Intervention de Julien Denormandie

Réunion du 27 octobre 2020 à 14h30
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Article 1er

Julien Denormandie :

C’est pourtant bien le sens de ce que vous dites lorsque vous déclarez que ce n’est pas grave, car on exporte et qu’il suffit d’arrêter l’export. Je pense que, au contraire, exporter bénéficie à tout le monde.

Pour répondre précisément à votre question, il ne faut pas voir la question de la souveraineté au prix payé aux betteraviers, d’autant plus qu’elle ne dépend pas de la sortie, mais de l’entrée. Combien de tonnes de betteraves met-on dans les sucreries ? Car du fait de la grande place qu’elle prend dans un camion, on ne fait pas circuler la betterave d’un pays à l’autre. Aussi, s’il n’y a pas suffisamment de betteraves, c’est la sucrerie qui ferme. Peu importe ce que vous faites du sucre après. Cela n’est pas mon sujet, qui est de faire tourner suffisamment la sucrerie. C’est là que se trouve la véritable souveraineté.

Madame la sénatrice Cukierman, il y a des sucreries familiales. Dans le sud de l’Île-de-France, notamment, il y a deux sucreries familiales qui sont en grande difficulté. Toutes les sucreries ne dépendent donc pas de mastodontes. Je suis sûr que vous appréciez beaucoup ce modèle-là, tout comme moi, d’ailleurs.

Monsieur le sénateur Cabanel, vous avez posé trois questions : est-ce que la filière va s’en sortir en trois ans ? Vous avez été plusieurs à poser cette question. Sait-on s’il y aura cette année des pucerons ? Finalement, tout cela va-t-il permettre de sauver les agriculteurs ?

Nous avons la certitude que, si nous ne faisons rien, si nous ne leur donnons pas une alternative, les agriculteurs ne planteront pas de betteraves. Si vous étiez à leur place, vous feriez pareil.

Y aura-t-il des pucerons cette année ? Nous n’en savons rien. Très probablement, mais je ne peux pas vous dire combien. Comme je vous le disais précédemment, nous voyons cette année évoluer les pucerons du sud au nord, alors que l’année dernière c’était d’est en ouest. Nous ne les comprenons pas encore, malheureusement. C’est d’ailleurs l’un des objets du programme de recherche de savoir où le puceron va attraper le virus, ce que nous ignorons actuellement.

La filière s’en sortira-t-elle dans trois ans ? Ce qui est sûr, c’est qu’en mettant ces 7 millions d’euros dans les trois prochaines années, contre 700 000 euros de 2016 à 2020, nous allons lui permettre de s’en sortir. Mais il nous faut faire cette pression dans le tube et, avec cette somme, trouver des solutions.

Ma conviction est que, à la fin, nous disposerons d’un mix des trois solutions : à la fois de biosécurité par les coccinelles, d’agronomie et de gestion des parcelles et de sélection de semences, qui vont s’améliorer après que nous aurons fait leurs phénotypes. Vous pouvez être sûrs que nous travaillerons sur ce sujet de toute notre force et de toute notre conviction. Quand je dis « nous », ce n’est pas seulement le Gouvernement. C’est pour cela que nous proposons ce comité de surveillance impliquant les parlementaires, pour qu’ils exercent leur droit de suivi et de contrôle. Nous ferons en sorte que les semences, comme le disait Frédéric Marchand, proviennent de notre beau territoire.

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