Intervention de Julien Denormandie

Réunion du 27 octobre 2020 à 14h30
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Julien Denormandie :

Madame la présidente, madame la rapporteure, monsieur le rapporteur pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, nous sommes tous résolument engagés en faveur de l’agroécologie, pour une agriculture moins dépendante à l’égard d’un certain nombre de pesticides.

Toutefois, la filière betterave, une filière d’excellence qui représente près de 46 000 emplois dans notre pays, est aujourd’hui confrontée à une situation exceptionnelle, à laquelle il faut répondre.

Le présent projet de loi ne vise en aucun cas à opposer économie à écologie. C’est d’abord une question de souveraineté : voulons-nous faire la transition agroécologique avec la filière de betterave sucrière française ou acceptons-nous que celle-ci disparaisse ? Car elle est aujourd’hui en danger ! Elle est menacée par un insecte, le puceron vert, que nous ne connaissons pas encore très bien, mais qui est fortement nuisible pour les cultures. Cet insecte prolifère, notamment lorsque les hivers sont doux. En 2020, il a provoqué des dégâts considérables.

Le problème est qu’il n’existe à ce jour aucune alternative d’échelle – j’y reviendrai –, qu’elle soit économique, agronomique ou chimique.

Les betteraviers d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que ceux d’il y a vingt ans ou vingt-cinq ans. À l’époque, on pratiquait la monoculture et on consacrait 100 % des surfaces aux betteraves, contre 10 %, 15 % ou 20 % actuellement. Que feriez-vous à leur place ? Continueriez-vous de planter des betteraves, avec le risque d’une baisse significative des rendements ? Compte tenu des incertitudes pesant sur cette culture, vous planteriez à l’évidence autre chose, notamment des céréales.

Le problème est que toute la filière est aujourd’hui dépendante en aval des fameuses sucreries – en tant qu’élus des territoires, vous les connaissez bien –, dont la situation économique est extrêmement sensible, avec des bilans économiques très faibles et des risques de fermeture.

Nous sommes donc face un choix de souveraineté. Si nous ne trouvons pas de solution pour accompagner la filière de la betterave, les sucreries fermeront l’année suivante. Et bon courage pour relancer cette filière d’excellence une fois que les sucreries auront fermé !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion