Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Réunion du 19 juillet 2020 à 14h30
Loi de finances rectificative pour 2020 — Article 18

Agnès Pannier-Runacher :

Pour le coup, je ne vous rejoins pas du tout, monsieur Gay.

Vous mettez au même niveau les plans sociaux et les plans de départ volontaire. Or ce n’est pas tout à fait la même chose.

Un plan de départ volontaire repose sur la décision des salariés, auxquels on offre la possibilité de profiter d’une opportunité. Je vous invite à regarder les plans de départ volontaire de Sanofi : ils ne font en rien injure aux salariés de cette entreprise. Ils sont en règle générale très suivis, car ils proposent des niveaux de compensation très élevés.

Un plan social vise à réajuster la taille de l’entreprise à la situation économique. Les entreprises qui sont aujourd’hui les plus en difficulté vont devoir ajuster leurs sites. Une entreprise qui a perdu 50 % de son chiffre d’affaires n’a pas les moyens de rémunérer ses salariés et n’est pas en mesure de prévoir si le chiffre d’affaires sera de nouveau au rendez-vous dans un, deux ou trois ans.

Permettez-moi de vous rappeler ce qu’il s’est passé il y a quarante ans – vous n’étiez peut-être pas né, et je n’étais pas bien grande – dans les secteurs de la sidérurgie et du textile : à force de tenter d’empêcher ces plans, tout a disparu du jour au lendemain. Nous ne voulons pas de cela. Nous sommes réalistes : il nous faudra accompagner les transformations des entreprises ; il y aura du plus, mais il y aura aussi du moins.

Vous avez cité Sanofi. Puisque Sanofi se retire du marché des traitements du diabète, nous devons faire en sorte que les salariés qui sont experts du diabète puissent négocier avec Sanofi un plan de départ volontaire. En revanche, Sanofi investit 600 millions d’euros dans les vaccins, avec des emplois à la clé. Je négocie avec Sanofi pour m’assurer que ces emplois sont stables et durables et que ces activités puissent continuer à prospérer.

Il faut certes avoir un peu de courage politique pour dire cela, mais je crois que c’est dans l’intérêt de chacun. J’ai accompagné beaucoup de professionnels dans des entreprises en difficulté et j’ai participé à des assemblées générales réunissant l’ensemble des salariés dans une même pièce. Je peux vous dire qu’il n’est pas facile de devoir leur annoncer que leur entreprise est en cessation de paiement – ce que, bien souvent, leurs dirigeants ne leur avaient pas dit – et que des mesures d’accompagnement doivent être prises.

C’est pourquoi je préfère proposer le meilleur accompagnement aux salariés et leur offrir un emploi durable, qui est aussi un élément de dignité – nous l’avons fait sur un certain nombre de dossiers –, plutôt que de tenter d’empêcher une entreprise d’ajuster sa structure à la réalité de son marché et de la mettre en position ensuite de disparaître de France. Nous ne voulons pas cela.

Cette stratégie paye, puisque nous avons réussi à créer de l’emploi industriel en 2017, en 2018 et en 2019. C’est extraordinairement difficile, et c’est beaucoup de travail, mais les chiffres montrent que ça fonctionne.

Le chômage partiel de longue durée permet aussi de minimiser fortement les départs, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays. Si vous comparez le plan social auquel Airbus travaille en France versus en Allemagne, vous pourrez constater que la différence est au bénéfice de la France.

Je crois qu’il faut faire attention à ne pas adopter une position qui, en fait, serait une trahison des opérateurs qui sont dans ces entreprises.

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