Je ne suis pas convaincu par les arguments autres qu’économiques sur le maintien dérogatoire de néonicotinoïdes pour les betteraves sucrières.
Je regrette que les abeilles et les pollinisateurs ne soient pas au centre des débats. Je regrette le peu d’intérêt pour d’autres productions en souffrance comme celle de la poire, décimée par la rouille grillagée dans la vallée de la Durance, dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence. Son seul produit fongicide, le mancozèbe, encore homologué il y a peu sur le marché français, vient toutefois d’en être retiré le 22 octobre dernier. Les lobbies sont effectivement moins puissants pour la production fruitière. Je regrette – cela a été rappelé par un collègue sénateur LR – le manque de moyens de l’Inrae afin d’avoir enfin, pour des productions comme les betteraves et certains fruits, une recherche qui trouve.
Je voterai donc contre cette loi de dérogation, qui vise à prolonger l’utilisation des néonicotinoïdes enrobés et à rester dans l’impasse. Je protège aussi l’égalité entre agriculteurs, qui ne sont pas traités de la même manière selon leur production et leur région. C’est une rupture d’égalité.
Je regrette enfin que certains collègues s’appuient sur les exemples allemand et belge pour dire que nous devons faire pareil et déroger. C’est une façon singulière de considérer l’Europe.
En liberté, en conscience, je voterai contre ce texte, car rien n’a avancé depuis 2016, et je crains que, si nous ne mettons pas chacun au pied du mur et devant ses responsabilités, rien ne bouge. Dans trois ans, nous aurons, hélas, les mêmes débats et les mêmes résultats.