J’irai bien évidemment dans le même sens que ce qu’on dit tous mes collègues sur cette question.
Rendez-vous compte, mes chers collègues, nous franchissons des milliers de kilomètres, en plein confinement, pour venir au Sénat. La Martinique aussi est confinée, comme la France ; tout est fermé parce que nous avons des taux de covid très importants. Nous franchissons donc qui l’Atlantique, qui l’océan Indien. Et pourquoi le faisons-nous ? Parce que nous sommes au fait d’une certaine réalité, qui n’apparaît pas dans les descriptions qui nous sont proposées. Il y a, d’un côté, ce qui est écrit ou dit et, de l’autre, la réalité, et il existe un fossé énorme entre les deux !
Si nous prenons la peine de venir ici, dans un hémicycle pourtant clairsemé – certains collègues habitent tout près mais ne sont pas présents –, si nous nous astreignons à venir, si nous nous faisons fouiller le nez chaque fois que nous rentrons chez nous – je me suis déjà fait tester sept fois ! –, pensez-vous que ce soit par coquetterie ? Non, c’est parce que la situation est difficile, parce que nous avons besoin d’une écoute particulière.
Or l’inactivité coûte plus cher à l’État que l’activité : faites le calcul ! L’État ne perd pas autant en faisant passer un seuil d’exonération de 1, 2 SMIC à 1, 7 SMIC qu’avec un travailleur au chômage. Les allocations chômage et le nombre de chômeurs explosent, de même que le nombre de bénéficiaires du RSA. Lorsqu’une personne est au RSA, elle bascule, le plus souvent, dans la CMU ; ainsi, quelqu’un qui perd son emploi ou qui n’a pas d’activité coûte quatre ou cinq fois plus cher à l’État que l’élargissement de la fourchette d’exonération ; faites les comptes !
À quel moment ferons-nous ces calculs ? À quel moment nous assoirons-nous raisonnablement autour d’une table pour comprendre que l’inactivité, dans ladite « outre-mer », coûte beaucoup plus cher que l’activité ?
Lorsque nous demandons ces boîtes à outils pour régler au mieux les dispositifs, c’est parce que nous sommes conscients de tout ça. C’est pour cela que nous franchissons des milliers de kilomètres pour venir ici, afin de faire entendre nos voix et de dire à l’État de refaire ses calculs.
Victorin Lurel vient de le dire, il y a des lignes budgétaires qui ne sont pas consommées, y compris parmi les aides aux entreprises, autrement dit, les exonérations de charges. Quel est le problème ? Posons-nous la question, soyons réalistes et cessons de nous envoyer au visage, comme des tartes à la crème, des millions d’euros par-ci, des millions d’euros par-là et des appels à projets ; cela ne fonctionne pas !