Le GEMTIC est un groupement créé en 2012, juste après l'arrivée du premier câble sous-marin à Mayotte. Ce câble a complètement bouleversé le secteur du numérique. Les infrastructures se sont développées et l'accès à l'internet s'est démocratisé. Aujourd'hui, on a accès à internet à des tarifs accessibles mais qui restent plus chers que ceux de l'Hexagone. Des efforts ont été faits sur les accès grand public. En revanche, les tarifs des accès professionnels en très haut débit restent très élevés.
À Mayotte, notre filière représente une centaine d'entreprises et 1 500 emplois directs et indirects. Elle est largement dominée par les opérateurs en termes de chiffre d'affaires et composée pour le reste de TPE.
Notre objectif est de donner plus de visibilité à ce secteur et de favoriser sa croissance. La filière numérique doit participer pleinement au développement de Mayotte. Le territoire bénéficie de financements dans le cadre du plan de convergence pour rattraper son retard et la filière numérique doit en bénéficier.
Les entreprises de services numériques (ESN) se développent mais elles rencontrent des difficultés. Nous manquons d'acteurs dans le secteur du développement ou de la création de contenus. Ce sont des métiers accessibles à la population jeune qui est la nôtre mais elle doit être formée.
Nous rencontrons les mêmes problématiques que les autres territoires en termes de compétitivité, avec des coûts de production élevés. La main-d'oeuvre est difficile à recruter et coûte cher car le secteur privé est en concurrence avec les administrations qui proposent des salaires indexés.
Le véritable enjeu est de structurer notre filière. Les infrastructures sont bonnes et devraient encore s'améliorer avec le déploiement de la 5G et d'offres pour la fibre beaucoup plus accessibles. Nous avons travaillé très en amont sur la structuration de la filière en essayant de voir comment accompagner l'émergence de nouvelles entreprises, comment accompagner l'innovation. Cette réflexion a abouti au projet de Technopole porté par la Chambre de commerce et d'industrie. Des espaces d'incubation faciliteront la mise en contact avec les centres de recherche. Les porteurs de projets pourront bénéficier d'un accompagnement. Ils sont souvent obligés de partir à La Réunion ou en métropole pour trouver un environnement adapté. Et malheureusement, trop souvent, ils ne reviennent pas. C'est préjudiciable pour notre territoire qui se situe dans un bassin où il y a des opportunités de croissance, en raison notamment des enjeux gaziers forts dans le canal de Mozambique.
Sur la formation, nous sensibilisons le rectorat à nos besoins. Nous cherchons à créer des ponts entre la formation et les entreprises. Ces actions ont conduit à la création d'un BTS informatique.
Web Force 3 s'est installée récemment et propose de la formation à des publics en décrochage. Nous multiplions les initiatives dans ce domaine mais il faudrait faire encore plus. La démographie du territoire est très dynamique et le chômage élevé. Le numérique a un rôle à jouer en proposant des emplois aux publics en décrochage.
Nous travaillons aussi sur le numérique en tant que catalyseur d'innovations. La technopole sera un des noeuds de cette dynamique.
Sur la problématique de l'inclusion, nous constatons sur notre territoire un taux de d'illectronisme élevé, aggravé par l'illettrisme. La politique de dématérialisation très poussée des services publics risque d'exclure de nombreuses personnes. Il faut que nous puissions avoir des relais locaux, des relais de médiation pour permettre à ces personnes d'accéder aux services publics. J'ai noté les initiatives de la Poste sur notre territoire mais elles doivent être complétées par des maisons de services publics de proximité avec des médiateurs qui sachent parler le mahorais ou le shibushi et qui soient capables d'accompagner les personnes exclues dans leurs démarches. La dématérialisation offre de vraies solutions par rapport à des problématiques de déplacement mais elle doit être accompagnée.