Oui, c’est possible pour celles et ceux qui ont la meilleure employabilité, les plus hauts cadres d’une entreprise qui, pour le coup, peuvent profiter d’un effet d’aubaine s’ils avaient l’intention de partir. Mais, dans la grande majorité des cas, quand il y a un plan de départ volontaire, on explique aux salariés qu’ils ont le choix entre prendre ce qu’on leur propose, c’est-à-dire partir avec un petit pécule, un montant un peu plus élevé que d’habitude, généralement six mois ou un an d’indemnités supra-légales et, dans l’hypothèse où il n’y aurait pas assez de départs volontaires, un plan de sauvegarde de l’emploi – un plan de licenciement ! –, qui ne leur permet pas de toucher d’indemnités supra-légales et qui les fait partir avec moins d’argent. Voilà comment ça se passe : il y a un chantage à l’emploi !
Vous pouvez hocher la tête, madame la ministre, mais c’est ça, la réalité. Les plans de départ volontaire sont un contresens : les départs volontaires, ça n’existe pas ou très peu dans les entreprises.
Une question, qui va faire scandale, vous est posée : vous continuez à donner de l’argent public sans en conditionner le versement, ni au départ ni à l’arrivée, même quand on vous explique qu’il faudrait quand même regarder de plus près ce que fait l’entreprise.
Prenons ce que disait Pierre Laurent. Par exemple, General Electric s’apprête à licencier : qui peut dire ici, dans cet hémicycle, que ce plan de licenciement n’était pas prévu avant ? Et les salariés de Tui France, entreprise du secteur du tourisme ? On va mettre 600 d’entre eux à la lourde, alors que l’entreprise a touché 100 millions d’euros de PGE pour sauvegarder l’emploi ! Qui peut dire que le plan n’était pas prévu ? Les syndicalistes disent qu’il l’était depuis un an. Et on peut lister ainsi toutes les grandes boîtes qui profitent de la crise du covid-19 pour licencier.
Vous ne répondez ni à la première question ni à celle qu’on vient de vous poser, mais, de toute façon, le débat va se poursuivre, parce que beaucoup de salariés sont en colère. Je peux vous dire que, si on ne trouve pas une solution en commun, ça continuera en septembre.