Intervention de Jacques Andrieu

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 4 juin 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique outre-mer à la suite de la crise du covid-19 — Table ronde sur l'agriculture et la pêche

Jacques Andrieu, directeur de l'Office de développement de l'économie agricole d'outre-mer (ODEADOM) :

Je tenterai d'être bref puisque la majorité des informations présentées par M. Arnaud Martrenchar sont des éléments que nous partageons. J'amènerai simplement des éléments d'éclairage complémentaires en me limitant aux quelques grands chapitres souhaités par les rapporteurs.

Sur les questions posées par M. Stéphane Artano, je suis en ligne avec ce qu'a indiqué M. Arnaud Martrenchar. J'ajouterai peut-être les problématiques de main-d'oeuvre pendant la crise. Les agriculteurs et les industries agroalimentaires ont dû faire face à des difficultés de main-d'oeuvre. Nous devrons chiffrer non seulement les pertes de production mais également les surcoûts qu'ont dû supporter les acteurs économiques (sur le fret aérien mais pas seulement).

Le sénateur Stéphane Artano s'interroge sur les inquiétudes pour les filières exportatrices. Comme cela a été énoncé pour la filière melon Martinique/Guadeloupe, les conseils d'administration de la filière sont véritablement inquiets. Nous devons nous mobiliser pour continuer à faire vivre cette filière. Nous n'observons donc pas de problème de demande : les melons étaient vendus dès leur arrivée en métropole, même avec des coûts supplémentaires. Le problème était celui de l'approvisionnement des marchés métropolitains.

Quant aux questions de Mme Viviane Artigalas, tous les acteurs se sont mobilisés en vue de la reprise d'activité. L'extrême mobilisation de tous les acteurs est le véritable enseignement de la période : producteurs, entreprises et organisations interprofessionnelles. Cette mobilisation doit être saluée par tous. La reprise est anticipée, les gens sont déjà au travail.

Nous devrons être en mesure de capitaliser sur les initiatives nées dans cette période. M. Martrenchar en a cité un certain nombre. Nous devons nous interroger la manière de mettre en avant les approvisionnements locaux. Des initiatives en la matière ont été assez parlantes, à La Réunion notamment : les marchés ont été largement approvisionnés par les producteurs locaux et les consommateurs ont largement apprécié.

Enfin, pour les fonds européens supplémentaires, il revient d'abord au ministère de se prononcer sur cette question. Nous restons vigilants. La mise en oeuvre du dispositif « circonstances exceptionnelles » est urgente pour que les aides d'État ne soient pas perdues pour les producteurs lorsqu'ils font face à des baisses de production. Les aides d'État dans les outre-mer sont couplées de manière très spécifique à la production : lors d'une baisse de production, les producteurs subissent donc une double peine. La Commission européenne s'est montrée très ouverte sur le sujet, la mise en oeuvre de ce dispositif doit être l'une des priorités des prochaines semaines.

La question de l'autonomie alimentaire trouve un éclairage nouveau après cette crise. Nous devrons capitaliser sur ce qui a été vécu par l'ensemble des acteurs durant la crise du Covid-19. Nous devrons travailler sur la confiance du consommateur : par l'identification des origines, du marquage de ces origines, d'un logo qui permettrait d'assurer cette traçabilité.

J'aimerais partager un message d'optimisme, je ne crois pas du tout que les outre-mer soient condamnées à avoir un défaut de compétitivité sur l'ensemble des productions. Les territoires sont très riches d'un point de vue agro-économique, les marchés de consommateurs sont présents. Certes, nous avons un effort à faire vers la restauration collective, avec un véritable travail d'accompagnement ; mais nous devons nous focaliser sur les atouts actuels des outre-mer.

Pour nous, la priorité de cette période a été de maintenir des rythmes de paiement : il ne s'agissait pas de pénaliser en plus les opérateurs avec des difficultés de mise en oeuvre des paiements publics. Nous sommes arrivés tant bien que mal à tenir le rythme.

Je m'arrête là et reste à votre disposition pour toutes les questions que vous vous poserez.

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