J'ai été consultant TIC (Technologies de l'information et de la communication) et je dirige aujourd'hui Solidarnum, acronyme de solidarité numérique. L'association a été créée en 2011 et a trois missions principales. La première est réemploi et le recyclage d'ordinateurs dans un système vertueux. Nous constituons le pôle Réunion Mayotte pour le programme national ORDI 3.0. Pendant le confinement, nous avons participé à une opération de solidarité pédagogique avec un opérateur internet. La deuxième mission de Solidarnum est l'ouverture d'un Fablab pluridisciplinaire, le plus important de la zone sud de l'océan Indien. Fermé pendant deux mois, il fabrique aujourd'hui des visières et des masques. Notre troisième mission, qui a vu le jour en 2019, est une mission d'inclusion numérique. Nous avons été retenus comme porteur du hub « ultra-numérique ».
Quelle est la vision de Solidarnum sur le numérique inclusif à La Réunion pour le post-Covid ? Nous plaçons l'humain au coeur de nos préoccupations. Un individu qui n'est pas inclus numériquement ne pourra pas faire bénéficier l'industrie du numérique de ses capacités.
Dans notre vision du numérique inclusif, nous n'avons pas le souci des infrastructures. En revanche, il faut continuer à équiper les familles pour plus d'efficacité en cette période de solidarité pédagogique où certains élèves sont encore chez eux. Cela doit être accompagné de l'internet social qui n'a malheureusement pas encore vu le jour.
Je pense qu'il faut aussi favoriser le télétravail puisqu'il réduit les déplacements sur une île au relief difficile, qui souffre d'engorgement, avec pratiquement une seule route, même si nous sommes en train d'en construire une nouvelle qui limitera les embouteillages.
Les efforts pour animer ce réseau de l'inclusion numérique passent par la formation des accompagnateurs aidants et des médiateurs. Nous nous appuyons sur des organismes de formation comme l'AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), l'IRTS (Institut régional du travail social) ou le CNFPT ( Centre national de la fonction publique territoriale). Ce dernier doit mettre à son catalogue des modules de formation des agents des collectivités territoriales.
Nous espérons aussi mobiliser le secteur privé qui devra prendre la relève des aides publiques qui risquent de se tarir. Pour cela, dans un souci d'efficacité, nous sollicitons les chambres syndicales et les organisations patronales.
Nous pouvons également déployer notre dispositif « Pass numérique » en accompagnant les collectivités dans la mise en place de structures d'accueil comme France Services.
Nous pensons aussi qu'il faut créer du contenu numérique pour la culture et les arts en s'appuyant sur le projet Micro-Folie qui est un musée numérique. Il fournira de l'activité aux entreprises de Digital Réunion et permettra de faire rayonner la culture et l'art réunionnais en incluant ces contenus dans le socle fourni par le projet national Micro-Folie qui comprend le Louvre et beaucoup d'autres musées.
Nous souhaitons que les hubs d'inclusion numérique soient légitimés par une circulaire des préfets de région. Il n'y en a que 11 en France. Tous les outre-mer sont couverts à l'exclusion de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Saint-Barthélemy. Dix territoires sur douze sont regroupés dans les hubs. La métropole nous envie cette couverture.
Enfin, pour éviter le tarissement des flux d'aide sur l'inclusion numérique, il faudrait, par des mesures d'incitation fiscale, favoriser la mise en oeuvre de partenariats public-privé, comme l'abondement sur le Pass numérique. Nous sommes tous préoccupés par le taux d'illettrisme et donc par le taux d'illectronisme beaucoup plus important qu'en métropole.