Au nom de mon groupe, je voudrais m'associer à l'hommage rendu aux soldats décédés au Mali.
J'ai écouté hier votre audition à l'Assemblée nationale. J'ai aussi écouté le chef d'état-major des armées, qui a indiqué le 19 avril que la question de savoir si la mission Foch devait être maintenue s'est posée à partir du début du mois de mars. La décision de la poursuivre aurait été prise par le commandement de la marine et lui-même. Par ailleurs, la presse, par la voix de l'Association des journalistes de défense, s'est plainte d'avoir été maltraitée dans cette affaire comme jamais auparavant et s'est fait l'écho d'une demande du pacha du Charles-de-Gaulle de regagner son port d'attache mi-mars. Tout cela serait resté au niveau militaire.
Nous ne voulons surtout pas remettre en cause votre parole ni celle du chef d'état-major des armées, mais je me permets tout de même de faire état de mon étonnement qu'une telle décision ne soit pas remontée au niveau politique, alors que le Charles-de-Gaulle est considéré comme le fleuron de nos capacités de défense, que le chef d'état-major particulier du Président de la République est l'ancien patron de la marine et que votre chef de cabinet militaire est vice-amiral d'escadre. Je ne comprends vraiment pas comment le politique a pu être laissé ainsi de côté.
Vous évoquez souvent les gouvernements précédents pour justifier les manques de moyens. Ayant vécu cela de près comme secrétaire d'État auprès du ministre de la défense, permettez-moi de vous dire que, sous le quinquennat précédent, ce type d'information serait immédiatement remonté à l'échelon politique, au moins au niveau des cabinets. Le général de Villiers en aurait averti à coup sûr le général Puga, chef d'état-major particulier de François Hollande.
Le chef d'état-major et la chaîne militaire ayant endossé toute la responsabilité, il n'est pas question pour moi de remettre en cause votre parole. Je ne peux que constater que, comme dans beaucoup d'autres dossiers, votre gouvernement fait peut-être preuve d'un excès de confiance. Vous reconnaissez des erreurs dans la prise en compte de ce virus, mais cette reconnaissance fait essentiellement porter la responsabilité sur le commandement.
Vous dites que vous voulez rétablir la confiance, et j'ai bien compris que vous attendez des propositions du chef d'état-major des armées. Pour autant, les enquêtes semblent démontrer un défaut d'organisation, notamment en matière de circulation de l'information. Afin que cette audition ne reste pas un simple exercice de communication, pouvez-vous nous dire quelles transformations organisationnelles vous allez engager pour améliorer cette circulation de l'information au sein du ministère des armées et de la chaîne de commandement ?
Vous avez aussi pointé du doigt l'ancienneté du Charles-de-Gaulle, inadapté aux conditions d'une crise sanitaire. Va-t-il subir des transformations afin de l'adapter aux problématiques actuelles et parer à d'éventuelles futures crises ? Quelles sont vos préconisations ? Quel plan allez-vous mettre en oeuvre et selon quel calendrier ? Dans quelle mesure cette épidémie en plein coeur du fleuron de notre défense a-t-elle mis notre pays en situation de faiblesse face à une menace extérieure ? Désormais, chacun sait qu'un virus sur le Charles-de-Gaulle diminue notre potentiel défensif. Cet épisode ne risque-t-il pas d'avoir servi de répétition générale pour une attaque ciblée par un virus ?
De manière plus large, quelles leçons tirez-vous des observations et recommandations des enquêtes menées en vue de la conception du porte-avions de nouvelle génération ? Quel sera l'impact de la crise sanitaire sur ce projet et, plus généralement, sur notre industrie navale de défense ?
Quelles conséquences cette crise aura-t-elle pour la poursuite des opérations de nature navale et dans quelles conditions sont-elles envisagées ? Je pense par exemple à la mise à l'eau et aux premiers essais en mer du Suffren fin avril ou à la participation, depuis fin avril également, de la frégate Jean Bart à l'opération Irini au large de la Libye.
Jean-Marie Bockel et moi-même avons présenté une communication sur le service national universel (SNU). Lors de votre audition à l'Assemblée nationale, vous avez évoqué la question du lien armée-Nation et l'impact des actions menées par nos armées lors de cette crise sur le service national universel. Pourriez-vous préciser votre pensée, dans la mesure où le SNU ne relève pas de votre ministère ?