Intervention de René-Paul Savary

Réunion du 14 novembre 2020 à 14h30
Financement de la sécurité sociale pour 2021 — Article additionnel après l'article 47 quater

Photo de René-Paul SavaryRené-Paul Savary :

Mes chers collègues, nous nous apprêtons à examiner l’article 48, qui détaille les objectifs de dépenses pour la branche vieillesse pour 2021. Au-delà de ces dépenses, nous devons avoir en tête le solde des régimes obligatoires de retraite.

Je l’ai dit lundi lors de la discussion générale : en 2024, le déficit de l’ensemble des régimes de base et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) devrait s’élever à 11, 6 milliards d’euros. Si une part des déficits prévus est due à la crise économique, la part conjoncturelle devrait cesser, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR) en 2024, à moins qu’elle ne se prolonge encore un certain nombre de mois ou d’années.

Comme vous le savez, avant la crise, le COR prévoyait déjà à l’horizon 2030 un déficit du système de retraite, retraites de base et complémentaires confondues, de l’ordre de 1 % du PIB. Je doute que la crise économique améliore cette trajectoire !

La réforme des retraites n’a pas abouti, et le présent texte ne contient aucune mesure d’équilibre budgétaire à cet égard. Or la commission ne veut pas reporter le difficile travail qui doit conduire au redressement des comptes sociaux, au premier rang desquels ceux du système de retraite.

Avec cet amendement, nous misons sur la concertation. Nous voulons que la conférence de financement soit relancée au début de l’année 2021. Nous n’avons pas inventé cette instance : c’est Édouard Philippe, alors Premier ministre, qui l’avait réunie, en nous expliquant qu’avant d’envisager un système universel de retraite, il fallait que le système actuel atteigne l’équilibre, d’où l’intérêt d’une réforme paramétrique avant la réforme systémique.

Nous voulons aussi proposer des pistes et prendre nos responsabilités en cas d’échec de la conférence. Nous souhaitons qu’elle soit lancée. Mais si elle n’aboutissait pas, nous reprendrions les propositions que nous défendons depuis un certain nombre d’années : travailler plus longtemps, avec évidemment des aménagements pour le travail des séniors.

Il s’agit de l’âge de départ à la retraite à 63 ans en 2025 et d’accélérer le déploiement du dispositif Touraine, afin d’atteindre 172 trimestres pour la génération 1965, soit un allongement d’un an. Ces mesures s’appliqueraient progressivement à partir de 2022. Je le rappelle, nous n’avons aucunement l’intention de nuire à la reprise économique.

Je suis bien conscient des suites que le Gouvernement donnera à cet amendement. Toutefois, nous devons être lucides : même les mesures que nous proposons ne suffiraient pas ! Elles amélioreraient le solde du système de retraite de 9, 9 milliards d’euros en 2030. Or – on le sait – le déficit sera de plus de 11 milliards d’euros dès 2025.

Telles sont nos propositions : partir de l’existant, avec la conférence de financement, ne pas attendre la fin de la crise, qui va s’éterniser, et donner à nos concitoyens la garantie que leurs retraites seront honorées à un niveau décent !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion