Intervention de Stéphane Mayer

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 mai 2020 à 10h00
Audition de Mm. Stéphane Mayer président du cidef et du gicat éric trappier président du gifas et hervé guillou président du gican représentants de l'industrie de défense en téléconférence

Stéphane Mayer, président du CIDEF et du GICAT :

La BITD de la défense terrestre est, à hauteur de 80 %, localisée en France. Les 20 % restants concernent surtout du matériel allemand et portent notamment sur les moteurs et les boîtes de vitesse.

Avant la crise, la question était déjà non seulement de faciliter les programmes de coopération franco-allemands avec de moindres restrictions de circulation de l'information technologique, mais aussi d'exporter les matériels de fabrication franco-allemande vers des pays extérieurs. Elle est toujours sur la table. J'espère que la crise du Covid-19 ne sera pas un frein à sa résolution.

KNDS a pour stratégie de s'intégrer progressivement autour de programmes communs. Citons notamment la coopération entre États sur le MGCS, le char du futur. A été annoncée récemment la signature par Mme Parly et Mme Kramp-Karrenbauer, son homologue allemande, des accords intergouvernementaux qui lèvent la dernière barrière à l'attribution du premier contrat d'étude d'architecture aux trois industriels. On se souvient des étapes précédentes : organisation d'une coopération, signature d'un accord de coopération, proposition contractuelle, vote des budgets par le Parlement allemand. Avec ces accords intergouvernementaux, on est presque au feu vert.

Les autres programmes de KNDS ont pour objectif de faire progressivement converger les gammes préexistantes, au rythme des renouvellements des programmes de défense, donc à long terme, à horizon 2025 ou 2035.

Les autres développements de KNDS visent à rapprocher progressivement l'ensemble des fonctions au service de ces programmes, pour en améliorer l'efficacité par une intégration progressive.

Pour ce qui concerne la trésorerie, les outils étatiques ont été mis en place extrêmement rapidement. Ils sont pertinents, nécessaires et utiles. Plusieurs de nos membres ont déjà bénéficié de prêts garantis de l'état. La DGA s'est engagée à réduire ses délais de paiement. Les maîtres d'oeuvre industriels ont la même attention. Notre intérêt collectif est que les fournisseurs survivent.

Certaines PME ont peut-être des difficultés à utiliser pleinement ces outils dans la mesure où, si la garantie de l'État est un facteur décisif, les banques prêteuses demandent des perspectives. C'est pourquoi la passation et l'anticipation de commandes publiques confortent les prévisions des entreprises et leur donnent un avenir plus positif que le présent.

Quant aux effectifs, notre hypothèse principale, c'est que les programmes inscrits dans la LPM et ceux qui existent avec nos clients à l'export, dont aucun n'a fait l'objet d'annulation, mais qui ont tous ont été renégociés en bonne intelligence, notamment la partie concernant les calendriers de livraison, favorisent le maintien d'une dynamique de recrutement et de croissance dans le secteur de la défense terrestre. Nous ne croyons pas à un bouleversement, en nous fondant sur l'hypothèse d'un maintien, voire d'un renforcement des commandes.

J'en viens aux programmes, notamment Scorpion, de modernisation de l'armée de terre. Il s'agit de remplacer des matériels ayant fêté leurs 40 ans. La livraison des 92 premiers Griffon s'est effectuée comme prévu l'an dernier. Les deux mois que nous venons de vivre, avec arrêts et perturbations de la production et un nombre non nul de fournisseurs qui n'ont pas repris, soit trois à quatre mois de déstabilisations, rendent extrêmement difficile la réalisation des objectifs. En coopération avec la DGA, nous poursuivons les développements, en particulier sur le Jaguar et sur la deuxième version du Griffon. Nous voulons nous rapprocher le plus possible des objectifs de livraison de 2020 et recoller aux courbes de la LPM en 2021. C'est un but, en espérant que l'épidémie ne revienne pas à l'automne ou l'an prochain.

Le programme CaMo entre la France et la Belgique, actuellement en oeuvre, n'est pas du tout impacté par la crise, car la livraison ne commence qu'en 2024.

Avec la République tchèque, la coopération est très bonne et le contrat toujours en vigueur. La production des Titus a repris sur notre site de Roanne. Nous sommes d'ailleurs en train de parler avec nos partenaires de République tchèque de la suite de cette coopération.

Quels programmes faut-il accélérer ? Si je me prenais à rêver, je dirais qu'à l'horizon 2025, il faudrait une accélération des prises de commande des programmes de la LPM pour une montée en cadence raisonnable. Parmi les autres programmes, le programme d'hélicoptères HIL est de toute importance pour Airbus Helicopters. On peut aussi citer, autour du programme Scorpion, des programmes d'incréments, de robots, d'un véhicule du génie appelé moyen d'appui au contact (MAC), d'un blindé léger en-dessous du Serval. Souvenez-vous, dans les deux programmes de coopération franco-allemande, nous avions inscrit le MGCS dans les cinq ans qui viennent et repoussé le Common Indirect Fire System (CIFS) après 2025.

Le salon Eurosatory a dû être annulé à notre grand regret. Premier salon mondial, il offre une très bonne occasion de voir nos clients à l'export et de montrer toutes nos technologies à la communauté de défense. Il se tiendra en 2022. En attendant, nous cherchons d'autres opportunités de rencontrer nos clients.

Aujourd'hui, les commandes des clients étrangers font l'objet de l'application de la force majeure. Je n'ai pas connaissance d'un cas qui se passe mal. Nos clients sont plutôt compréhensifs. Eux-mêmes ne sont pas forcément en mesure de venir réceptionner un véhicule dans nos usines. Le rééchelonnement des programmes se fait dans le dialogue.

Le risque sur nos clients à l'export est réel compte tenu de la situation économique, en particulier pour ceux qui sont les plus dépendants du cours du pétrole. C'est pourquoi la passation de commandes en France et en Europe ne peut être que favorable à notre BITD. Le retour au grand export sera possible quand la situation économique se sera améliorée.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion