Intervention de Joël Bigot

Réunion du 27 octobre 2020 à 14h30
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Article 1er

Photo de Joël BigotJoël Bigot :

Il y a quatre ans, le Parlement s’était prononcé pour l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes. Cette interdiction prévoyait des dérogations exceptionnelles s’achevant au 1er juillet 2020. On nous demande aujourd’hui de prolonger cette période jusqu’en 2023. Cette demande est le fruit du lobbying intense exercé par des groupes de pression qui ont gagné et qui gagneront.

Si vous acceptez cette dérogation pour les betteraviers, monsieur le ministre, que répondrez-vous à la filière noisette, à la filière maïs et à d’autres encore ? Vous nous engagez dans une voie de renégociation permanente avec toutes les filières agricoles concernées par les semences enrobées. Vous défendez, ici même, au Sénat, les arguments des agrolobbies, qui pourront à leur tour se prévaloir d’un discours gouvernemental assumé devant la représentation nationale. C’est la politique du pied dans la porte.

Je comprends votre fébrilité sur ce sujet, fébrilité qui s’est illustrée à certains moments par quelques gestes d’humeur. Je m’attendais d’ailleurs à voir Mme Pompili au banc du Gouvernement, puisqu’elle est à l’origine du texte qui, en 2016, prévoyait l’interdiction des néonicotinoïdes en 2020. Je n’épiloguerai pas : l’agenda gouvernemental est tel qu’il lui était sans doute impossible de venir…

Il reste que la politique environnementale s’en trouve sérieusement altérée, tout au moins dans ses symboles et dans sa réalité. En avez-vous bien évalué l’impact environnemental ? N’y avait-il pas d’autre solution que cet aménagement législatif privilégié par le Gouvernement dans une attitude que je qualifierai de court-termiste ?

On aurait pu soutenir financièrement la filière de la betterave grâce au plan de relance et l’accompagner dans la transition qu’elle n’a pas faite d’elle-même. Au lieu de ça, vous nous proposez, par ce texte, de céder tout en bloc et de donner l’onction législative à une demande sectorielle. Cette loi fera figure de cas d’école pour le lobbying parlementaire.

Ce faisant, monsieur le ministre, nous ne sommes pas dans la défense de l’intérêt général, mais de l’intérêt catégoriel. Pour toutes ces raisons, mes chers collègues, je vous invite à rejeter ce texte.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion