Nous faisons les rapports de fin de projets nous-mêmes, mais les évaluations sont toujours externes.
En ce qui concerne 2020, en raison de la crise sanitaire, la rentrée de l'Agence a été perturbée. Nous avons opté dans un premier temps pour le télétravail. Désormais, nous optons pour un mode hybride, mi-présentiel, mi télétravail, mais ce n'est pas simple : au sein de l'Agence, nous enregistrons, comme les autres entreprises, des cas de COVID.
Malgré tout, nous pensons faire une bonne année : nous pensons finir 2020 à 12 milliards ou 13 milliards d'euros d'engagements. Pour rappel, l'an dernier, nous avons atteint 14 milliards d'euros. La baisse de 1 milliard à 2 milliards s'explique d'abord par la difficulté à effectuer des missions sur le terrain. Je précise que, contrairement à nos concurrents, nous avons maintenu tous nos personnels expatriés présents dans les pays. À la difficulté de se rendre sur le terrain, s'ajoute dans un second temps l'augmentation des risques tels que les risques souverains, les dettes des États ou les dettes des entreprises. Les mécanismes de contrôle des risques, pilotés par la Direction Générale du Trésor, nous conduisent parfois à renoncer à certains engagements. Nous en profitons alors pour insister davantage sur les signatures de conventions et surtout sur les décaissements. Grâce à cela, je pense que nous terminerons avec 20 % en plus sur les signatures et sur les décaissements.
Pour l'année 2020, la réponse que nous avons construite pour faire face à la crise s'articule autour de trois temps. D'abord, le programme Santé en commun, qui se monte à 1,15 milliards d'euros. Nous avons déjà décaissé 600 millions pour apporter des liquidités aux pays qui en avaient urgemment besoin. Le programme prévoit 150 millions de dons et 1 milliard de prêt. Nous avons mobilisé tout l'écosystème français de santé mondiale avec des organismes tels que l'Institut Pasteur pour mener à bien ce projet.
Le deuxième temps de la réponse à la crise, nous sommes en train de le construire avec votre soutien : c'est le vote dans le PLFR3 d'une garantie pour l'AFD de 160 millions d'euros, ce qui nous permettra de renforcer notre appui aux PME africaines, qui, si elles font le succès de l'Afrique depuis trente ans, apparaissent aujourd'hui en grand danger d'insolvabilité. Il nous faut sauver nos clients. Nous allons donc nous servir des moyens que vous nous avez donnés pour aller chercher d'autres partenaires internationaux afin de bâtir une coalition de PME africaines. Nous en avons déjà convaincu huit pour un montant total, (nous allons l'annoncer dans les semaines à venir) de 2,5 milliards d'euros et j'espère que nous irons plus loin pour attirer l'attention sur cette problématique très particulière. Nous allons notamment nous servir des 160 millions d'euros pour venir en aide à nos compatriotes qui possèdent des entreprises en Afrique et qui n'ont pas accès aux dispositifs nationaux de Bpifrance. L'objectif sera de répondre à d'éventuels problèmes de trésoreries, en proposant des facilités ou en leur permettant d'avoir, dans le plus grand nombre de pays, un guichet, une banque qui pourra traiter leur demande avec des garanties facilitant le déblocage de ces financements.
La troisième réponse apportée par l'AFD, c'est le financement de l'Afrique. Le Président de la République a annoncé la tenue d'un sommet au mois de mai prochain, qui permettra de faire un bilan de la situation de la dette et des mesures à prendre. Ce sommet sera l'occasion de rappeler qu'une économie ne se résume pas à un gouvernement. Les banques publiques de développement sont souvent oubliées dans l'équation. Ceci nous a conduits à inviter au Forum de Paris sur la paix, du 9 au 12 novembre prochain, toutes les caisses de dépôt du monde, c'est-à-dire l'ensemble des banques qui financent la transformation et le développement dans leurs propres pays. Au total, ces 450 banques représentent 10 % des investissements. Il y en a 95 en Afrique ; nous avons des choses à échanger au vu de l'histoire financière de notre propre pays. Enfin nous continuons à agir dans les zones en crise, au Mali, au Liban et sur les pourtours de la crise syrienne notamment.
La loi de finance 2021 est excellente : elle est conforme aux axes qui avaient été annoncés et va nous permettre d'atteindre nos objectifs. La France tient les engagements que le Président de la République, le Premier Ministre et le gouvernement avaient annoncés. L'AFD voit ses moyens accrus en 2021. La crise nous a obligés à demander un renforcement de nos fonds propres : les sommes que nous mettions en réserve chaque année pour renforcer les fonds propres de l'AFD ne sont plus là.
Nous irons plus loin sur les sujets de développement durable. D'abord, nous devons espérer que dans les mois à venir, l'action multilatérale reparte dans le bon sens. Ensuite, le sommet des banques que nous allons organiser permettra d'aller plus loin. Nous souhaitons être offensifs sur ce point.
L'AFD s'est lancée dans un véritable projet d'entreprise : nous avons achevé la phase de forte croissance et nous entrons dorénavant dans une phase de consolidation et de maîtrise de nos charges. Cela se concrétise notamment par un arrêt de nos recrutements. Nous avons commencé à réformer nos mobilités internationales. Le bâtiment que nous allons acheter est un très bon investissement financier compte-tenu du marché. Il nous permettra de regrouper les différentes entités de l'Agence tout en réduisant ses charges d'exploitations.