Nous nous réunissons aujourd'hui pour clôturer nos travaux, débutés le 24 mars. Nous devions commencer nos auditions le 31 mars, mais la pandémie de Covid-19 a décalé le début de nos travaux au 18 mai. Nous avons donc accéléré le rythme des auditions, grâce aux visioconférences, qui se sont poursuivies jusqu'au 15 juillet et se sont closes la semaine dernière, avec les auditions de la présidente du Conseil national du numérique et du secrétaire d'État chargé de la transition numérique et des communications électroniques. Au total, 90 personnes environ auront été entendues notamment à l'occasion de quatre tables rondes, et d'un déplacement sur un « Territoire d'action pour un numérique inclusif ».
Le plan de relance a annoncé 250 millions d'euros en faveur d'une politique plus ambitieuse que la Stratégie nationale pour un numérique inclusif de 2018, qui, jusqu'à présent, ne bénéficiait que de 30 millions d'euros de crédits d'État. Il a le mérite d'une prise de conscience partagée par tous du caractère prioritaire d'une montée en compétences numériques de nos concitoyens.
En effet, l'illectronisme approfondit la fracture sociale et générationnelle et devient un handicap majeur dans une société toujours plus numérisée, particulièrement dans les relations avec une administration qui ferme ses guichets, réduit son implantation territoriale et met le cap sur le 100 % dématérialisé.
Notre mission s'est attachée à évaluer la politique publique d'inclusion numérique : est-elle assez financée, assez efficace, bien outillée ?
Cette politique a une dimension territoriale essentielle : le secrétaire d'État a admis lors de son audition que l'État était tout simplement dans l'incapacité de la déployer sans les collectivités locales. Or, 32 départements manquent encore à l'appel de ce déploiement. Il n'est bien entendu pas envisageable qu'ils ne puissent bénéficier des 250 millions d'euros annoncés. L'enjeu est donc celui de l'accélération et de l'amplification de ce qui a été fait jusqu'à présent, en vue d'une diffusion territoriale complète.
Dans notre évaluation de la politique publique de l'inclusion numérique, particulièrement complexe tant les acteurs sont nombreux, nous avons eu le sentiment qu'un effort substantiel en faveur de la médiation numérique était indispensable pour mieux aider les publics les plus fragiles, notamment en situation de handicap, mieux lutter contre l'exclusion par le coût, angle mort de la politique publique, construire une « éducation 2.0 » et engager un « choc de qualification » numérique des salariés, commerçant et artisans.
La médiation numérique et l'aide à la formation au numérique doit par ailleurs se professionnaliser et devenir un métier, pivot de la politique d'inclusion. Elle doit fédérer une coalition d'acteurs la plus large possible en intégrant non seulement les collectivités locales, dont la mobilisation et la prise de conscience de cet enjeu sont indispensables, mais également les opérateurs sociaux.
Nos travaux permettent aujourd'hui de formuler une quarantaine de propositions, auxquelles je souscris, et que je laisse à présent à Raymond Vall le soin de présenter.