Je soutiens l’argumentation de Mme Cohen.
Cette contribution exceptionnelle est en effet fondée sur plusieurs hypothèses. Selon la première de ces hypothèses, les téléconsultations ont été payées à 100 % par l’assurance maladie, mais je rappelle que les mutuelles avaient proposé, dès le départ, de reverser à l’assurance maladie les cotisations correspondant à la part qui leur incombait en tant que complémentaires – le calcul était facile à faire.
On répète inlassablement que les téléconsultations ont été prises en charge à 100 % par l’assurance maladie, mais cette contribution, de fait, rétablit la part des complémentaires.
Le second postulat – des économies ont été réalisées sur les soins – est assez spécieux. En effet, il y aura forcément un rattrapage ; il a déjà eu lieu pour ce qui est de l’optique ou des soins dentaires, ces dépenses étant justement très bien prises en charge par les complémentaires.
En outre, on peut plutôt faire l’hypothèse que les déprogrammations d’opérations et les renoncements aux soins vont entraîner une aggravation de l’état de santé de nos concitoyens ; il y aura bien, de fait, un rattrapage, qui risque même d’être plus important que les économies de soins initiales.
Cette seconde hypothèse nous semble donc spécieuse, comme je l’ai dit. Les mutuelles prenant en charge par exemple la garantie de prévoyance d’un an dont bénéficient les chômeurs, il est fort à parier qu’elles auront plutôt à faire face, vu tous les nouveaux chômeurs qui vont être créés par la crise, à des dépenses supplémentaires.
Par ailleurs, les mutuelles qui ont enregistré des excédents soit prennent en charge des prestations supplémentaires soit baissent les cotisations, en fonction de leur objet social. Une telle différenciation serait donc bien normale.
De manière générale, il faudrait s’interroger sur la fiscalité croissante qui affecte les complémentaires, jusqu’à des taux de 16 % aujourd’hui.