Intervention de Ronan Dantec

Réunion du 27 octobre 2020 à 14h30
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Article 1er

Photo de Ronan DantecRonan Dantec :

Monsieur le ministre, avez-vous lu le rapport annuel Faits et chiffres 2019 de la Confédération générale des planteurs de betteraves ? C’est édifiant, notamment le chapitre sur les modifications des pratiques. J’avais commencé à le lire avec enthousiasme en me disant que, si, en 2019, l’organisation professionnelle représentative abordait les changements de pratiques, elle allait mettre sur la table l’intégration des interdictions du glyphosate et des néonicotinoïdes. Or ce sont deux pages de protestation que l’on peut résumer ainsi : « Nous n’y arriverons jamais, ça nous coûte trop cher, il n’y a pas d’alternative. »

Vous avez parlé d’humilité. Reconnaissez avec humilité votre échec ! Début 2020, le lobby de la betterave écrit noir sur blanc qu’il ne veut pas changer de pratiques. Ayez le courage de reconnaître que l’État n’a pas donné les moyens à la filière – je rejoins sur ce point Alain Houpert – et qu’il n’a pas fait passer les messages politiques qu’elle devait muter et que vous ne lâcheriez pas. C’est parce que vous n’avez pas porté ces messages et que vous n’avez pas financé suffisamment les alternatives que nous sommes aujourd’hui dans cette situation.

On aurait pu collectivement accepter une tuile – la jaunisse du puceron –, mettre sur la table les indemnisations pour passer ce mauvais moment et sauver la filière. C’est tout à fait possible : l’État l’a souvent fait face à des calamités agricoles. Au lieu de ça, nous revenons en arrière, nous déstabilisons les messages passés et nous envoyons aux consommateurs, notamment à ceux qui font le choix de l’éthanol à la pompe, des signaux qui peuvent être redoutables. Je ne suis pas certain que le lien qui sera fait demain entre néonicotinoïdes et éthanol soit la meilleure publicité pour l’éthanol. Nous verrons quels seront les comportements des consommateurs.

Je vous en veux un peu, monsieur le ministre, car – cela a été dit par Laurence Rossignol – ce débat mérite mieux que la démagogie dont vous avez fait preuve en opposant ceux qui aiment les agriculteurs et ceux qui ne les aiment pas.

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