Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ce texte était très attendu par la communauté scientifique, qui exprime depuis longtemps le besoin d’une véritable revalorisation du financement de la recherche.
Comme toujours, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat s’est efforcée de mener un travail de qualité qui a permis d’améliorer le texte, notamment en ramenant la durée de planification à l’horizon plus raisonnable de 2027.
Toutefois nous regrettons d’avoir été contraints d’examiner ce texte en procédure accélérée et dans l’urgence, au lieu de prendre le temps de construire collectivement un projet à long terme pour l’excellence de la recherche française, car, ce soir, le résultat n’est pas satisfaisant.
Je suis convaincue que le cœur de nos désaccords tient au fait que nous n’avons pas pu prendre le temps. Certes, l’objectif d’une planification jusqu’en 2027 est de permettre aux chercheuses et aux chercheurs de se projeter, mais c’est loin d’être suffisant pour créer les conditions d’une recherche sereine.
Pour leur donner réellement la possibilité de prendre le temps, ce temps si indispensable aux grandes découvertes, la recette est simple : il faut des financements pérennes et des contrats stables et sécurisants.
Le texte sur lequel nous sommes appelés à nous prononcer ne repose ni sur l’un ni sur l’autre. Plutôt que de privilégier le financement de la recherche fondamentale dans tous les domaines, il fait la part belle aux financements par appel à projets, via l’ANR, alors que nous savons que nos chercheurs et nos chercheuses s’usent dans les procédures chronophages pour constituer des dossiers et vivent dans l’angoisse de la fin de leur financement.
Les articles 3, 4, 5 et 6 de ce texte prévoient également la création d’un certain nombre de contrats, qui vont susciter encore plus de situations précaires, alors que les postes de titulaires manquent cruellement.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous avions l’occasion de bâtir un avenir radieux pour la recherche française, et de sortir de cet hémicycle en étant fiers d’être parvenus à renforcer notre service public de la recherche, pour qu’il soit prêt à faire rayonner la France sur la scène scientifique internationale et que nos plus brillants esprits soient ceux qui inventeront le socle d’une transition écologique et sociale heureuse.
Il n’en est rien ! Notre collègue Sylvie Robert nous avait indiqué que nous appelions de nos vœux un miracle. Force est de constater qu’il n’a pas eu lieu. Le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain votera donc contre ce texte, qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu.