Je suis frappé par la folle histoire d'internet, à savoir la connexion d'ordinateurs conçus initialement pour des usages militaires, puis privés. Là-dessus, une industrie privée naît et nous constatons que le numérique constitue désormais un langage et un service universels. La rapidité de cette évolution est quelque peu désemparent. Vos propos sont judicieux. Devant ce retard de 13 millions de Français qu'a rappelé le Président, nous sommes un peu rassurés de voir que l'Europe commence à en prendre conscience et que des mesures d'accompagnement au numérique sont mises en place. C'est une information intéressante.
Après avoir entendu M. Olivier Sichel, directeur général adjoint de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), nous comprenons qu'il va falloir trouver des moyens financiers - et c'est mon obsession -. L'Etat ne pourra pas financer seul les politiques d'inclusion numérique. Il faut une contribution de ceux qui sont en train de bâtir des fortunes mirobolantes avec le numérique. Des amendes conséquentes ont été infligées par l'Europe à certains géants du numérique. Le montant de ces amendes pourrait être réparti à l'échelle européenne pour financer des politiques de lutte contre l'illectronisme, Ainsi, le rapport que nous rendrons devra comporter une dimension européenne car nous avons la chance d'avoir un commissaire, Thierry Breton, qui en a fait sa priorité et a par ailleurs sonné l'alarme sur la sécurité européenne du numérique.
Nous voyons les enjeux de notre mission : nous partons du terrain, cherchons un maillage pertinent. Il faut ensuite trouver comment structurer des partenariats, par exemple par l'intermédiaire de l'EPCI, avec le Département, ou la Région, bien que cette dernière ne soit peut-être pas d'une taille adaptée, j'en conviens. Ensuite, vient l'État, qui doit se préoccuper d'offrir à tous les citoyens le même accès au numérique, partout sur le territoire national, pour que ceux-ci ne se sentent pas de seconde ou troisième zone.
Les propositions formulées ne s'avéreront efficaces que si le Gouvernement en fait une priorité. Pour l'heure, nous attendons un Secrétaire d'État. Le numérique, nous n'en avons pas entendu parler dans les premières nominations et j'en suis déçu.
Je partage les compléments et remarques que vous apportez. Aujourd'hui, en écrivant les premières lignes de ce rapport et avec les échéances de septembre, nous allons découvrir les ambitions européennes en matière de relance économique, et la part du numérique dans cette ambition. Cependant, dans cette situation de transition, il reste à rédiger une espèce de charte qui, d'une part, définirait les moyens financiers précis et, d'autre part, fixerait le cadre d'intervention de l'État d'intervenir, par exemple pour définir une politique de rattrapage, ou comme le dit le Président, pour augmenter le socle des personnes ayant accès à l'outil numérique. Certes, une grande majorité de personnes maîtrise l'ouverture de l'ordinateur ou l'envoi d'un mail. Cependant, pour les autres, il faut favoriser l'intégration en tant que citoyens et en tant que salariés d'entreprises de plus en plus numérisées. Il faut prendre conscience que ces mutations engagent notre capacité à suivre cette économie mondiale et libéralisée, en ayant chacun une formation numérique performante.
Au niveau européen, nous avons un déficit de recrutements et de compétences chez les techniciens supérieurs du numérique. La France n'est pas la mieux placée pour l'innovation et la recherche. Nous constatons un grand écart, décevant. Toutefois, vous l'avez souligné, il existe énormément d'initiatives, que nous devrons recenser, afin de leur donner les moyens pour couvrir l'ensemble du territoire national avec un maillage adéquat.
Comme vu au Sicoval, une pluralité d'actions permet l'appropriation du numérique par les populations. À Labège, les citoyens présents étaient de tous âges et de toutes formations, et s'étaient appropriés des moyens donnés par les collectivités, mais avec une forte volonté humaine. Le savoir numérique est indispensable à d'autres êtres humains, et la chaîne de solidarité numérique existe et peut se développer. Nous avons partagé un grand moment de solidarité numérique alors que cet outil paraît personnel et métallique. Il y a une âme dans le numérique et nous l'avons rencontrée au Sicoval.