Intervention de Eric Trappier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 mai 2020 à 10h00
Audition de Mm. Stéphane Mayer président du cidef et du gicat éric trappier président du gifas et hervé guillou président du gican représentants de l'industrie de défense en téléconférence

Eric Trappier, président du GIFAS :

Je ne parle jamais de planning, mais de rétro-planning. L'échéance, c'est 2040. Nous semblons avoir perdu deux mois, mais en réalité nous n'avons rien perdu, car nous avons continué à travailler en interne chez Dassault et avec Airbus. Nous avons des marges de manoeuvre pour rattraper le temps. Les 150 millions d'euros concernent la phase 1A du démonstrateur.

Ce qui m'inquiète plus que le Covid-19, c'est l'enchaînement des phases. Pour converger sur la phase 1A, il nous a fallu du temps et de l'énergie. Je ne suis pas inquiet sur le calendrier dès lors que nous séquençons de façon appropriée. Mais est-on prêt à contractualiser la post-phase 1A ? Il pourrait y avoir un délai lié aux cycles électoraux. Il y aura tout d'abord des élections générales en Allemagne : si ces élections débouchent sur la formation d'une coalition, il faut le temps de la négociation et de la conclusion d'un accord de coalition. Il y aura ensuite, en 2022, des élections présidentielle et législatives en France. Nous ne pouvons attendre 2022 pour commencer à travailler sur la suite du programme. Ce n'est juste pas possible ! Il faudrait trouver des méthodes pour disposer d'une loi de programmation militaire franco-allemande permettant notamment de valider de façon prévisible la trajectoire de ce programme, sans avoir à la redéfinir régulièrement.

Au-delà de cette préoccupation sur le phasage, il est vrai que le Covid-19 nous a empêchés jusqu'à présent de nous voir physiquement, puisque la frontière sur le Rhin reste fermée. Pour travailler à distance ensemble, il y a un écueil : la difficulté de la confidentialité. Aux États de décider comment on échange des informations de type « confidentiel défense » par réseau. En effet, cela nécessite des accords. Nous attendons que ce soit validé et testé. C'est la même chose pour la JCS puisqu'elle concerne des hypothèses d'efficacité de systèmes de combat aérien.

Nous prévoyons la présence de quelques Allemands à Saint-Cloud, mais beaucoup moins que prévu. Nous voulons pouvoir gérer les tâches avec ceux qui sont dans leur base de Manching.

Je fais une digression : chez Nexter, Naval Group, Dassault et Airbus, nous travaillons tous avec des logiciels de gestion du cycle de vie de produit (PLM) de Dassault Systèmes. L'intégration avec la supply chain doit être très importante pour pouvoir mieux communiquer nos fichiers de données dans les différentes phases de développement en toute confidentialité. Il n'y a pas que les GAFAM, il y a aussi des grands du numérique en Europe. La bataille des données est un autre énorme sujet, et j'espère que la crise du Covid-19 accélérera les choses, puisque nous sommes obligés de travailler en numérique.

Pour tenir l'échéance de 2026, ma grande crainte, ce n'est pas le Covid-19, c'est de ne pas avoir la commande ad hoc d'ici au début de 2021, quand nous entrerons dans la longue séquence électorale en Allemagne, puis en France.

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