La déclaration du Président de la République à Ouagadougou n'a été précédée d'aucune concertation, mais le choix des 26 oeuvres qui doivent être restituées au Bénin a été effectué sur proposition du président du musée du Quai Branly.
Notre législation, effectivement très protectrice des collections nationales, me paraît faire partie de notre tradition, et c'est en partie grâce à elle que nos collections ont traversé les vicissitudes de notre histoire - je m'étonne toujours de pouvoir présenter des collections qui ont traversé les révolutions. La force de cette protection ne signifie pas un hermétisme absolu, on l'a vu avec la restitution des restes humains. Je crois que l'histoire des objets est toujours singulière, justifiant une démarche au cas par cas pour la restitution - le passage par le Parlement est nécessaire, car le devenir des collections nationales nécessite l'assentiment de la Nation. Il y a peut-être des éléments plus techniques à faire évoluer, je n'en suis pas spécialiste, mais, pour l'essentiel, notre législation me paraît suffire à répondre aux demandes de restitution. Le rapport Sarr-Savoy prévoit, quant à lui, d'inverser la charge de la preuve sur l'origine d'acquisition ; je ne crois pas que cela soit nécessaire : nous pouvons répondre aux demandes en tenant compte de l'histoire des pays et du pourquoi des demandes.
Les collectionneurs et les marchands d'art sont inquiets, j'ai pu l'entendre en rencontrant à leur demande les responsables de deux grandes maisons de vente : ils craignent que le marché de l'art sur les pièces précolombiennes et africaines ne soit remis en cause dans son ensemble.