Intervention de Roger Hélène

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 28 mai 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique outre-mer à la suite de la crise du covid-19 — Table ronde sur le btp et le logement social

Roger Hélène, président de la Fédération des entrepreneurs et artisans du bâtiment et des travaux publics de Saint-Pierre-et-Miquelon (FEABTP) :

Je rejoins ce qu'ont dit mes confrères sur la situation économique de nos territoires. Sur Saint-Pierre-et-Miquelon, nous avons subi les mêmes difficultés. Je précise que notre secteur représente 25 % du secteur privé.

Nos difficultés sont surtout liées à la saisonnalité, puisque nous nous arrêtons en moyenne quatre mois pendant l'hiver. En conséquence, nous peinons déjà à traverser cette période. Le Covid-19 ne nous a pas aidés et a freiné les chantiers en activité, notamment du fait de la peur des salariés et des arrêts maladie, entraînant un surcoût pour les entreprises qui avaient de l'activité. Nous peinons aujourd'hui à redémarrer. Nous avons fait face à quelques difficultés de lancement d'appels d'offres infructueux. Cette situation est dommageable pour la profession car nous avons besoin de travailler.

Aujourd'hui, la lisibilité par rapport à l'avenir, pour la programmation de l'activité, est le sujet qui nous importe. Une amélioration s'est faite sentir grâce aux discussions que nous avons eues avec les maîtres d'ouvrage, par l'intermédiaire de l'Observatoire de la demande publique. Par rapport aux années 2000, une baisse de 40 % de l'activité dans le secteur du BTP est observée sur l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon. Les grandes difficultés que nous rencontrons aujourd'hui sont consécutives aux prix bas, à la sous-estimation des projets et aux relances continuelles des appels d'offres. Les entreprises travaillent pour rien, elles ont des surcoûts et les dossiers ne sortent pas. La méconnaissance du territoire par les maîtrises d'oeuvre extérieures occasionne un ralentissement sur l'organisation de l'activité.

Sur l'archipel, compte tenu du manque d'aide et d'accompagnement, le logement intermédiaire pose davantage problème que le logement social qui est relayé par les collectivités. Par le passé, sur le territoire nous disposions de la LBU. Nous l'avons redemandée pour faire face au manque de logement sur le territoire. La réhabilitation du patrimoine bâti peine aussi à démarrer. Comme le disait l'un de mes confrères, les banques sont très frileuses pour financer les projets. Souvent des réponses sont attendues sept, huit mois, voire un an pour un projet d'investissement. À partir du moment où les demandes d'investissements sont verrouillées, le territoire se meurt. C'est un problème qu'il faut débloquer sur Saint-Pierre-et-Miquelon.

Nous enregistrons une baisse de 40 % de l'activité par rapport aux années 2000. Les maîtres d'ouvrage ont essayé de jouer le jeu, de lancer des chantiers susceptibles de commencer de suite avec des matériaux dont nous disposons sur l'archipel. En revanche, nous rencontrons des difficultés d'approvisionnement pour les produits en provenance d'Europe. En effet, les usines sont fermées et les fournisseurs ne nous répondent que très tardivement. J'estime que la saison sera très réduite concernant le bâtiment. Quant aux travaux publics, les matériaux présents sur le territoire devraient permettre un fonctionnement correct.

Je déplore toujours le manque de lisibilité à moyen terme. Un des grands projets que nous souhaiterions mettre en place porte sur l'attractivité du territoire, en remettant aujourd'hui la ville en état, ses chaussées, etc. Aujourd'hui, ce projet peine à se développer. Les chantiers de voirie et réseaux divers (VRD) devraient être lancés, notamment pour la protection des littoraux qui pourraient donner de l'activité tout de suite au bâtiment. Nous avons des coûts d'importation de matériaux considérables en provenance d'Europe. Par exemple, un container de 40 pieds coûte actuellement environ 10 000 euros, soit un surcoût élevé, voire prohibitif, pour des matières premières de base comme le plâtre, l'acier, le ciment ou le béton.

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