Intervention de Vincent Reboul

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 11 juin 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique outre-mer à la suite de la crise du covid-19 — Table ronde sur le numérique

Vincent Reboul, président de la French Tech Guyane :

La French Tech Guyane est une communauté créée en 2017, labellisée French Tech en avril dernier. Elle fédère les entrepreneurs pour porter les sujets numériques et leur donner de la visibilité. Notre action consiste à valoriser et à promouvoir le secteur de l'innovation digitale en Guyane. Nous identifions les projets innovants, nous leur donnons du poids auprès des différents interlocuteurs, nous leur donnons de la visibilité aussi bien en Guyane qu'en outre-mer, en métropole ou au niveau international. L'export dans le numérique est une voie de développement très porteuse. Nous favorisons également la mise en réseau avec l'écosystème digital, notamment en Martinique et en Guadeloupe, mais aussi avec certaines collectivités d'outre-mer.

Beaucoup de choses ont été dites pendant cette table ronde. Toutefois, j'aimerais qu'on sorte du triptyque infrastructures / équipements / formation. C'est essentiel mais ce sont des sujets qui sont traités depuis 10 ou 15 ans. Il est temps de penser aussi aux usages, pas forcément du côté utilisateurs, mais plutôt du côté des créateurs de contenu et des fournisseurs de solutions numériques. Tout ne fonctionne pas parfaitement dans les infrastructures, mais beaucoup d'efforts ont été accomplis. La fibre se développe et la 4G fonctionne mieux à Cayenne que dans beaucoup d'endroits dans le monde. Il faut capitaliser sur ces atouts. Il reste bien sûr des problèmes à résoudre, en particulier au niveau de la logistique.

Il faut également travailler sur le sujet de la continuité territoriale numérique. Comme cela a été dit, sur les stores, des applications ne sont pas disponibles en outre-mer et pire, des développeurs d'outre-mer ne peuvent pas diffuser leurs applications. Cette situation casse des modèles économiques et a un impact sur les services qui sont proposés aux habitants de nos territoires. Nous rencontrons aussi des problèmes avec les systèmes de paiement en ligne, par exemple avec la plateforme Stripe. Une start-up qui fait de la télé consultation nous a sollicités car elle rencontre des difficultés pour reverser l'argent des consultations aux médecins qui ont des comptes en outre-mer. En effet, la plupart des plateformes de paiement considèrent les outre-mer comme zones à risque.

Il y a aussi des besoins en transformation digitale des entreprises et des administrations. La crise est révélatrice et accélératrice de la transformation numérique. Beaucoup d'entreprises ont été prises au dépourvu mais elles n'ont plus le choix. Elles doivent absolument digitaliser leurs activités. Toutefois, la transformation digitale ne doit pas se limiter à la mise en place de solutions dans l'urgence. Elle nécessite un accompagnement financier. Certains ont évoqué le chèque numérique. Aujourd'hui, en Guyane, il n'y a pas d'accompagnement de la transformation digitale des entreprises. Elle demande aussi de la sensibilisation auprès des chefs d'entreprise pour maîtriser vraiment les enjeux. Par exemple, derrière l'e-commerce, il y a des problématiques de logistique, de paiement...

Un dernier point sur l'attractivité du territoire. Il est indispensable de se battre contre la fuite des cerveaux. Le territoire doit redevenir attractif pour la diaspora ultramarine et pour les jeunes qui souvent ne reviennent pas à l'issue de leurs études dans l'Hexagone. Les entreprises qui innovent n'ont pas toujours les moyens d'embaucher à cause du coût du travail ou de la taille du marché.

Le Gouvernement a annoncé un plan de soutien aux entreprises technologiques. Dans quelle mesure une partie de ces fonds pourrait être fléchée pour l'outre-mer pour développer l'attractivité de ces territoires, développer l'emploi, redynamiser l'économie. Est-ce qu'on pourrait aller jusqu'à parler de souveraineté d'innovation en outre-mer ?

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