Je me sens particulièrement stimulé pour défendre l'existence des musées et l'universalité de la culture dans une période où elles sont interrogées, mais la situation n'a heureusement rien à voir avec celle de la Nouvelle-Calédonie en 1985. Il est toutefois nécessaire de défendre un certain nombre de principes.
Les étrangers comptent pour 20 % dans la fréquentation du musée. Nous sommes donc assez peu affectés par la baisse du nombre de touristes étrangers, et nous espérons compenser le manque à gagner par une fréquentation accrue des Parisiens qui, dans cette période, ont l'opportunité d'avoir un accès privilégié aux oeuvres.
La crise sanitaire arrive au moment de ma prise de fonction où j'aurais eu besoin de multiplier les échanges. J'aurais aimé faire un voyage pour rencontrer mes collègues directeurs de musées nationaux en Afrique, car nous manquons de relations pérennes. Je souhaite, par exemple, constituer un groupe autour de l'Afrique de l'Ouest.
Cette période n'est favorable ni à ce genre de travail ni à des échanges d'expositions, et les incertitudes sont encore très grandes pour la rentrée. Nous travaillons sur une exposition très importante avec l'Institut national d'art et d'histoire du Mexique sur les Olmèques, mais à l'heure actuelle, nous ne savons pas encore si les objets pourront quitter le Mexique.
Nous oeuvrons pour que des objets africains soient intégrés aux collections du musée d'Abou Dhabi, mais cela ne fait pas l'unanimité : les représentations de corps, ou même simplement de visages noirs posent problème. C'est un travail qui va demander du temps, mais qui en vaut la peine.
Pour répondre à la question des fac-similés, en tant que conservateur j'ai plutôt une appétence pour les originaux, et, pour ma part, je ne m'en satisferais pas. Personnellement, je préfère faire circuler des oeuvres originales.