Je ne suis pas nécessairement la personne la plus appropriée pour traiter ce sujet, mais j'ai usé de ma formation d'historien pour tenter de l'aborder avec le plus de détachement possible. Sur de telles questions, les réflexes des historiens sont souvent les bons : ne jamais juger, toujours essayer de comprendre, et mettre des faits en interactions, pour dégager de grandes lignes directrices.
Ce que nous avons qualifié de « mort de masse », terme utilisé par les sociologues pour désigner une surmortalité exceptionnelle sur une période de temps relativement limitée, s'est déjà produit dans le passé. Ainsi, la canicule d'août 2003 avait conduit à découvrir un certain nombre de problématiques. S'ajoute cette fois le caractère très particulier de la pandémie, résultant d'un virus dont on ne connaissait rien, et sur lequel on essaye de découvrir le plus de choses possibles en avançant. De ce fait, pour le statut des corps humains, la question de l'infectiosité s'est tout de suite posée, avec la nécessité pour les vivants, à l'hôpital ou aux pompes funèbres, de prendre le maximum de précautions pour se protéger eux-mêmes et les autres, ce qui a complexifié énormément les choses.