Intervention de Olivier Cadic

Réunion du 19 juillet 2020 à 14h30
Loi de finances rectificative pour 2020 — Article 18

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

L’article 18 décline, pour partie, des plans sectoriels d’aides aux entreprises, que votre souhait de soutenir est louable, madame la ministre. À ce titre, et au risque de sortir un peu du champ de l’article, j’aimerais appeler votre attention sur les besoins de la BITD, en particulier sur une entreprise française, Photonis, qui a aujourd’hui plus que jamais besoin de votre soutien.

Il y a plusieurs semaines déjà, j’ai sollicité – en vain – un rendez-vous avec le ministre Bruno Le Maire pour évoquer ce dossier. Nous avons, en outre, échangé sur le sujet lors de votre audition devant la délégation sénatoriale aux entreprises.

J’avais l’intention de faire passer deux messages clés.

Contrairement à ce qu’indique le Gouvernement, il existe une solution alternative française à la vente pure et simple de Photonis au groupe américain Teledyne, mais aucun travail sérieux n’a été mené pour trouver et construire une telle alternative, le Gouvernement s’étant contenté de demander aux grands groupes du secteur s’ils étaient intéressés. Comme c’était prévisible, aucun d’entre eux ne l’est.

De son côté le vendeur refuse d’ouvrir le dossier à d’autres parties potentiellement intéressées, tant que Teledyne est encore officiellement l’acheteur présumé. Or, je le répète, une solution alternative française existe, mais nécessite de regarder au-delà du simple cas de Photonis et d’avoir une vision stratégique et industrielle de la BITD.

Faute de vouloir écouter un discours intelligent de stratégie industrielle, le Gouvernement s’apprêterait, si l’on en croit un article des Échos de cette semaine, à autoriser la vente, en l’encadrant des précautions d’usage pour la protection des activités sensibles de l’entreprise et le soutien de l’emploi sur le territoire. L’objectif ne saurait être pourtant d’encadrer la vente de Photonis, mais bien d’arrêter et d’inverser un mouvement de fond qui fragilise la BITD en laissant partir progressivement les PME ou les ETI qui la constituent vers des actionnaires étrangers ou simplement opportunistes.

Allons-nous abandonner à son sort une société emblématique du savoir-faire technologique et industriel français ? Allons-nous sacrifier l’intérêt général de la Nation au profit de l’intérêt particulier de quelques personnes privées ?

Madame la ministre, nous sommes désormais dans l’urgence. Avant que l’irréversible ne se produise, je vous exhorte à trouver les moyens pour défendre la BITD et le temps de nous recevoir.

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