Nous accueillons Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement, bras armé de la politique française en matière d'aide au développement.
Monsieur le Directeur, le budget 2021 est marqué par une nouvelle hausse des crédits d'aide publique au développement. Cette mission progresse de 20 % à périmètre constant. L'objectif des 0,55 % du Revenu National Brut en 2022 semble pour l'instant tenu, avec un taux de 0,56 % du RNB en 2020. L'APD représente ainsi 50 % du budget du Quai d'Orsay hors personnel : il s'agit d'une somme tout-à-fait considérable.
L'AFD voit ses moyens renforcés grâce principalement à l'augmentation de ses moyens en fonds propres, dons et crédits pour les ONG. Notre commission porte une attention toute particulière à cette politique comme en attestent les différentes orientations et les priorités que nous avons rappelées à plusieurs reprises. Parmi elles, la lutte contre la pauvreté occupe une place importante : nous avons à coeur d'apporter, autant que faire se peut, davantage de stabilité à un certain nombre de pays auxquels l'actualité et l'Histoire nous relient. Que l'on songe un instant aux situations au Sahel et au Mali pour comprendre qu'il y a un lien entre développement et stabilité politique. Nous sommes bien évidemment favorables à ces augmentations mais il s'agit d'une politique qu'il est difficile d'évaluer. Cette dimension interpelle le Parlement qui a notamment pour mission de contrôler la bonne utilisation de l'argent public. Monsieur le Directeur, quel regard portez-vous sur les crédits prévus par le PLF : correspondent-ils aux missions qui vous sont confiées, en particulier à la nécessité d'accroître votre action en matière de santé et d'éducation pour les pays les plus pauvres ?
L'Afrique est la priorité géographique de la France. Jean-Yves Le Drian a annoncé en avril que la France accorderait 1,8 milliard d'euro pour soutenir la lutte contre le COVID-19. Toutefois, un certain nombre d'ONG ont regretté que cette aide prenne la forme de prêts. En effet, nombre de pays africains sont très endettés et risquent de ne pas être en mesure de rembourser. Où en est la mise en oeuvre de ces prêts ? Quels ont été les critères retenus dans leur attribution? Comment prenez-vous en compte ce risque excessif pour certains pays ? Le moratoire d'un an sur la dette décidé au printemps est-il suffisant ? Les pays vont-ils réellement pouvoir faire face à leur obligation de remboursement dès l'année prochaine ?
Monsieur le directeur, pourriez-vous, du point de vue de l'AFD, faire un point sur la situation au Mali ? L'AFD a-t-elle pu poursuivre ses opérations depuis que la junte militaire a pris le pouvoir ? Qu'en est-il des autres partenaires techniques et financiers ?
Par ailleurs, où en est-on de la coopération entre Expertise France et l'AFD au moment où leur fusion entre dans les faits ? Vous avez évoqué de nouvelles offres communes et des synergies entre les deux entités : comment avez-vous pu déployer ces offres communes ? Quels pays et quelles opérations ? Nous cherchons à travers cette question à prendre la mesure de cette intégration et du rôle qu'Expertise France peut mener à vos côtés.
À la demande de la commission des finances du Sénat, la Cour des Comptes a établi des recommandations pour renforcer le pilotage de l'AFD, pilotage que la Cour a jugé insuffisant. Qu'a changé ce rapport dans le fonctionnement de l'Agence ?
Enfin, j'ai une question subsidiaire concernant un projet assez pharaonique de siège social de l'AFD dans le 12ème arrondissement de Paris, avec des innovations technologiques, qui doit porter le nom de votre ouvrage : Réconciliations. Ce projet est-il réellement de mise dans ces temps de rigueur budgétaire ?