarins, d'abord sur les territoires réunionnais et mahorais puis sur tous les autres. Nous sommes entrés avec la volonté de bousculer le marché et de rendre les offres plus accessibles et plus généreuses, forts de notre expérience en métropole où notre offre Free mobile a connu un grand succès. Elle a permis de baisser les factures des consommateurs de 40 %, de libérer les usages et de redynamiser les déploiements.
L'opportunité d'entrer sur le marché ultramarin s'est présentée en 2015 à la suite d'une opération de concentration entre SFR et Numericable. Celle-ci a été autorisée sous réserve de cession d'actifs sur les territoires réunionnais et mahorais, au travers d'Outremer Télécoms, connu sous la marque Only. Nous sommes donc devenus actionnaires de cet actif avec un partenaire industriel, Hiridjee.
Nous avons lancé Free Mobile en 2017 en proposant une offre assez disruptive qui incluait la voix en illimité, les SMS en illimité, 25 gigas de données et 25 gigas en itinérance, cela depuis tous les territoires d'outre-mer, depuis la métropole et également depuis la zone Europe, le tout pour 10 euros par mois.
Sur la question de l'itinérance ultramarine, Free avait une position assez forte dès son lancement en métropole. Nous avions inclus dans nos forfaits la voix et les SMS, dès 2013, sans aucun surcoût, avec une volonté forte de diminuer les discriminations tarifaires entre métropole et territoires ultramarins. Free a par ailleurs été le premier opérateur à pratiquer l'itinérance depuis les territoires ultramarins, dès 2015, sans aucun frais supplémentaire. C'était à peu près deux ans avant l'entrée en vigueur de la loi qui a mis un terme aux surcoûts d'itinérance ultramarins.
Sur La Réunion, le lancement de l'offre Free Mobile s'est traduit par une forte hausse des usages. Le trafic voix a augmenté de plus de 40 %. Pour les consommateurs, le gain de pouvoir d'achat a été de 60 euros par an et par Réunionnais. Ces données sont issues des observatoires ARCEP.
L'arrivée de Free a donc été très positive en matière d'aménagement numérique du territoire. Le réseau d'Outremer Télécoms a été entièrement modernisé en 3G et en 4G. On a déployé de nombreux sites mobiles supplémentaires. Aujourd'hui le réseau couvre 99 % de la population.
Enfin, nous avons continué à investir pour la connectivité de l'île en nous engageant dans la construction du nouveau câble sous-marin, le « METISS » (MElting poT Indianoceanic Submarine System) pour 10 millions d'euros. Sa pose a démarré le 3 juin dernier et sa mise en service est prévue pour la fin de l'année.
À Mayotte, nous avons également modernisé toutes les infrastructures mobiles. En mars dernier, nous avons lancé une offre 4G équivalente aux offres réunionnaises et métropolitaines, voix illimitée, SMS illimités et un forfait data de 10 gigas. Cette offre rencontre du succès malgré les difficultés de ces derniers mois.
Enfin, il y a une dizaine de jours, nous avons annoncé la création d'une société commune sur les Antilles et la Guyane avec Digicel. Celle-ci opérera un réseau mobile commun et modernisera l'ensemble des équipements. Le nombre de sites mobiles augmentera de 40 % et ils seront raccordés en fibre optique de manière à accroître les débits.
Free gardera son autonomie commerciale. Nous continuerons d'appliquer notre philosophie avec des offres généreuses qui ont vocation à dynamiser le marché. C'est notre challenge des prochains mois.
Merci Madame la directrice pour votre présentation et pour avoir évoqué Digicel qui est un opérateur caribéen important. Je cède la parole à M. Christophe Boutin, directeur général de Globaltel (Saint-Pierre-et-Miquelon).
Globaltel est une société indépendante, opérateur depuis 2013 à Saint-Pierre-et-Miquelon. Elle a construit intégralement son réseau et a amené de la concurrence sur un territoire qui était en monopole total dans le fixe, l'internet et la téléphonie mobile. Elle a permis une baisse importante des tarifs et a apporté de nouveaux services comme la 4G. Elle a lancé une « guerre des débits » sur l'archipel, ce qui a fait progresser au final la vitesse d'accès à internet pour tous les usagers.
Globaltel a construit son réseau en utilisant des ressources internes. Nous avons développé certains équipements 4G en partenariat avec une autre start-up française, Amarisoft. Ils sont aujourd'hui commercialisés et offrent une alternative à Huawei, Nokia et Ericsson, en particulier dans des archipels ou dans les zones blanches où l'équation économique est parfois difficile avec les équipements classiques.
Nous sommes donc opérateur et fabricant d'équipements et nous avons pu créer et développer notre activité à Saint-Pierre-et-Miquelon, archipel de 6 500 habitants. Nous sommes également exploitants et utilisateurs du câble numérique sous-marin mis en place par la collectivité de l'archipel. C'est un câble qui permet de relier les îles de Saint-Pierre-et-Miquelon mais aussi le Canada. On a ainsi accès aux POP (point de présence opérateur) canadiens, ce qui nous permet de mettre en concurrence les opérateurs qui fournissent la bande passante. Ce câble nous offre également une stabilité des débits.
Notre objectif est de développer le haut débit mobile, la 4G, la 4G+ et la 5G le plus rapidement possible. Nous envisageons différentes phases : la phase 1 en utilisant le DSS, c'est-à-dire le partage des fréquences de la 4G pour mettre de la 5G en même temps ; la phase 2 en ajoutant des équipements supplémentaires pour pouvoir accéder à d'autres fréquences et ainsi augmenter la bande passante et parvenir aux objectifs de la 5G. Nous avons aussi l'objectif de raccorder le maximum de clients, particuliers et entreprises, sur le câble sous-marin, donc de mettre de la fibre optique à l'abonné (FTTH). Sur une population de 6 500 personnes il faut que chacun puisse bénéficier d'une connexion THD. C'est important pour des îliens et particulièrement à Saint-Pierre-et-Miquelon, territoire isolé. Il faut absolument que chacun dispose du très haut débit, à la fois fixe et mobile.
Je vous remercie d'avoir invité le groupe La Poste à votre table ronde. La Poste est un opérateur de services postaux. Elle a trois métiers : un métier bancaire, un métier courrier/colis/services de proximité et un métier express. Dans le numérique, elle est un opérateur d'usage. La Poste a 4 missions de service public dont une qui nous intéresse beaucoup aujourd'hui, qui est l'aménagement du territoire. Sur l'ensemble des 5 départements et des 3 collectivités d'outre-mer (Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon) nous avons 300 points de contact et nous réalisons 1 500 tournées tous les jours.
Nous avons concrétisé cette activité d'opérateur numérique en signant, avec l'État et l'association des maires de France (AMF), un contrat de présence postale qui couvre la période 2020-2022. Dans cet accord, 4 points sont mis en avant dont l'inclusion et la médiation numériques.
Comment cet accord s'inscrit-il dans la vie quotidienne des ultramarins ? Nous avons commencé par détecter les fragilités. Nous avons adressé des questionnaires, 200 000 au niveau national, 4 000 en outre-mer. Ces 4 000 questionnaires montrent qu'un quart de la population ne dispose pas d'outils informatiques personnels ou ne sait pas s'en servir. Nous sommes donc confrontés à de l'illectronisme, à la fracture numérique que vous combattez.
Nous nous sommes donc organisés pour accompagner notre clientèle. Nous avons ainsi équipé en wifi nos 14 bureaux de poste à Mayotte, avec pour chaque client un temps de connexion gratuit. Toujours à Mayotte, nous avons passé un accord avec l'État et avec une association pour qu'une quarantaine de jeunes de 18 à 25 ans puissent servir d'interprètes numériques. Ils expliquent, tablette à la main, comment avoir accès à tel ou tel service.
Nous avons étendu ce dispositif à tous les départements d'outre-mer. Ainsi, à La Réunion, en Guyane, en Guadeloupe, à la Martinique nos clients peuvent disposer d'une tablette et d'un interprète numérique qui les aident à avoir accès aux services de la vie courante ou aux services nécessaires à leurs projets. C'est une réponse à la fracture numérique constatée en outre-mer. À La Réunion, l'AGAME, association d'insertion par l'informatique, nous permet d'accompagner tous les jours des dizaines de clients.
Nous avons également installé des espaces France Services. Aujourd'hui, nous en avons deux et dans un an nous en aurons huit. Dans ces espaces, nous avons formé des postiers dont une majorité de l'activité consiste à aider nos clients à prendre contact avec les 9 opérateurs qui ont signé la convention avec nous, Pôle emploi, les CAF pour les prestations sociales ou les services de l'État comme ceux des permis de construire.
Nous avons donc construit un accompagnement et une offre numérique à l'intérieur des 263 bureaux de poste ultramarins.
L'avenir du numérique, c'est d'abord et avant tout la confiance. Je suis très fière car le groupe La Poste a été la première entreprise à être labellisée par l'Agence nationale de sécurité des services informatiques comme étant une clé numérique. L'identité numérique offerte par la Poste permet à chacun d'entre nous, à chacun de nos clients ultramarins ou de métropole d'avoir accès à des sites informatiques d'une manière complètement sécurisée. Via le facteur ou au bureau de poste, on vérifie votre identité, on vous donne un code et vous pouvez ensuite accéder au site des impôts, à celui de la CAF...
J'en suis très fier car au-delà des difficultés d'utilisation des outils informatiques, il y a un souci de confiance chez nos concitoyens, confiance qui n'est pas encore établie.
Enfin, nous travaillons sur l'e-éducation. Nous avons développé des tablettes éducatives SQOOL qui remplacent les cahiers au primaire ou au collège. Pendant la crise sanitaire, nous avons largement participé à la dématérialisation des envois. Ce sont ainsi des dizaines de milliers d'enfants qui ont pu avoir leurs devoirs grâce à nos offres.
J'aurais pu également vous parler de l'e-santé et je vous confirme que nous sommes résolument partants pour être opérateur des usages numériques.
La période que nous venons de vivre a montré que le numérique était incontournable. Je cède la parole à présent au directeur général de SFR Caraïbe, M. Frédéric Hayot.
SFR Caraïbe est un regroupement de trois sociétés fondées à la fin des années 90, pionnières dans le très haut débit ou dans le mobile et consolidées par le groupe Altice en 2013.
Nous opérons sur les trois départements français d'Amérique, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, des réseaux fixes très haut débit, des réseaux mobiles et des réseaux d'entreprises. Je représente également mon collègue de SFR qui couvre La Réunion et Mayotte.
Depuis le lancement de la 4G, nous avons consenti de très gros efforts d'investissements. Aujourd'hui, à l'exception de la Guyane, nous couvrons plus de 99 % de la population avec des débits qui vont jusqu'à 800 mégabits. En Guyane, nous couvrons 92 % de la population, majoritairement sur la côte. La qualité de nos réseaux 4G est très bonne, elle est reconnue par l'ARCEP dans ses différents rapports.
En Guyane, il y a des zones isolées qui posent problème, notamment sur les routes de l'ouest et de l'est, des routes très longues, dans la forêt équatoriale. Nous faisons face à des problématiques d'investissement et d'électrification. L'État avait annoncé des budgets pour aider à l'implantation de pylônes sur ces routes. Pour l'instant, nous restons sans nouvelle. Nous avons investi sur fonds propres mais le problème d'électrification demeure. Sur les villages isolés de Guyane, les villages qui sont en pleine forêt, la seule solution pour les relier est une solution satellite. Il y a eu plusieurs tentatives de mise en place de solutions satellite mais on fait face à des problèmes de maintenance. Il faudrait former des techniciens dans chacun des villages et pouvoir faire des déplacements réguliers par hélicoptère, ce qui est impossible.
À La Réunion, nous rencontrons des difficultés d'accès et des contraintes environnementales pour la couverture des cirques. À Mayotte, il y a des zones à couvrir qui sont très peu denses et sur lesquelles les investissements sont très lourds. Une intervention publique serait nécessaire.
Pour le déploiement de nos sites mobiles et de la 4G, nous sommes face à des délais administratifs très longs, de 6 à 12 mois pour implanter un pylône. Les délais de raccordement électriques par EDF sont aussi trop longs, de plusieurs mois à plusieurs années. Enfin, nous constatons une tendance à la hausse des loyers pour les sites. C'est dû à la pression foncière sur nos petits territoires mais aussi aux sociétés financières prédatrices qui rachètent des terrains pour faire monter les prix des loyers.
Pour la 5G dans l'océan Indien, l'ARCEP a mené en début d'année une consultation concernant l'utilisation de nouvelles bandes de fréquences 700 MHz, 3,4 à 3,8 GHz. Il y aura une consultation ultérieure pour les autres DROM. Nous estimons que le lancement se fera dans un an pour La Réunion et Mayotte et dans deux ans pour les Antilles et la Guyane.
Sur les équipements numériques, nous ne sommes pas les mieux placés pour répondre. Nous constatons que 80 % des domiens ont un ordinateur contre 88 % des métropolitains (chiffre Insee). 24 % des domiens n'ont pas utilisé internet dans l'année contre 15 % en métropole. Il y a donc un écart à la fois sur les équipements et sur l'utilisation. Partout, le smartphone est devenu le premier écran du quotidien. Aux Antilles et en Guyane, 58 % des internautes se connectent tous les jours depuis un smartphone et 41 % via un ordinateur. À La Réunion, c'est respectivement 54 % et 48 %.
S'agissant de l'utilisation de l'application Stop Covid, nous n'avons pas d'information.
Les abonnements sont plus chers jusqu'à 10 euros dans les DOM par rapport à la métropole. Les surcoûts sont liés à l'éloignement et à l'insularité. Pour déployer un réseau fixe ou mobile, il faut installer des plateformes centrales, des coeurs de réseau. Sur les continents ou dans les grands pays, on installe un coeur de réseau pour plusieurs millions d'habitants. Dans nos régions, nous sommes confrontés à la fois au faible nombre d'habitants et à l'isolement de nos îles. Pour prévenir les risques de cyclone, nous avons fait le choix de construire un coeur de réseau par île. Les coûts de construction sont également supérieurs à ceux de la métropole car ils intègrent des contraintes cycloniques et sismiques. Nous avons par ailleurs des coûts de transport et de stockage importants. Pour éviter les ruptures, nous avons l'obligation de stocker énormément, ce qui impacte les besoins en fonds de roulement des entreprises. Enfin, nous supportons le coût des câbles sous-marins qui nous permettent de nous raccorder à internet. Ces coûts sont d'autant plus importants que nous avons l'obligation, pour des questions de résilience du réseau, de nous raccorder à plusieurs câbles. Cela représente plusieurs euros par abonné et par mois.
Pour conclure, je voudrais souligner que nos réseaux ont tenu pendant la période de confinement. Nous avons aidé les entreprises et les administrations, notamment celles qui luttaient contre la pandémie, à poursuivre leur activité, grâce aux box 4G que nous avons déployées.
Dans nos régions, la question de l'accès au numérique est fondamentale. Nous avons des jeunes qui sont extrêmement motivés sur ces sujets, qui sont souvent très compétents et qui désirent développer leur région en étant sur place. Le développement des réseaux FTTH (Fiber to the home) est très important, parce qu'ils vont permettre de fixer nos jeunes dans nos régions. Ils pourront développer des projets innovants, pas seulement dans le numérique, mais avec le numérique.
Il y a bien des régions auxquelles le satellite pourrait rendre de nombreux services à condition qu'on ne l'oublie pas, que la recherche se poursuive et qu'il y ait une volonté politique.
Je cède la parole à M. Thierry Kergall, directeur Orange Antilles Guyane et à Mme Claire Chalvidan, directrice des relations institutionnelles.
Je dirige l'activité d'Orange dans les Antilles et en Guyane et je suis accompagné de Claire Chalvidan qui est directrice des relations institutionnelles du groupe.
Je représente également mon collègue en charge de la région Réunion Mayotte.
Nos réseaux ont tenu pendant la crise, grâce à l'investissement des techniciens et des personnels qui étaient sur place. Orange aux Antilles Guyane, c'est environ 3 500 à 4 000 emplois directs, indirects ou induits, soit environ 1,5 % du PIB régional.
Nous investissons constamment pour apporter la meilleure connectivité. Notre couverture fibre et mobile 4G est de 99 % de la population en Guadeloupe et en Martinique. En Guyane, où la configuration géographique est complexe, les taux de couverture sont plus faibles. À La Réunion, nous couvrons 99 % de la population, un peu moins pour le territoire. Dans ses dernières évaluations, l'ARCEP a désigné le réseau Orange comme le meilleur réseau sur la partie 4G.
Ce sont des réseaux qui tiennent la charge grâce à des câbles sous-marins qui sont parfaitement dimensionnés. Ils ont permis à la Guyane, à la Martinique, à la Guadeloupe et aux îles du nord de surmonter les énormes augmentations de trafic. La voix a doublé et le trafic data a augmenté de près de 40 %.
Sur la question de l'équipement en smartphones, j'ai relevé un taux de 74 %, avec une très forte croissance l'année dernière, plus de 10 %. Nous ne sommes pas loin de la métropole qui est à 77 %.
Quels leviers nous permettraient de mieux fonctionner, d'accélérer le déploiement numérique ? Je m'associe vraiment à Frédéric Hayot sur les besoins de la Guyane. Je pense qu'il existe un très fort levier concernant l'investissement sur des sites mobiles partagés. Ils permettraient de désenclaver les routes nationales. Ce sont des sites qui sont très isolés, sur lesquels il y a des travaux d'adduction d'énergie importants et nous pourrions mener ces travaux entre opérateurs pour réduire les coûts.
Pour accélérer le déploiement de nos réseaux mobiles et fibres, on a besoin d'être très vigilants sur l'élagage. Les pouvoirs publics doivent rappeler aux propriétaires leurs obligations. Au début de la période cyclonique, c'est une réelle préoccupation.
La dissimulation des réseaux fixes est un enjeu majeur pour nos territoires. Elle pourrait être abordée en coordination avec tous les acteurs qui disposent d'un réseau sec. Nous pourrions mobiliser des financements publics type FEDER ou ceux de la Banque des territoires. Cette dissimulation permettrait une meilleure résilience des réseaux. Il faudrait également favoriser la dissimulation des réseaux en domaine privé avec une incitation fiscale et un encadrement du coût des prestations.
Je pense aussi à un levier au niveau de la formation pour disposer de techniciens compétents sur la fibre. Nos territoires manquent de compétences.
Il faut également accélérer le soutien au tissu industriel en raccourcissant les délais de paiement. Nos entreprises sont fragilisées par les délais de paiement des collectivités.
Enfin, pour favoriser l'accès au numérique, il faut accroître le soutien aux associations. Beaucoup d'initiatives sont conduites par de petites associations qui ont besoin d'accompagnement.
Nous avons un partenariat sur une Miage (Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises) avec les universités des Antilles et de la Guyane. C'est une opportunité pour disposer de compétences informatiques et mathématiques pour nos territoires.
Pour terminer, je pense qu'il faudrait organiser un pilotage global, pourquoi pas par les maisons France Services. On gagnerait en mobilisation et en visibilité. Il serait intéressant de responsabiliser Pôle emploi, la CAF, les missions locales sur ces enjeux de dématérialisation des services publics.
Je vous remercie, Monsieur le directeur, d'avoir synthétisé les points essentiels que je reprendrai probablement dans la conclusion à la fin de l'audition. Je cède la parole à M. Stéphane Colombel, président de Digital Réunion.
Je porterai également la parole de M. Manuel Warlop, président de la French Tech Réunion.
Digital Réunion représente 600 entreprises soit environ 6 000 emplois. Lors du confinement, nous avons été extrêmement réactifs en mettant en place des webinaires pour l'ensemble des chefs d'entreprises sur le télétravail, la sécurisation des connexions ou l'invention de nouveaux process pour la relation client, le management ou la production. Beaucoup d'entreprises ont découvert de nouveaux outils numériques et se les sont appropriés très rapidement.
Nous remercions la région Réunion avec laquelle nous avons instauré le Chèque numérique. C'est un axe fort sur lequel nous nous appuierons. Le Chèque numérique est un bon d'achat pour une prestation achetée auprès d'une entreprise de services numériques. Sur un montant maximal de 4 000 euros, la région prend en charge 15 à 20 % de la dépense. À ce jour, plus de 1 000 projets ont été présentés par les entreprises réunionnaises, tous secteurs confondus, pour tout type d'usage numérique. La région avait prévu un budget de 200 000 euros, avant de porter son investissement à 2 100 000 euros. Cette action conjointe a été extrêmement positive.
Concernant les demandes qui ont été formulées par les rapporteurs, je voudrais répondre sur le poids du secteur numérique à La Réunion. Digital Réunion représente 1 % des 57 000 entreprises réunionnaises. Nos produits sont à forte valeur ajoutée. Le secteur numérique embauche une main-d'oeuvre qualifiée et rencontre des problèmes de formation. Un investissement massif dans la formation est indispensable pour nos entreprises.
Sur le plan de l'éducation, de nombreux enseignants se sont investis dans les outils numériques pour les élèves. Cela s'est mis en place en ordre dispersé mais la plupart de nos enfants ont pu bénéficier d'une continuité éducative, même dans des situations parfois compliquées, car tout le monde n'est pas bien équipé.
Dans l'usage des outils numériques, on a fait en deux mois des progrès de plusieurs années. C'est impressionnant de voir comment le télétravail a pu se développer dans des entreprises qui n'en avaient pas l'habitude.
Est-ce qu'il y aurait des investissements à faire dans le cadre de l'urgence économique en outre-mer ? Notre position s'articule en deux points : comment répondre à l'urgence et comment investir sur le long terme. Les entreprises de services numériques ont la particularité d'être très agiles. Elles ont également la capacité de produire facilement à distance des services et d'exporter.
Nous allons présenter un plan de relance pour les entreprises réunionnaises. Est-ce que les reliquats des fonds européens peuvent être réinjectés très rapidement dans le numérique ? Les services numériques travaillent pour toutes les autres filières professionnelles et pour les particuliers. Plus on investira dans le numérique, plus on pourra aider à la structuration et à la productivité des autres filières. Les entreprises numériques peuvent être un levier majeur de la relance. Il faut pour cela flécher des aides et considérer que les territoires d'outre-mer doivent investir massivement dans le numérique.
Enfin, on pourrait faire de nos territoires des zones franches numériques, avec des facilités, notamment sur le plan social. Cela donnerait une très forte accélération à nos services et attirerait des investisseurs, avec peut-être des retombées nationales. Je rappelle que le territoire de La Réunion a été choisi pour expérimenter la 5G. Nos départements peuvent servir d'exemple.
Nos propositions se résument en trois axes : investissements massifs, mise en place de conditions fiscales et sociales particulières sur nos territoires, formation initiale et professionnelle fortes.
Je note votre proposition de transformer nos territoires en zone franche numérique pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle de terres d'innovation. J'ai souvent souligné dans mes interventions qu'en outre-mer soit on innove et on existe, soit on n'innove pas et on meurt. C'est une belle proposition que vous faites, nous verrons dans quelle mesure elle peut être reprise.
Je cède la parole à M. Mathieu Derex, directeur général de La Fabrik en Nouvelle-Calédonie.
La Fabrik accompagne depuis 15 ans les entreprises et les institutions de Nouvelle-Calédonie dans leur transformation digitale. Nous concevons et maintenons des services numériques de type site internet, plate-forme web, e-commerce, application mobile. Nous assurons au quotidien une bonne visibilité de ces services auprès des utilisateurs sur le web et les réseaux sociaux via du marketing digital.
Nous constatons que les petites et moyennes entreprises calédoniennes ont accumulé du retard dans l'intégration des outils numériques à leur modèle économique. Il nous semble important de combler ce déficit. Notre objectif est d'amorcer une transition vers le numérique pour les petites entreprises. Nous avons donc développé une offre spécifique d'accompagnement et de formation aux outils numériques.
On a un territoire avec 18 % d'illettrisme, ce qui pose problème pour la transition numérique. On accompagne les institutions dans la conception d'interfaces web simplifiées pour rendre le numérique accessible au plus grand nombre. On dispose également d'un dispositif de cases numériques, développé par le Gouvernement, qui permet aux populations les plus isolées l'accès aux technologies de communication.
Pendant le confinement, nous avons constaté que nos clients qui n'étaient pas numérisés ont rencontré beaucoup de problèmes. Nous avons donc déployé pour eux des solutions e-commerce afin qu'ils puissent continuer à travailler et nous avons pu aider les entreprises à passer cette période correctement.
Ce qui nous manque vraiment, ce sont des ressources humaines. Il n'y a pas assez de compétences, pas assez de formation.
Je vous remercie infiniment d'être restés avec nous jusqu'à une heure aussi tardive compte tenu du décalage horaire. Je cède la parole à M. Vincent Fabre qui est trésorier de la French Tech Polynésie et président d'Open Polynésie.
Je représente l'organisation des professionnels de l'économie numérique qui regroupe les entreprises autour de la thématique de l'innovation. Je suis également trésorier de la French Tech Polynésie. Je vous transmets les salutations de M. Olivier Kressmann, son président.
Avant tout, je veux rappeler que la Polynésie française est un territoire grand comme l'Europe, avec la double problématique de l'insularité et de l'étendue. La couverture numérique est compliquée par cette géographie. C'est une collectivité d'outre-mer avec un statut d'autonomie comparable à celui de la Nouvelle-Calédonie ou de Wallis-et-Futuna. Certains dispositifs s'appliquent aux outre-mer mais pas nécessairement aux collectivités d'outre-mer (COM). Par exemple, nous n'avons pas pu bénéficier des attestations de déplacement numériques lors du confinement. Les usages en métropole ne s'appliquent pas de facto à l'ensemble des outre-mer.
Sur les infrastructures, la situation s'est nettement améliorée grâce aux investissements opérés par le pays et par l'État, notamment par le biais de dispositifs de défiscalisation et de subventions. Un premier câble international a été déployé il y a plus de 10 ans. Un second le sera d'ici quelques semaines. Notre couverture fibre se déploie massivement, même si peu de particuliers ou d'entreprises s'y abonnent. C'est un levier majeur pour obtenir une performance numérique suffisante.
L'ouverture à la concurrence s'est faite il y a quelques années. C'est un point positif qui permet une offre multiple. En revanche, les coûts sont très élevés, déconnectés des standards métropolitains. Cette situation pose un problème majeur en termes d'inclusion numérique. Même si le taux d'équipement en ordinateurs, en smartphones et en connexions internet a progressé et se rapproche des standards métropolitains, il reste très difficile de toucher les personnes défavorisées.
Au-delà de l'équipement, nous consacrons toute notre énergie à l'amélioration des usages. Les Polynésiens sont très attirés par le numérique et prêts à s'adapter. En revanche, il reste énormément de progrès à accomplir pour les entreprises et les administrations. Les communes doivent réaliser un travail important pour améliorer l'offre et les usages numériques. Nous avons profité de la période de confinement pour déployer au maximum le télétravail et l'e-commerce. Malheureusement, la plupart des entreprises et des administrations n'étaient pas prêtes. Maintenant que le déconfinement se met en place, nous pouvons travailler plus efficacement sur un déploiement massif des usages numériques. Nous travaillons avec Olivier Kressmann sur une initiative « Tech for islands ». Elle s'articule autour de la construction de solutions innovantes pour les îles, bien sûr pour la Polynésie, mais aussi pour l'ensemble des territoires insulaires, sur des problématiques qui leur sont propres, notamment « l'économie bleue », l'e-santé, l'e-éducation.
Je vous remercie d'avoir mis l'accent sur le fait que le statut de certains territoires, en particulier ceux du Pacifique, mais aussi tous ceux de l'article 74, peut porter préjudice dans des situations comme celle que nous venons de vivre. Lorsqu'en situation d'urgence, nous redonnons à l'État le pouvoir de gérer en direct, les décisions prises s'appliquent à la totalité du territoire national. Le fait d'avoir une autonomie ne signifie pas une rupture avec la solidarité nationale. Des efforts ont été consentis pendant la crise pour la Nouvelle-Calédonie, pour la Polynésie.
La parole est à M. Antonio Falemana Ilalio, chef du service de la coopération des politiques publiques et de développement du territoire de Wallis-et-Futuna.
Je remercie le sénateur Robert Laufoaulu qui m'a demandé de participer à cette visioconférence très importante pour notre territoire. Il est actuellement 2 heures du matin à Wallis. Je rappelle que Wallis-et-Futuna est toujours exempte de Covid-19. C'est le seul territoire français qui n'a pas été touché grâce notamment à la suspension des liaisons aériennes. Toutefois, cette suspension nous a également freinés dans la mise en oeuvre de notre stratégie numérique qui prévoyait la mise en place de la télémédecine et de l'e-formation. Ces développements sont possibles grâce à la mise en place d'un câble sous-marin financé dans le cadre du 11ème FED (fonds européen de développement) territorial. Ce câble, mis en place en 2016, et la stratégie du comité territorial ont permis à Wallis-et-Futuna d'être connecté au monde et de pallier les problèmes d'isolement rencontrés par les îles.
La stratégie numérique de Wallis-et-Futuna est centrée sur les questions sanitaires. Notre hôpital est sous-équipé et nous sommes toujours dépendants des évacuations sanitaires vers la Nouvelle-Calédonie, à plus de 3 000 kilomètres. La stratégie numérique nous permet de limiter ces dépenses. Grâce aux fonds européens et à l'État, nous développons nos équipements en télémédecine.
Nous avons également axé notre stratégie sur la jeunesse. Aujourd'hui, elle est contrainte de quitter l'île pour suivre des études. Le numérique permet de développer des e-formations, notamment par le biais de conventions avec l'université de Nouvelle-Calédonie. L'objectif est de créer une université de l'économie numérique à Wallis.
Voilà les deux axes que nous développons, avec nos moyens et avec l'aide de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. Nous espérons pouvoir limiter l'exode des jeunes qui partent en nombre pour souvent ne plus revenir.
Toutefois, aux yeux des autorités coutumières, le numérique ne constitue pas la solution à toutes les difficultés. Elles craignent le télescopage entre la société coutumière traditionnelle qui régit la vie des insulaires et la société numérique qui peut engendrer des violences.
Nous sommes preneurs de tout document écrit que vous voudrez bien nous transmettre. Je vous remercie d'avoir fait allusion aux règles coutumières. Je sais que ce n'est pas toujours facile de les concilier avec la modernité.
Je vous remercie également d'avoir rappelé l'engagement de notre collègue et ami Robert Laufoaulu sur la politique vis-à-vis du câble et l'utilisation des fonds structurels. Je sais également que tout ce que vous dites sur l'hôpital est parfaitement justifié. C'est un handicap pour les territoires isolés comme le vôtre.
Je cède la parole à Mme Betty Fausta, présidente de Guadeloupe Tech.
Guadeloupe Tech est une association qui représente plus de 270 entreprises et associations de l'économie numérique. Nous avons choisi le terme « économie numérique » car il n'y a pas que les entreprises strictement numériques qui participent à l'écosystème.
Nous animons la filière du numérique à travers les questions de l'emploi, de la formation, de la montée en compétences et de la préparation à travailler à l'international qui offre les débouchés les plus intéressants.
Nous intervenons dans les écoles pour sensibiliser les élèves au numérique. Nous nous intéressons aussi aux questions de l'innovation. Nous avons d'ailleurs fait remonter au secrétaire d'État au numérique des problématiques liées au crédit impôt recherche innovation. Celui-ci est très mal pris en compte par les services fiscaux qui le remboursent avec parfois plusieurs années de retard, pénalisant les entreprises.
Sur les dynamiques d'emploi, nous avons travaillé avec Pôle emploi de façon à avoir un référent numérique, co-recruté par Guadeloupe Tech et Pôle emploi. Des demandeurs d'emploi sont disponibles pour rejoindre nos entreprises mais ils doivent être formés. Le référent est là pour inciter les conseillers de Pôle emploi à être plus réactifs et à accroître l'activité sur tout l'archipel. Nous intervenons également sur des problématiques liées au renforcement des capacités.
Guadeloupe Tech est présente dans 11 commissions. Nous avons mis en place des ateliers pour que les femmes puissent développer leurs compétences et renforcer leurs capacités dans la gestion des entreprises et dans leur internationalisation.
Les conseillers du commerce extérieur de la France nous apportent leur soutien. Ensemble, nous avons sélectionné des start-up pour les accompagner à l'international.
Nos entreprises ont besoin de personnes qualifiées. Or nous offrons des salaires qui ne sont pas assez élevés. Nous sommes en effet confrontés à la concurrence de certains grands groupes comme La Poste ou Orange. Ils proposent des solutions à visée nationale et agissent comme un rouleau compresseur par rapport au marché local.
Les entreprises se sont adaptées à la crise en mettant en place des solutions de télétravail. Toutefois, les entreprises du tourisme souffrent particulièrement. Les banques ne jouent pas leur rôle au niveau du prêt garanti par l'État (PGE). Nous avons fait plusieurs interventions au niveau des directions des banques et contacté le cabinet de la ministre de l'outre-mer pour solliciter son intervention.
Nous avons également travaillé sur la sortie de crise, sur des problématiques qui touchent nos territoires discriminés. Les outre-mer sont discriminés sur la question des magasins d'application Android et Apple. 70 % des utilisateurs passent par leur mobile pour consommer des solutions internet. Or, lorsqu'on est en outre-mer, on ne peut pas déposer certaines applications sur les « stores » pour toucher les cibles francophones. Parallèlement, on ne peut pas avoir accès à certaines applications. La question de la TVA intracommunautaire, exigée sur certaines plateformes d'e-commerce, est également un frein à notre développement. De même, il est difficile de mettre en place des solutions automatiques, de type API (interface de programmation), permettant le dialogue automatique de plateforme à plateforme.
Notre territoire a plus que jamais besoin d'associations comme la nôtre pour renforcer l'économie numérique. Malheureusement, nous sommes sous-financés. C'est très long d'obtenir des subventions et très compliqué de choisir entre les dispositifs proposés par la région, l'État, l'Union européenne...
Pourtant, une filière forte créerait 1 000 à 2 000 emplois dans les 5 prochaines années et offrirait un gain de plusieurs points de PIB.
Enfin, nous avons le projet d'ouvrir, à la rentrée prochaine, un lieu totem, un lieu d'accompagnement, avec des chargés de mission qui s'assureront que nos entreprises, nos associations peuvent se développer avec le numérique.
Je vous remercie Madame la présidente d'avoir évoqué les problématiques de concurrence et de discrimination. Nous vivons dans un monde ouvert à la concurrence et en même temps, avec les nouvelles technologies, nous avons besoin d'une mutualisation partout où cela est possible et laissons de la marge aux opérateurs pour la concurrence dans le service à la clientèle. Nous y reviendrons peut-être en conclusion. Je cède la parole à M. Emmanuel Joseph, président de Martinique Tech.
Martinique Tech accompagne les entreprises dans leur croissance et accompagne le développement du territoire. J'aborderai deux thèmes : la circularité et l'attractivité de l'économie martiniquaise.
Pendant la crise, nos membres se sont mobilisés, bénévolement, pour accompagner les entreprises et les particuliers, notamment avec la mise en place de webinaires.
Pour la reprise, nous avons besoin de financements pour relancer l'activité autour de la circularité. Le Small Business Act (ou stratégie du bon achat) a été voté et nous offre la perspective d'une préférence territoriale. Il est maintenant essentiel de le mettre en oeuvre pour permettre aux entreprises locales de bénéficier de cet atout, pour les aider à répondre à des marchés.
Sur le plan de la transformation de l'action publique, nous avons une opportunité unique de bien faire les choses. Les financements sont disponibles et les personnes sont formées pour répondre à nos besoins. Pendant la crise, la majorité des services publics se sont arrêtés et les entreprises ont rencontré de grandes difficultés pour maintenir une continuité d'activité. Il serait intéressant de lier l'octroi de fonds publics à des critères de compétitivité et de performance des entreprises.
Il faut également développer l'attractivité des territoires. Nous avons la chance d'avoir une diaspora formée et une jeunesse mobilisée, avec de nombreux talents, mais la concurrence est mondiale. Recruter des profils pointus coûte très cher. Beaucoup de secteurs d'activité ont pu se développer grâce à des salaires bas. Dans l'industrie du numérique, il est indispensable de rémunérer convenablement les profils à haut potentiel qui développeront les activités. Nous pouvons bien entendu jouer sur l'affinitaire et sur la qualité de vie pour les inciter à s'installer en outre-mer. Toutefois, il est indispensable de faire évoluer le coût du travail, notamment avec le plafonnement des charges sociales.
Je rejoins la proposition de Stéphane Colombel de Digital Réunion sur la création d'une zone franche pour les activités numériques en outre-mer. Elle permettrait d'améliorer l'attractivité économique de nos territoires, d'attirer les investissements étrangers et surtout de faire revenir la diaspora. Aujourd'hui, nos écosystèmes nous permettent d'expérimenter de nouvelles manières de fonctionner.
Il nous semble également primordial de développer les délégués à la protection des données (DPO), c'est-à-dire l'export de services numériques, notamment les services à forte valeur ajoutée comme la réalité virtuelle ou l'animation.
Le Costa Rica est le 4ème exportateur mondial de services numériques. Les pays d'Amérique latine se développent rapidement et sont prêts à travailler avec nous. Malheureusement, nous avons du mal à suivre le rythme. Nous avons besoin des gros opérateurs mais aussi des institutions comme l'AFD, Proparco ou Business France.
Il faut développer l'emploi et la formation mais il faut aussi réfléchir à de nouveaux modèles économiques. Pour accueillir toutes les personnes formées, il est nécessaire de favoriser l'émergence de structures intermédiaires, mutualisées, pour faciliter l'accès aux marchés internationaux.
Pour terminer, je tire un signal d'alarme. Nous avons beaucoup de TPE avec moins de deux salariés. Nous nous orientons vers la précarisation de toutes ces personnes car l'économie numérique avance très vite.
Je vous remercie d'avoir évoqué un sujet auquel je suis moi-même très sensible, le Small Business Act. J'en connais la fragilité mais je sais aussi à quel point il est fondamental pour les territoires. Je souhaite que tout le monde laisse vivre cette préférence locale à l'emploi dans la mesure où elle n'est pas si discriminatoire que cela. Elle est intéressante pour nos entreprises locales.
Mme Salwa Toko, présidente du Conseil national du numérique (CNNum) m'a indiqué qu'elle devait quitter notre réunion. Je laisse donc la parole à M. Daniel Membrives, président de l'association Solidarnum.
J'ai été consultant TIC (Technologies de l'information et de la communication) et je dirige aujourd'hui Solidarnum, acronyme de solidarité numérique. L'association a été créée en 2011 et a trois missions principales. La première est réemploi et le recyclage d'ordinateurs dans un système vertueux. Nous constituons le pôle Réunion Mayotte pour le programme national ORDI 3.0. Pendant le confinement, nous avons participé à une opération de solidarité pédagogique avec un opérateur internet. La deuxième mission de Solidarnum est l'ouverture d'un Fablab pluridisciplinaire, le plus important de la zone sud de l'océan Indien. Fermé pendant deux mois, il fabrique aujourd'hui des visières et des masques. Notre troisième mission, qui a vu le jour en 2019, est une mission d'inclusion numérique. Nous avons été retenus comme porteur du hub « ultra-numérique ».
Quelle est la vision de Solidarnum sur le numérique inclusif à La Réunion pour le post-Covid ? Nous plaçons l'humain au coeur de nos préoccupations. Un individu qui n'est pas inclus numériquement ne pourra pas faire bénéficier l'industrie du numérique de ses capacités.
Dans notre vision du numérique inclusif, nous n'avons pas le souci des infrastructures. En revanche, il faut continuer à équiper les familles pour plus d'efficacité en cette période de solidarité pédagogique où certains élèves sont encore chez eux. Cela doit être accompagné de l'internet social qui n'a malheureusement pas encore vu le jour.
Je pense qu'il faut aussi favoriser le télétravail puisqu'il réduit les déplacements sur une île au relief difficile, qui souffre d'engorgement, avec pratiquement une seule route, même si nous sommes en train d'en construire une nouvelle qui limitera les embouteillages.
Les efforts pour animer ce réseau de l'inclusion numérique passent par la formation des accompagnateurs aidants et des médiateurs. Nous nous appuyons sur des organismes de formation comme l'AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), l'IRTS (Institut régional du travail social) ou le CNFPT ( Centre national de la fonction publique territoriale). Ce dernier doit mettre à son catalogue des modules de formation des agents des collectivités territoriales.
Nous espérons aussi mobiliser le secteur privé qui devra prendre la relève des aides publiques qui risquent de se tarir. Pour cela, dans un souci d'efficacité, nous sollicitons les chambres syndicales et les organisations patronales.
Nous pouvons également déployer notre dispositif « Pass numérique » en accompagnant les collectivités dans la mise en place de structures d'accueil comme France Services.
Nous pensons aussi qu'il faut créer du contenu numérique pour la culture et les arts en s'appuyant sur le projet Micro-Folie qui est un musée numérique. Il fournira de l'activité aux entreprises de Digital Réunion et permettra de faire rayonner la culture et l'art réunionnais en incluant ces contenus dans le socle fourni par le projet national Micro-Folie qui comprend le Louvre et beaucoup d'autres musées.
Nous souhaitons que les hubs d'inclusion numérique soient légitimés par une circulaire des préfets de région. Il n'y en a que 11 en France. Tous les outre-mer sont couverts à l'exclusion de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Saint-Barthélemy. Dix territoires sur douze sont regroupés dans les hubs. La métropole nous envie cette couverture.
Enfin, pour éviter le tarissement des flux d'aide sur l'inclusion numérique, il faudrait, par des mesures d'incitation fiscale, favoriser la mise en oeuvre de partenariats public-privé, comme l'abondement sur le Pass numérique. Nous sommes tous préoccupés par le taux d'illettrisme et donc par le taux d'illectronisme beaucoup plus important qu'en métropole.
Merci beaucoup pour votre contribution. J'ai bien noté votre souhait.
Vous avez notamment évoqué le télétravail qui a montré toute son importance en période de crise. La difficulté est de bien positionner le curseur pour maintenir le lien entre les salariés.
La parole est à M. Feyçoil Mouhoussoune, président du Groupement des entreprises mahoraises des technologies de l'information et de la communication (GEMTIC).
Le GEMTIC est un groupement créé en 2012, juste après l'arrivée du premier câble sous-marin à Mayotte. Ce câble a complètement bouleversé le secteur du numérique. Les infrastructures se sont développées et l'accès à l'internet s'est démocratisé. Aujourd'hui, on a accès à internet à des tarifs accessibles mais qui restent plus chers que ceux de l'Hexagone. Des efforts ont été faits sur les accès grand public. En revanche, les tarifs des accès professionnels en très haut débit restent très élevés.
À Mayotte, notre filière représente une centaine d'entreprises et 1 500 emplois directs et indirects. Elle est largement dominée par les opérateurs en termes de chiffre d'affaires et composée pour le reste de TPE.
Notre objectif est de donner plus de visibilité à ce secteur et de favoriser sa croissance. La filière numérique doit participer pleinement au développement de Mayotte. Le territoire bénéficie de financements dans le cadre du plan de convergence pour rattraper son retard et la filière numérique doit en bénéficier.
Les entreprises de services numériques (ESN) se développent mais elles rencontrent des difficultés. Nous manquons d'acteurs dans le secteur du développement ou de la création de contenus. Ce sont des métiers accessibles à la population jeune qui est la nôtre mais elle doit être formée.
Nous rencontrons les mêmes problématiques que les autres territoires en termes de compétitivité, avec des coûts de production élevés. La main-d'oeuvre est difficile à recruter et coûte cher car le secteur privé est en concurrence avec les administrations qui proposent des salaires indexés.
Le véritable enjeu est de structurer notre filière. Les infrastructures sont bonnes et devraient encore s'améliorer avec le déploiement de la 5G et d'offres pour la fibre beaucoup plus accessibles. Nous avons travaillé très en amont sur la structuration de la filière en essayant de voir comment accompagner l'émergence de nouvelles entreprises, comment accompagner l'innovation. Cette réflexion a abouti au projet de Technopole porté par la Chambre de commerce et d'industrie. Des espaces d'incubation faciliteront la mise en contact avec les centres de recherche. Les porteurs de projets pourront bénéficier d'un accompagnement. Ils sont souvent obligés de partir à La Réunion ou en métropole pour trouver un environnement adapté. Et malheureusement, trop souvent, ils ne reviennent pas. C'est préjudiciable pour notre territoire qui se situe dans un bassin où il y a des opportunités de croissance, en raison notamment des enjeux gaziers forts dans le canal de Mozambique.
Sur la formation, nous sensibilisons le rectorat à nos besoins. Nous cherchons à créer des ponts entre la formation et les entreprises. Ces actions ont conduit à la création d'un BTS informatique.
Web Force 3 s'est installée récemment et propose de la formation à des publics en décrochage. Nous multiplions les initiatives dans ce domaine mais il faudrait faire encore plus. La démographie du territoire est très dynamique et le chômage élevé. Le numérique a un rôle à jouer en proposant des emplois aux publics en décrochage.
Nous travaillons aussi sur le numérique en tant que catalyseur d'innovations. La technopole sera un des noeuds de cette dynamique.
Sur la problématique de l'inclusion, nous constatons sur notre territoire un taux de d'illectronisme élevé, aggravé par l'illettrisme. La politique de dématérialisation très poussée des services publics risque d'exclure de nombreuses personnes. Il faut que nous puissions avoir des relais locaux, des relais de médiation pour permettre à ces personnes d'accéder aux services publics. J'ai noté les initiatives de la Poste sur notre territoire mais elles doivent être complétées par des maisons de services publics de proximité avec des médiateurs qui sachent parler le mahorais ou le shibushi et qui soient capables d'accompagner les personnes exclues dans leurs démarches. La dématérialisation offre de vraies solutions par rapport à des problématiques de déplacement mais elle doit être accompagnée.
J'ai bien noté votre volonté de faire du numérique un catalyseur d'innovation au service de la jeunesse et de son avenir. J'apprécie, comme toutes les personnes autour de cette table, votre dynamisme et votre optimisme. Nous ne pouvons que vous encourager. Nous ferons au mieux pour en tenir compte. Je cède la parole à M. Vincent Reboul, président de la French Tech Guyane.
La French Tech Guyane est une communauté créée en 2017, labellisée French Tech en avril dernier. Elle fédère les entrepreneurs pour porter les sujets numériques et leur donner de la visibilité. Notre action consiste à valoriser et à promouvoir le secteur de l'innovation digitale en Guyane. Nous identifions les projets innovants, nous leur donnons du poids auprès des différents interlocuteurs, nous leur donnons de la visibilité aussi bien en Guyane qu'en outre-mer, en métropole ou au niveau international. L'export dans le numérique est une voie de développement très porteuse. Nous favorisons également la mise en réseau avec l'écosystème digital, notamment en Martinique et en Guadeloupe, mais aussi avec certaines collectivités d'outre-mer.
Beaucoup de choses ont été dites pendant cette table ronde. Toutefois, j'aimerais qu'on sorte du triptyque infrastructures / équipements / formation. C'est essentiel mais ce sont des sujets qui sont traités depuis 10 ou 15 ans. Il est temps de penser aussi aux usages, pas forcément du côté utilisateurs, mais plutôt du côté des créateurs de contenu et des fournisseurs de solutions numériques. Tout ne fonctionne pas parfaitement dans les infrastructures, mais beaucoup d'efforts ont été accomplis. La fibre se développe et la 4G fonctionne mieux à Cayenne que dans beaucoup d'endroits dans le monde. Il faut capitaliser sur ces atouts. Il reste bien sûr des problèmes à résoudre, en particulier au niveau de la logistique.
Il faut également travailler sur le sujet de la continuité territoriale numérique. Comme cela a été dit, sur les stores, des applications ne sont pas disponibles en outre-mer et pire, des développeurs d'outre-mer ne peuvent pas diffuser leurs applications. Cette situation casse des modèles économiques et a un impact sur les services qui sont proposés aux habitants de nos territoires. Nous rencontrons aussi des problèmes avec les systèmes de paiement en ligne, par exemple avec la plateforme Stripe. Une start-up qui fait de la télé consultation nous a sollicités car elle rencontre des difficultés pour reverser l'argent des consultations aux médecins qui ont des comptes en outre-mer. En effet, la plupart des plateformes de paiement considèrent les outre-mer comme zones à risque.
Il y a aussi des besoins en transformation digitale des entreprises et des administrations. La crise est révélatrice et accélératrice de la transformation numérique. Beaucoup d'entreprises ont été prises au dépourvu mais elles n'ont plus le choix. Elles doivent absolument digitaliser leurs activités. Toutefois, la transformation digitale ne doit pas se limiter à la mise en place de solutions dans l'urgence. Elle nécessite un accompagnement financier. Certains ont évoqué le chèque numérique. Aujourd'hui, en Guyane, il n'y a pas d'accompagnement de la transformation digitale des entreprises. Elle demande aussi de la sensibilisation auprès des chefs d'entreprise pour maîtriser vraiment les enjeux. Par exemple, derrière l'e-commerce, il y a des problématiques de logistique, de paiement...
Un dernier point sur l'attractivité du territoire. Il est indispensable de se battre contre la fuite des cerveaux. Le territoire doit redevenir attractif pour la diaspora ultramarine et pour les jeunes qui souvent ne reviennent pas à l'issue de leurs études dans l'Hexagone. Les entreprises qui innovent n'ont pas toujours les moyens d'embaucher à cause du coût du travail ou de la taille du marché.
Le Gouvernement a annoncé un plan de soutien aux entreprises technologiques. Dans quelle mesure une partie de ces fonds pourrait être fléchée pour l'outre-mer pour développer l'attractivité de ces territoires, développer l'emploi, redynamiser l'économie. Est-ce qu'on pourrait aller jusqu'à parler de souveraineté d'innovation en outre-mer ?
Vous avez évoqué des problématiques qui n'avaient pas encore été abordées, comme la création de contenu, la continuité territoriale numérique ou le fait de faire de la crise un révélateur et un catalyseur de la transformation numérique dans nos territoires, et enfin l'attractivité.
Je suis très heureux de cette table ronde. Je retiens le formidable potentiel de développement que représente le numérique pour les territoires ultramarins. Je ne vais pas reprendre les différentes questions qui vous ont été adressées. Vos réponses ont couvert l'ensemble des thèmes, à l'exception de la dernière remarque en lien avec les plans de relance. Le potentiel de l'innovation numérique fait consensus.
Il y a des disparités pour chacun des territoires. Saint-Pierre-et-Miquelon est très différent des autres territoires ultramarins. C'est important que le Gouvernement, les opérateurs et les investisseurs ne l'oublient pas.
Je suis plutôt optimiste mais je reste vigilant. L'investissement public dans le numérique doit rester massif en outre-mer, notamment sur les petits territoires où il y a des effets de seuil liés aux populations. Les investissements sont lourds et un opérateur doit pouvoir rentabiliser son investissement. Quand ce n'est pas possible, il faut trouver des partenariats publics privés intelligents qui permettent d'investir de manière rentable.
Nous allons reprendre dans le rapport vos pistes de propositions liées à votre expérience de la crise. Les zones franches globales liées au numérique et à l'innovation me paraissent très intéressantes avec, par exemple, un effet de levier sur l'exonération des charges.
Je voudrais moi aussi vous remercier pour vos interventions très enrichissantes et très intéressantes. On voit tout le potentiel qu'il y a dans le numérique pour nos territoires d'outre-mer.
Le numérique a permis de compenser partiellement les effets de la crise pour les entreprises et pour les particuliers, avec le télétravail, la télémédecine, l'enseignement à distance, la e-éducation. Cette séquence a permis de progresser rapidement dans les usages numériques. Je suis certaine que le numérique sera un facteur clé de la relance.
Je constate également que la crise a montré que le tout numérique pouvait aggraver certaines inégalités. Vous avez dû aider les petites entreprises à aller vers le numérique. Vous avez aussi souligné la question de l'illectronisme. Certaines personnes ont eu du mal à exercer leurs droits.
La question de la dématérialisation des services publics, avec un objectif de 100 % en 2022, doit être suivie avec attention. Je pense qu'il faut mieux coordonner toutes les actions mises en place par les associations ou par la Poste et préparer la transition avec les travailleurs sociaux pour ne laisser personne au bord du chemin.
Enfin, la question des compétences est importante. Pour assurer de la médiation, l'inclusion numérique, il faut des personnes compétentes. Pour développer de l'innovation dans les entreprises, il faut des personnels compétents. Cela passe par des formations sur place pour garder sur les territoires les compétences numériques.
Je vous remercie de vous être réunis autour d'une même table, même si elle est virtuelle, et d'avoir évoqué librement toutes les problématiques que nous avons en commun dans les outre-mer. Elles sont nombreuses. J'ai bien perçu la nécessité d'une mutualisation de tout ce qui est fait, avec une implication forte de l'État et des collectivités territoriales, tout en laissant une place pour la concurrence dans la relation à la clientèle. Vous êtes des opérateurs, vous travaillez dans un monde concurrentiel et il faut aussi laisser s'exercer cette concurrence.
J'ai noté la problématique des surcoûts. Nous sommes battus contre les surcoûts et nous avons marqué des points dans la téléphonie mobile. Il reste du chemin à parcourir pour la data. La France doit peut-être peser davantage dans les relations avec les multinationales qui gèrent les raccordements au câble qui nous mettent en difficulté.
J'ai également pris note du levier de la formation et de l'idée de faire de nos territoires des zones franches numériques.
Je retiens les difficultés liées au statut de certains territoires, notamment ceux de l'article 74 dont font partie Saint-Barthélemy, la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie et Saint-Pierre-et-Miquelon. À Wallis-et-Futuna, la problématique de la télémédecine et des évacuations sanitaires est très sensible.
J'ai noté les problématiques de concurrence et de discrimination territoriale et que le Small Business Act pouvait s'appliquer au numérique.
Nous avons également évoqué le télétravail et la nécessité de trouver un équilibre pour garder le lien social que peuvent apporter le travail et la vie en communauté. Les hubs d'inclusion numérique sont aussi une très belle idée. Le numérique comme outil d'innovation au service de la jeunesse et de son avenir c'est une idée que je trouve formidable.
Enfin, la crise aura été un catalyseur de la transformation numérique de nos territoires.
Merci à vous tous et à vous toutes pour votre participation.
J'ai aussi beaucoup appris pendant cette audition. Je suis depuis longtemps préoccupé par l'économie du numérique même si je ne suis pas un spécialiste. Le numérique soulève des questions d'infrastructures, d'attractivité, de concurrence, de compétitivité, de coûts.
Je souhaiterais insister pour que dans le rapport nous ayons quelques éléments sur les infrastructures dans chacun des territoires.
Je connais les efforts qui ont été faits pour installer le câble à Wallis-et-Futuna. Dans certains territoires, il y a encore des problèmes de maillage, d'organisation des réseaux, des problèmes de FTTH (Fiber to the Home). J'ai au moment où je vous parle un vrai problème de débit montant et descendant. Nous avons pris du retard dans les territoires notamment, en Guadeloupe. J'aimerais savoir quel est le prix de la bande passante. J'aimerais connaître les coûts standards d'une entreprise numérique, ceux des petites et ceux des grandes et comprendre pourquoi les tarifs sont parfois prohibitifs.
Est-ce que la concurrence est suffisante ? Il y a des monopoles sur le transport des données. Est-ce qu'on peut en parler, notamment sur le satellite ? Est-ce qu'on peut consulter l'Autorité de la concurrence ? Nous avions demandé des enquêtes pour savoir quels étaient les tarifs pratiqués. Pour les particuliers, le roaming reste coûteux malgré les actions initiées par le Sénat en 2013, avant même celles menées par l'Europe.
J'ai vu les 4 opérateurs qui m'ont dit qu'ils n'investiraient plus dans le numérique dans les outre-mer. Ce qui est fait aujourd'hui ne respecte pas, à mon sens, ce qui avait été décidé à l'époque.
J'ai présenté des propositions à la région sur le FTTH, la suppression de l'ADSL, de la boucle en cuivre. Nous avons un énorme travail à accomplir sur les infrastructures, sur les équipements, sur la concurrence, un travail pour faire baisser le coût de la bande passante. La région Guadeloupe est propriétaire d'une partie du câble qui va à Porto Rico et à Miami et la gestion de ce câble n'est pas toujours réalisée en faveur des entreprises et de leur compétitivité.
Avec ces éléments, nous aurons une meilleure connaissance de l'économie numérique dans nos territoires.
Je reconnais que les questions posées sont fondamentales. Cette problématique mériterait que la délégation envisage à l'avenir un travail de fond sur le numérique dans sa globalité de manière à fixer les nouvelles orientations et faire des propositions.
Dans l'organisation de nos tables rondes, il est extrêmement difficile d'être exhaustif. Nous avons fait au mieux pour couvrir les territoires et les intervenants.
Je remercie et félicite tous les intervenants. J'ai également beaucoup appris. Il serait intéressant que vous nous transmettiez par écrit des propositions qui pourraient contribuer à enrichir ce rapport, par exemple sur la bio-informatique.
Parmi nos différents besoins, la création de filières de formation avec l'Université me semble primordiale, surtout pour la fibre. Il y a des zones blanches sur notre territoire. Le Défenseur des droits a souligné devant notre délégation en décembre dernier l'existence de nombreuses zones blanches en outre-mer qui génère de grandes inégalités.
Je vous remercie beaucoup pour vos interventions, votre implication et pour tout ce que vous faites.