Madame la ministre, c'est un plaisir de vous accueillir devant notre commission renouvelée, même si nous ne sommes qu'un sur deux, pour respecter la distanciation sociale. Les sénateurs qui nous suivent en visioconférence pourront bien évidemment participer au débat.
Mes chers collègues, je vous suis reconnaissant de m'avoir reconduit à la présidence de cette commission, et je veux vous dire combien cette confiance m'oblige pour les trois ans qui viennent.
Avant d'aborder le budget pour 2021, je voudrais vous interroger sur les conditions de la libération de l'otage française au Mali, qui ne manquent pas de nous interpeller. La France déploie 5 100 hommes au Mali pour lutter contre le terrorisme, à la demande de cet État. Cinquante soldats français ont, hélas, laissé leur vie au Sahel, et près de 500 ont été lourdement blessés. Même s'il apparaît que nombre des prisonniers libérés ne sont pas des djihadistes, nous savons que certains d'entre eux ont participé à des attentats qui ont coûté la vie à des soldats français et maliens.
La France a-t-elle été consultée sur la liste des prisonniers libérés - si tel n'était pas le cas, ce serait très inquiétant ? Peut-on encore considérer la junte au pouvoir au Mali comme un partenaire de confiance dans la lutte contre le terrorisme ?
Nous imaginons aujourd'hui ce que ressentent les familles de nos soldats tués ou blessés par ces terroristes, et nous avons une pensée pour eux. Dans ces conditions, notre inquiétude est vive sur la situation de Barkhane.
S'agissant des questions budgétaires, je laisserai mes collègues vous interroger, me contentant de rappeler trois préoccupations fortes.
Premièrement, l'année 2021 sera l'année de l'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM). Les dernières marches sont particulièrement hautes et elles seront difficiles à gravir, a fortiori dans ce contexte d'épidémie de covid. Dans notre esprit, la LPM ne doit pas faire les frais des récents engagements de dépenses. En outre, il ne fait aucun doute pour nous qu'une loi ne peut être actualisée que par une loi. Quel est votre point de vue sur la question ? Pouvez-vous d'ores et déjà nous indiquer un calendrier ?
Deuxièmement, pourquoi le plan de relance ne comporte-t-il pas un volet de soutien à l'industrie de défense ? L'effet sur l'emploi et sur la balance extérieure est vérifié et réel. Nous avons un peu le sentiment d'un rendez-vous manqué. Les investissements prévus par la LPM l'étaient avant la pandémie, il est un peu décevant de les « recycler » aujourd'hui comme une partie du plan de relance.
Enfin, troisièmement, nous attendons les arbitrages sur le porte-avion de nouvelle génération et sur l'avenir du sous-marin nucléaire d'attaque Perle. Quand interviendront-ils ? La commande des Rafale supplémentaires par la Grèce est une bonne nouvelle pour l'Europe de la défense, mais l'industriel peut-il réellement augmenter sa cadence de production pour limiter les impacts sur l'armée de l'air française ?