Intervention de Georges-Michel Karam

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 4 juin 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique outre-mer à la suite de la crise du covid-19 — Table ronde sur l'agriculture et la pêche

Georges-Michel Karam, président du Comité régional des pêches de Guyane :

La pêche en Guyane est proche de mourir, et je pèse mes mots quand je vous dis cela.

Nous avons le problème de la pêche illégale venant du Suriname et du Brésil pour la pêche côtière. Notre production ne peut être absorbée par les usiniers de Guyane car ils n'ont pas les moyens financiers pour payer les armateurs. Aujourd'hui 60 % de la flotte est arrêtée car nous ne pouvons pas vendre notre poisson.

Au début de la crise, il nous a été demandé de pêcher pour nourrir la population, cela a été fait et la Guyane n'a jamais manqué de poisson durant cette période.

Aujourd'hui nous voyons que la France a injecté de nombreuses aides, mais elles nous sont inaccessibles car il faut être à jour des cotisations fiscales et sociales. Les pêcheurs vont pêcher, les armements rentrent et ne sont pas payés.

La pêche illégale n'arrive pas à être éradiquée par les autorités françaises, l'Europe construit des usines au Suriname et au Brésil qui nous concurrencent directement sur nos propres marchés des Antilles.

La pêche au large est également impactée. Comme le disait Olivier Marie-Reine, les Vénézuéliens viennent sous des faux noms, des faux prétextes pour aller revendre aux Antilles. Systématiquement, la marine observe des bateaux en provenance de la Barbade qui viennent pêcher les thons, les marlins...C'est très grave car si ce pillage ne cesse pas, nous n'aurons plus de pêche.

Les bateaux sont garés en plein jour au milieu des embouchures et nous empêchent de sortir pour aller pêcher.

Je le répète, la pêche en Guyane est à l'agonie. Beaucoup de promesses ont été faites, nous attendons toujours le plan de compensation des surcoûts. Je ne parle que des pêcheurs, pas même des usiniers. Le coronavirus est arrivé en mauvaise saison, nous avons pourtant affronté la mer avec ce que nous avions pour pouvoir nourrir la population.

Tout ce que je pouvais dire a été dit par Olivier Marie-Reine, Charly Vincent, et mon collègue de La Réunion, je suis entièrement d'accord avec eux sur ces problèmes.

De l'aide au stockage a été demandée : quand les bateaux n'arrivaient pas à vendre en direct, il y avait toujours des surcoûts, des surplus de poissons que les usiniers auraient normalement pu récupérer. Nous nous retrouvons dans un carcan. Une multitude de promesses a été faite, mais aucune ne s'est concrétisée sur le terrain.

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