Intervention de Pascale Gruny

Délégation aux entreprises — Réunion du 3 mars 2020 à 12h40
Présentation du bilan d'étape de la mission d'information sur: « comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers ? » par mm. canevet et kennel co-rapporteurs

Photo de Pascale GrunyPascale Gruny, sénateur :

Je vous remercie pour ce rapport qui est très intéressant, surtout pour nous qui intervenons sur les sujets des entreprises, qui part d'un constat du terrain. En réunion du groupe Les Républicains, on nous a dit que l'on était en plein emploi en France pour les métiers de techniciens. Mon département de l'Aisne est le premier de France pour l'indicateur de l'illettrisme. Cette situation est liée à un problème de formation. Nous avons un taux de chômage largement supérieur à la moyenne française et à la plupart des départements. C'est le vrai sujet.

En ce qui concerne le plein emploi et la difficulté à trouver des personnes bien formées et correspondant aux métiers, j'ai constaté la même situation au Danemark. Ce pays est également concurrencé par les États-Unis, la Grande-Bretagne, etc.

En ce qui concerne la formation des demandeurs d'emploi, vous soutenez que 40 % des bénéficiaires du RSA sont inscrits à Pôle Emploi. Chaque mois, en ma qualité de présidente d'une unité territoriale d'action sociale, je signe 50 courriers vers l'agglomération saint-quentinoise pour suspendre ou radier des personnes qui n'ont pas suivi le plan prévu avec Pôle Emploi pour bénéficier du RSA. Cette situation les motive, mais certaines personnes sont inemployables. Il est important d'étudier cette réalité. Certaines personnes ne peuvent absolument pas être formées.

J'ai noté un sujet concernant l'apprentissage et les CFA. Michel, tu soutiens que les entreprises doivent former, ce que je peux entendre. Les entreprises paient beaucoup d'impôts et participent à beaucoup de choses. Les formations sont portées par les CFA et de grands groupes. Les petits CFA des territoires disposent de moins en moins de moyens. Nous avons constaté que nous avons besoin de métiers pour lesquels nul n'est formé. C'est encore une raison pour laquelle nous manquerons de productivité étant donné que des productions quitteront le territoire faute de compétences.

En ce qui concerne Proch'emploi, j'ai utilisé ce dispositif au niveau de l'entreprise où je travaille. Ce n'est pas si simple. J'ai besoin de mécaniciens, et il n'y en a pas. Nous manquons de commerciaux comme tout le monde. Proch'emploi crée une plate-forme d'accès, mais celle-ci est surtout utilisée par des chefs d'entreprise. Les personnes qui travaillent dans ces services me disent que la situation est très difficile. Former les gens suppose qu'ils aient envie de faire de la mécanique ou de travailler dans le commercial.

Enfin, j'ai été approchée par le directeur d'une entreprise importante de transport de marchandises sur les clauses de dédit-formation. Cette société forme de nombreux conducteurs routiers qui ne restent pas en poste. Il faudrait étudier comment améliorer la clause de dédit-formation. Les entreprises aimeraient avoir un retour sur investissement de la formation sans non plus attacher les gens.

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